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Le Mali attire les fonctionnaires dans le Nord avec des incitations financières

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Le Mali offre des incitations en espèces aux fonctionnaires pour les encourager à retourner dans les régions de Gao, Kidal et Tombouctou, dans le nord du pays, qu’ils avaient fui lors de la prise de pouvoir par les rebelles islamistes et du conflit qui avait suivi le coup d’État de mars 2012.

Environ 300 fonctionnaires peuvent prétendre à cette prime de 500 dollars dont la distribution a commencé le 19 juillet et qui devrait être maintenue pendant trois mois. Les employés reçoivent l’argent lorsqu’ils se présentent à leur poste et qu’ils sont enregistrés. La France, qui a envoyé ses troupes en janvier pour chasser les islamistes, a offert un million de dollars pour soutenir ce programme.

« La guerre est finie et les terroristes [islamistes] ont été chassés. Nos employés doivent désormais reprendre leurs fonctions. C’est pourquoi nous avons décidé de donner 100 000 francs [CFA, soit 200 dollars] à tous les fonctionnaires pour le transport et 150 000 francs [300 dollars] pour leur réinstallation », a dit à IRIN Abdel Karim Konaté, le ministre des Finances malien.

Des rebelles séparatistes touaregs s’étaient emparés de la moitié nord du Mali à la suite du coup d’État. Puis la région était tombée aux mains de combattants islamistes radicaux lors du renversement du gouvernement à Bamako. Des milliers de personnes avaient dû fuir vers d’autres régions ou des pays voisins, jusqu’à ce que la force d’intervention française déployée en janvier déloge les islamistes d’une grande partie du Nord.

Les élections présidentielles — dont le premier tour a eu lieu le 29 juillet et le deuxième tour le 11 août — ont fait naître l’espoir d’un retour à la stabilité après des mois de troubles.

Retour à la normale

Le secteur bancaire, la santé, l’éducation, la police et d’autres services publics ont été bouleversés par le chaos qui a envahi le nord du Mali et de nombreux hauts fonctionnaires et employés ont dû fuir.

Selon un rapport du ministère de la Défense, presque tous les bâtiments publics ont été mis à sac par les rebelles ou endommagés par les bombardements français à Gao et Tombouctou. « Les gouverneurs et les préfets vivent dans des conditions atroces dans ces bâtiments. »

« La décision du gouvernement [d’inciter les fonctionnaires à rentrer] est encourageante et nous avons organisé un convoi de 23 personnes pour rentrer à Gao », a dit Mamadou Soumountera, qui travaille dans une école de formation à Gao, mais qui avait fui dans son village dans la région centrale de Kayes pendant les troubles.

« C’est une bonne initiative, mais je trouve le montant insuffisant. Je n’ai pas pu faire venir toute ma famille avec les 100 000 francs. Je suis revenu tout seul pour préparer leur retour », a dit Ousmane Touré, vétérinaire fonctionnaire rentré récemment à Gao. Il attend encore la prime de réinstallation.

« Cette mesure incitative va encourager mes collègues à revenir travailler, mais au-delà de l’aspect symbolique de cette initiative, nous avons besoin de travailler, car nous sommes techniquement au chômage depuis 18 mois »
« Cette mesure incitative va encourager mes collègues à revenir travailler, mais au-delà de l’aspect symbolique de cette initiative, nous avons besoin de travailler, car nous sommes techniquement au chômage depuis 18 mois », a dit M. Touré.

Selon M. Konaté, le ministre des Finances, cette incitation financière est une preuve de la volonté du gouvernement de favoriser un retour à la normale dans les régions touchées. Environ 120 fonctionnaires ont repris leurs fonctions à Gao depuis le lancement de cette initiative, a-t-il dit.

Pourtant, la présence dans la région de Kidal des Touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), qui réclament l’autonomie du territoire du Nord qu’ils appellent l’Azawad, continue de causer des tensions.

« Kidal est un cas à part en raison des difficultés d’accès et de certaines contraintes concernant la sécurité. Contrairement à Tombouctou ou Gao, où le gouvernement et l’armée se sont déployés peu après [que les islamistes ont été chassés], le gouverneur et certains préfets ne sont retournés dans la région qu’à la veille des élections », a dit M. Konaté.

Relancer l’économie

Les services de santé, d’éducation, de sécurité, ainsi que l’agriculture et l’hébergement ont été rétablis à Gao et Tombouctou. Les banques, les services des impôts et les douanes devraient bientôt rouvrir leurs portes également.

Selon Naminatou Coulibaly, qui travaille dans une école de Tombouctou et n’a pas fui lors de l’occupation islamiste, outre cette incitation financière, le gouvernement devrait envisager de verser une indemnité spéciale aux employés qui travaillent dans le Nord.

« Les conditions de vie ici sont très dures. L’incitation financière pour la réinstallation ne couvre que le loyer et quelques objets. Tout doit être remis en état à partir de rien, car les terroristes n’ont rien laissé derrière eux », a dit Mme Coulibaly.

Le gouvernement prévoit de verser 400 000 dollars aux autorités locales de Gao et Tombouctou pour leur permettre de louer des maisons pour les gouverneurs et d’équiper les bureaux et les logements, a dit M. Konaté.

Moussa Alassane Diallo, directeur d’une association de banques et d’institutions financières, a dit que son association à accepté la réouverture des services bancaires à Gao et Tombouctou le 20 août. Il a expliqué que les troubles avaient entraîné 200 millions de dollars de pertes dans le secteur.

Les systèmes bancaires de Gao et Tombouctou se sont effondrés à la mi-2012, interrompant les échanges commerciaux et les transactions avec le reste du pays.

« Je dois aller à Mopti [dans le centre du Mali], à plus de 500 km d’ici, pour toucher mon salaire à la banque. Une fois payés le transport et quelques autres dépenses, il ne me reste presque rien », a dit Nouhoum Cissé, ingénieur agricole à Gao.

« Avec le retour des fonctionnaires et des autorités régionales, je suis sûr que l’économie et la vie normale reprendront dans le Nord, car pour l’instant les choses avancent très lentement », a dit Baladji Touré, commerçant à Gao.

sd/cr/ob/rz-ld/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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