« Juste avant Noël, le directeur de l’entreprise nous a demandé de terminer notre travail. Nous pensions que c’était la routine, car d’habitude l’entreprise ferme pendant la période des fêtes. Mais cette année, c’était différent, car on nous a versé notre dû … L’entreprise fermait ses portes », a dit à IRIN George Onyango, un employé d’une entreprise sidérurgique de Kisumu.
Quelque 2 000 employés se retrouveront au chômage, si l’entreprise ferme de manière permanente. La direction a indiqué que l’entreprise reprendrait ses activités après les élections de 2013, à condition que la situation reste calme.
M. Onyango, qui sait qu’il risque de perdre son travail, a demandé à sa famille de repartir dans son village natal.
Apparition de gangs
Les biens de Fahad Abdullah, qui dirige une entreprise de construction, ont été pillés et détruits après les élections de 2007. Par crainte de nouvelles violences, il a décidé de suspendre ses activités : ses 1 200 employés se retrouvent aujourd’hui au chômage.
Des responsables de la sécurité ont dit à IRIN que l’apparition de gangs criminels en 2012 – apparemment soutenus par les hommes politiques – a renforcé ces craintes.
« Les gangs ont le soutien des hommes politiques et ils utilisent les tactiques [d’extorsion] et d’intimidation du gang Mungiki [un gang criminel qui sévit principalement dans la Province centrale et à Nairobi] pour instaurer un climat de peur », a dit Joseph Ole Tito, le chef de la police provinciale.
La ville a été l’un des épicentres des violences post-électorales, qui ont fait quelque 1 500 morts et déplacé 500 000 personnes à travers le pays en 2007. Le Premier ministre kényan, Raila Odinga, qui s’est présenté à l’élection présidentielle de 2007 et sera candidat aux prochaines élections, est originaire de Kisumu.
Uhuru Kenyatta et William Ruto, qui s’affronteront lors de la prochaine élection, font partie des personnes accusées d’avoir perpétré des crimes contre l’humanité au cours des violences de 2007-2008 par la Cour pénale internationale (CPI).
Érosion des profits économiques
Joyce Atieno, qui vend des produits alimentaires aux employés de quelques-unes des entreprises qui ont fermé leurs portes, a indiqué qu’elle avait des difficultés à nourrir sa famille. « Mes principaux clients sont employés par les entreprises, mais elles sont désormais fermées. Je n’ai pas de clients. Avant, je gagnais environ 4 dollars par jour. Mais depuis la fermeture de l’entreprise, je ne gagne même pas 2 dollars par jour. Si la situation ne s’améliore pas, je serai forcée de baisser le rideau et de repartir dans mon village », a-t-elle dit.
Des experts ont dit à IRIN que l’apparition de nouvelles violences après les élections – ou la simple crainte de l’apparition de nouvelles violences – pourrait inverser les progrès accomplis dans le domaine économique.
« Nous enregistrons des progrès économiques intéressants dans le pays, mais la crainte de violences électorales et la possibilité de leur réapparition sont réelles, et elles ont un impact négatif sur les progrès économiques réalisés par le pays », a dit Paul Akumu, un économiste de l’université Masinde Muliro.
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« Le Kenya a toujours été vulnérable aux crises liées aux élections, et suite aux violences post-électorales de 2007-2008, une attention accrue sera portée à la conduite des élections de 2013 », a indiqué la Banque mondiale dans un rapport rendu public récemment.
« Si des violences éclatent pendant les élections de 2013, l’image de démocratie en développement du Kenya sera ternie à long terme », a ajouté le rapport.
La police indique qu’elle s’efforce de maintenir l’ordre. « Nous continuerons à sévir contre les gangs. Nous avons arrêté plusieurs membres de gangs, qui ont été traduits en justice », a dit M. Ole Tito de la police.
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