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« l’armée est entrée chez moi pour tirer sur les rebelles »

Buildings damaged after shelling by forces loyal to Syria's President Bashar al-Assad are seen at Douma near Damascus November 19, 2012 FreedomHouse/Flickr
C’est dans les campagnes que les rebelles syriens ont commencé à gagner du terrain contre les forces gouvernementales en 2011. Mais depuis, la guerre civile syrienne s’est surtout concentrée dans les villes, avec des affrontements sur les routes, dans les quartiers et même sur les balcons des habitations.

Les civils accusent les deux parties en conflit d’occuper et de piller leurs maisons, causant un nombre grandissant de déplacés et de pertes, ce qui aggrave la vulnérabilité de la population.

Moustafa* et sa famille habitent à un endroit stratégique, en haut d’une colline surplombant une ville syrienne où les forces rebelles ont gagné en puissance. À l’automne dernier, ils se sont retrouvés en première ligne lors des attaques de l’armée contre les rebelles.

Lors du déroulement d’opérations militaires dans un quartier, l’armée interdit toute entrée ou sortie de la zone pendant plusieurs jours. Les soldats étaient déjà venus chez eux. Parfois pour demander du pain ou simplement se servir dans le réfrigérateur. Mais cette fois-ci, c’était différent. Moustafa a raconté à IRIN son histoire :

« Il était 7 heures du matin. Quelqu’un a frappé à la porte. Ma fille cadette est allée ouvrir. Elle pensait que ses amis étaient arrivés.

« Elle a ouvert la porte et s’est retrouvée face à environ 50 soldats. L’armée est entrée chez moi pour tirer sur les rebelles depuis la terrasse. Certains sont restés à l’entrée et les autres ont pénétré dans la maison, dans la chambre, la cuisine et sur le balcon.

« Vous ne pouvez pas demander ‘pourquoi ?’ Nous ne pouvions pas partir. Nous devions rester à l’intérieur. Nous nous sommes restés enfermés dans la salle de bain pendant neuf heures. Ils nous ont dit qu’il était dangereux de partir avec toute la famille. Les combats faisaient rage des deux côtés. C’était horrible. On pouvait entendre les coups de feu. C’était juste à côté de nous, juste sous nos yeux. Nous étions dans le couloir et ils étaient sur le balcon en train de tirer.

« Je criais plus fort que les enfants. Ma fille aînée avait accouché une semaine avant. J’ai dit à l’officier, ‘Ma fille a accouché il y a peu. Elle ne va pas bien. Elle doit aller à l’hôpital. Il sera bientôt 16 heures et les routes seront bloquées, nous ne pourrons plus partir’.

« Il a répondu, ‘Vous ne pouvez pas partir’.

« J’ai dit, ‘Que voulez-vous que je fasse ? Voici les clés de la maison. Salam Alaykoum, je prends mes enfants et je m’en vais’.

« Il y avait des postes de contrôle et des chars partout dans le quartier. Nous avons marché sur plus de 200 mètres, entre les maisons et les arbres pour éviter les coups de feu, pour nous rendre sur la route principale [et prendre un transport].

« Je ne suis pas retourné chez moi depuis. Les soldats ont maintenant quitté la maison, mais la plupart du temps, les routes sont bloquées. La façade de la maison est criblée de balles. J’ai appris qu’il manquait certaines choses à l’intérieur.

« C’est dangereux pour mes enfants et moi de rentrer. Les soldats ont tiré sur l’Armée syrienne libre (ASL) depuis chez moi. Si les rebelles croient que l’armée est toujours là, ils pourraient tirer.

« Maintenant je suis furieux contre les deux côtés. On dirait des ânes qui se battent. Pourquoi sont-ils venus dans mon quartier ? J’ai perdu mon quartier. J’ai tout perdu ».

* nom d’emprunt

ha/cb-fc/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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