1. Accueil
  2. Middle East and North Africa
  3. Syria

Les Nations Unies attendent l’accord du gouvernement pour leur nouveau plan d’action

Syrians who fled to Jordan wait to register with the Jordan Red Crescent to receive assistance. Many Syrian refugees arrive with very little savings and need food and non-food items, as well as cash to rent apartments Heba Aly/IRIN
Les Nations Unies ont présenté un plan d’action de plusieurs millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires en Syrie, mais elles attendent toujours l’accord du gouvernement pour le mettre en œuvre.

Le 20 avril, le directeur du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), John Ging, a présenté le plan aux gouvernements, aux organisations non gouvernementales (ONG) et aux organisations régionales lors d’une réunion du Forum humanitaire syrien, une plate-forme internationale mise en place pour discuter des préoccupations concernant la situation humanitaire en Syrie.

« La Syrie a reconnu l’existence de besoins humanitaires très importants et la nécessité d’une action urgente », a dit M. Ging. « Nous avons maintenant besoin de l’accord des autorités syriennes pour mettre en œuvre le plan d’action. En attendant, nous mobilisons les ressources nécessaires à son application. »

Le plan, d’un montant de 180 millions de dollars, comprend des dizaines de projets visant à répondre aux besoins d’un million de personnes sur six mois. Ces fonds seront attribués principalement aux besoins alimentaires et aux soins de santé, mais également à la remise en état des services de base et au renforcement des moyens de subsistance. Ces mesures ont pour objectif d’éviter que de nombreux Syriens touchés par la dégradation de l’économie ne basculent dans la pauvreté.

Les manifestations pacifiques contre le président syrien Bachar Al-Assad, en mars 2011, se sont muées en un conflit de plus en plus violent entre l’opposition armée et les forces de sécurité du gouvernement, conduisant à un bilan de plus de 9 000 morts et un nombre encore supérieur de blessés et de détenus, selon Robert Serry, coordinateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient.

Le directeur du Croissant-Rouge arabe syrien (CRAS) a dit à IRIN que le nombre de déplacés pourrait s’élever à 400 000 personnes. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) fait quant à lui état d’un « flux continu » de personnes quittant leur foyer en quête de sécurité. Certaines d’entre elles se seraient réfugiées dans des écoles, des mosquées et des églises.

Le plan d’action fait suite à une évaluation de neuf jours menée en mars par le gouvernement dans les zones touchées par le conflit. Le gouvernement a rejeté les chiffres présentés par les Nations Unies et qui estiment à un million le nombre de personnes dans le besoin en Syrie.

« Il n’y a pas de crise en Syrie. Ce n’est pas la Somalie », a dit aux journalistes l’ambassadeur syrien auprès des Nations Unies à Genève, Faysal Khabbaz Hamoui, après la réunion du Forum humanitaire syrien du 20 avril, d’après Reuters. Les médias contrôlés par l’État ont souvent dit qu’il n’y avait pas de problème en Syrie, si ce n’est les « terroristes » qu’ils tiennent pour responsables des violences.

Ces derniers jours, toutefois, le gouvernement s’est montré de plus en plus disposé à reconnaître les besoins humanitaires du pays. M. Al-Assad et sa femme sont ainsi apparus à la télévision nationale en train d’emballer des colis alimentaires avant leur distribution.

Le gouvernement exige cependant que l’aide humanitaire soit gérée par l’État.

Croissant-Rouge arabe syrien (CRAS)

« Un certain nombre de choses préoccupent le gouvernement », a dit Valérie Amos, Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires, lors d’une interview accordée à IRIN le 5 avril. « Ils tiennent à ce que toute l’aide passe par le Croissant-Rouge arabe syrien. Les capacités [du CRAS] sont déjà exploitées au maximum et il a besoin de soutien. Il est donc indispensable d’obtenir des secours supplémentaires, mais également de renforcer les capacités sur le terrain. »

Le CRAS a tenté de dissiper les doutes de certains bailleurs de fonds concernant son impartialité. Des organisations humanitaires internationales ont par ailleurs applaudi le travail « remarquable » du CRAS dans des circonstances extrêmement difficiles, mais elles ont vivement recommandé que d’autres organismes soient autorisés à participer à l’aide humanitaire dans le pays.

Avant le conflit, d’autres organisations humanitaires intervenaient en Syrie, mais elles étaient essentiellement limitées à un rôle d’aide aux réfugiés irakiens et à d’autres projets de développement sans rapport avec la situation actuelle.

« Nous avons soumis quelques propositions très claires », a dit Mme Amos. « Le gouvernement nous a répondu. Il a dit qu’il voulait que le Croissant-Rouge arabe syrien dirige [les opérations]. Nous acceptons volontiers que le Croissant-Rouge arabe syrien prenne les commandes, mais nous avons besoin de capacités supplémentaires sur le terrain. »

Le plan d’action a été rendu public avant la fin des négociations avec le gouvernement. Les Nations Unies ont en effet affirmé qu’elles voulaient informer les bailleurs de fonds afin qu’il n’y ait aucun délai entre l’accord du gouvernement et la mise en œuvre du plan.

Selon les observateurs, révéler ce plan d’action sans l’aval du gouvernement était un pari audacieux. Cela pourrait pousser Damas à agir plus rapidement pour garantir l’accès de l’aide humanitaire, mais cela pourrait également avoir un effet boomerang et mettre le gouvernement sur la défensive.

Quoi qu’il en soit, les Nations Unies sont bien conscientes que la réussite du plan d’action dépend de l’assentiment du gouvernement et notamment de sa volonté de délivrer rapidement des visas aux travailleurs humanitaires, de dédouaner les marchandises et d’autoriser les Nations Unies à établir des bureaux sur le terrain.

Khaled Erksoussi, responsable des opérations du CRAS, a dit à IRIN que le Croissant-Rouge s’était déjà entretenu avec des organismes des Nations Unies comme le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM) afin de coordonner la mise en œuvre du plan d’action. Il a cependant ajouté qu’il ne savait pas si le gouvernement avait donné son accord.

Fin mars, le HCR a lancé de son côté un appel de fonds de 84 millions de dollars pour répondre aux besoins des réfugiés syriens en Turquie, au Liban et en Jordanie, mais n’en avait reçu que 20 pour cent à la fin mars.

ha/cb-gd/og


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join