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Les bénéfices des transferts d'espèces pour les victimes du typhon aux Philippines

With winds up to 275km/h, buildings were smashed, trees were uprooted and vehicles overturned Jason Gutierrez/IRIN
With winds up to 275km/h, buildings were smashed, trees were uprooted and vehicles overturned
Selon les experts, les transferts d'espèces pourraient jouer un rôle clé dans le rétablissement économique des individus, des petites entreprises et du commerce local et régional aux Philippines après le passage du typhon Haiyan.

« Les transferts d'espèces peuvent rendre dignité et autonomie aux personne qui ont presque tout perdu, tout en redynamisant rapidement les marchés qui ont été dévastés », a dit Carla Lacerda, agente de coordination pour le Cash Learning Partnership (CaLP), un consortium de cinq organisations humanitaires basé en Grande-Bretagne, qui a pour objectif de mieux faire connaître les programmes de transferts monétaires et d’en améliorer la qualité et la rapidité dans les interventions humanitaires et la préparation aux catastrophes.

Un groupe de travail nouvellement créé sur les transferts d'espèces après le typhon Haiyan, composé de 43 organisations non gouvernementales (ONG) internationales, bailleurs de fonds et organisations humanitaires, s'est récemment réuni à Manille, la capitale des Philippines, pour la deuxième fois depuis le passage du cyclone de catégorie 5, qui a touché terre le 8 novembre. Cette réunion avait pour but de discuter du recours éventuel à des distributions d'espèces ou de l'« aide monétisée » dans les opérations de relèvement.

Selon les estimations, environ 3,4 millions de personnes ont été déplacées et le gouvernement fait état de 5 000 morts et de près d'un million d'habitations endommagées.

« Nous ne préférons pas les espèces [à l'aide en nature], mais c'est une façon pour nous d'apporter de l'aide rapidement pour permettre à la population de se remettre sur pied », a dit Mathias Eick, agent d'information régional à Bangkok pour l'office humanitaire de la Communauté européenne (ECHO). L'office, qui participe au groupe de travail, a affecté 9,5 millions de dollars aux efforts de relèvement, dont une partie est destinée à des programmes de transfert d'espèces.

Selon un rapport de suivi de l'aide humanitaire mondiale de 2012, la distribution d'espèces dans le monde – que ce soit par transfert direct ou sous la forme de bons d'achat, assortie ou non de conditions de dépenses et parfois en échange de travail – est passée de 5,6 millions en 2007 à 188,2 millions en 2010.

Cette forte augmentation est en partie due aux catastrophes majeures qui ont eu lieu en 2010, comme le séisme de magnitude 7,0 qui a frappé Haïti au mois de janvier et les inondations au Pakistan six mois plus tard. Mme Lacerda évoque cependant un « changement de mentalité de [la communauté] humanitaire », qui reconnaît la flexibilité et la rapidité que les transferts d'espèces peuvent apporter aux victimes.

À quel moment injecter de l'argent ?

La ville de Tacloban, située sur l'île de Leyte, au centre de l'archipel, est l'une des zones qui ont été les plus durement touchées par le typhon. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires, 138 « barangays » (quartiers) de Tacloban ont subi des dommages considérables.

Dans l'ensemble, le CaLP considère les Philippines comme un bon candidat pour les programmes d'aide en espèces en raison de sa résilience. Cette résilience se mesure par la capacité des vendeurs à se relever rapidement, par les interconnexions entre les marchés qui permettent aux vendeurs de se procurer et de vendre des produits d'origines diverses, par l'existence d'un programme gouvernemental de subventions en espèces assorties de conditions (conditional cash transfer CCT) et par l'habitude des habitants à recevoir des paiements en espèces grâce aux envois de fonds de la diaspora.

Les Nations Unies ont observé en 2013 que les Philippins travaillant à l'étranger envoyaient au total environ 20 milliards de dollars par an à leur famille. Selon la Banque mondiale, en 2011, les envois de fonds représentaient environ dix pour cent du produit intérieur brut.

« Le dynamisme de l'économie des envois de fonds dans le secteur privé signifie que de nombreuses personnes sont déjà habituées à recevoir des transferts d'espèces », a dit Mme Lacerda.

Selon les travailleurs humanitaires, les transferts d'espèces peuvent redynamiser les marchés. « Je suis passé par un marché aux poissons en venant ici. Il y avait beaucoup de poisson en vente, mais les gens ont besoin de ressources pour en acheter », a dit à IRIN Leonard Doyle, responsable de la division des médias numériques de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), dans un entrepôt de distribution alimentaire de Tacloban.

Selon une récente évaluation de l'ONG Oxfam, la plupart des marchés de Tacloban ont été détruits par le typhon, mais plusieurs ont rouvert depuis et les habitants peuvent se rendre dans les villes voisines de Basey et Catbalogan, dans la province de Samar, pour acheter des produits.

Les experts estiment à 2,5 millions le nombre de personnes qui manquent de nourriture. Or, l'aide alimentaire se limite aux produits impérissables. De l'argent en espèces permettrait donc aux familles d'acheter des aliments frais.

Les limites des transferts d'espèces

Selon M. Eick, « les [transferts] d'espèces n'aideront [probablement] pas » les zones rurales autour de Tacloban, où les marchés sont moins accessibles.

Les transferts d'espèces en situation post-urgence comportent des risques tels que des erreurs de ciblage, des problèmes de sécurité pour les bénéficiaires lorsqu'ils retirent leur argent et un effet potentiellement inflationniste sur le marché, a remarqué Lois Austin, coauteur d'un rapport sur les transferts d'espèces en situation d'urgence publié en 2011, qui a souligné que les communautés devraient elles-mêmes décider du type de programmes de transferts d'espèces qui leur convient.

« Les transferts d'espèces sont une manière de donner aux victimes la capacité de choisir si leur priorité est de manger des aliments frais, de reconstruire leur maison ou de remettre sur pied une activité génératrice de revenus », a dit Mme Lacerda.

Chaque ONG devrait choisir avec soin les bénéficiaires de ses transferts d'espèces. En effet, les programmes d'argent contre travail impliquant par exemple de nettoyer les décombres dans les rues de Tacloban pourraient exclure les plus vulnérables en bénéficiant seulement aux personnes ayant les capacités physiques nécessaires pour ce genre d'activités.

Les organisations d'aide humanitaire visent, dans le cadre du groupe de travail sur les transferts d'espèces après le typhon Haiyan, à compléter leurs évaluations des besoins par une étude rapide du marché qui sera réalisée le 8 décembre. Cela devrait permettre de renforcer la coordination des interventions humanitaires et la capacité des organisations à déterminer quels sont les lieux les plus appropriés pour recevoir des espèces ou des bons d'achat, assortis ou non d'aides en nature, dans un tel contexte flexible et d'évolution rapide.

dm/pt/he-ld/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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