« Au cours des trois derniers jours, plus de 100 familles sont arrivées dans le camp [d’al-Mazraq] chaque jour – soit plus de 300 familles [2 100 personnes] au total », a dit à IRIN, le 10 novembre, Mai Barazi, responsable d’équipe de l’UNHCR.
Le camp, situé à environ 40 minutes de route de Haradh, dans la province de Hajjah dans le nord-ouest, accueille actuellement environ 8 700 personnes déplacées. « Quelque 11 000 autres déplacés sont hébergés chez des familles et des communautés d’accueil dans cette partie du Yémen », a dit à IRIN, le 11 novembre, Marie Marullaz, responsable adjointe des relations publiques de l’UNHCR à Sanaa.
« Certains sont venus d’Arabie saoudite, où ils avaient fui pour échapper aux conflits dans la région de Malahaid [à l’ouest de Saada] », a dit Mme Barazi.
« Proportionnellement, les personnes âgées, les mères célibataires et les enfants sont relativement nombreux parmi les nouveaux arrivants. La plupart viennent de la région de Khuba, où ils avaient trouvé refuge pour fuir les affrontements dans le gouvernorat de Saada [entre le gouvernement et les rebelles al-Houthi]. C’est donc leur deuxième ou troisième déplacement », a dit Mme Marullaz.
Ahmed Makhdari et Ahmed Jabar, des cousins arrivés dans le camp la semaine dernière, ont dit qu’ils avaient fui des combats dans la région de Malahaid il y a un mois. « Nous avons fui vers l’Arabie saoudite, mais ils nous ont renvoyés au Yémen et nous sommes venus ici », a dit M. Makhdari.
« Bon nombre de ces déplacés rapportent que les autorités saoudiennes ont procédé à des expulsions incessantes au cours des derniers jours… Ils affirment avoir été expulsés sans pouvoir rien emporter de leurs affaires personnelles, même pas leurs papiers d’identité, ce qui risque aujourd’hui de retarder leur enregistrement. En parallèle, l’UNHCR travaille avec les autorités locales pour garantir que tous les nouveaux arrivants qui sont des déplacés légitimes puissent être enregistrés », a dit Mme Marullaz.
« Le camp est saturé »
D’après les chiffres les plus récents de l’UNHCR, les arrivées ont connu une forte augmentation la semaine dernière, quand 10-20 familles en moyenne (soit 70-140 personnes) arrivaient chaque jour à al-Mazraq.
Photo: Alimbek Tashtankulov/IRIN |
Ahmed Makhdari, dans la tente où sont hébergés 15 membres de sa famille élargie |
De nouveaux déplacés continuant à arriver, les problèmes de congestion se font sentir de plus en plus durement, disent les travailleurs humanitaires. « Nous sommes 15 personnes sous la même tente, et nous avons très peu de place », a dit M. Makhdari.
Pour Mme Barazi, il est très important de construire un deuxième camp de déplacés dans la région dès que possible.
« Al-Mazraq 2, qui est en construction, pourra accueillir des déplacés dans environ un mois. Le gouvernement a accepté l’offre du Croissant-Rouge des Emirats Arabes Unis, qui a proposé de prendre entièrement en charge la responsabilité de la construction et de la gestion du camp d’Al-Mazraq 2 », a dit Mme Marullaz.
Couloir humanitaire en Arabie saoudite
L’UNHCR a lancé une opération transfrontalière en octobre, consistant à passer par l’Arabie saoudite pour répondre aux besoins des déplacés bloqués dans la ville de Saada et ses environs. On ne sait pas encore avec certitude si la voie d’accès saoudienne reste ouverte malgré les incursions des rebelles al-Houthi dans le territoire saoudien, bien qu’Andrej Mahecic ait dit le 6 novembre, lors d’un compte-rendu d’actualités à Genève, que l’UNHCR espérait qu’un convoi humanitaire transportant du matériel d’abri pourrait être acheminé dans le nord du Yémen, via l’Arabie saoudite, « au cours des prochains jours ».
Le 10 novembre, le bureau de l’UNHCR à Riyadh a été informé par les autorités saoudiennes que la situation était stable au niveau du point de passage de la frontière avec le Yémen, dans les montagnes, ce qui permet à l’UNHCR de poursuivre ses activités transfrontalières, a dit Mme Marullaz.
« Nous espérons que les autorités saoudiennes nous accorderont les habilitations de sécurité nécessaires pour pouvoir acheminer le prochain convoi humanitaire dans les jours à venir », a-t-elle ajouté.
Depuis 2004, des affrontements sporadiques entre les rebelles al-Houthi et le gouvernement yéménite, qui se sont intensifiés en août 2009, ont forcé quelque 175 000 déplacés à fuir leurs foyers, d’après l’UNHCR. Suite à un accrochage à la frontière, qui a tué au moins un soldat saoudien, les forces saoudiennes ont riposté, le 5 novembre, par des frappes aériennes qui auraient touché des bases du groupe rebelle chiite.
Les insurgés al-Houthi se plaignent d’avoir été marginalisés par le gouvernement sur le plan politique, économique et religieux, et demandent le rétablissement du statut d’autonomie dont ils bénéficiaient avant 1962.
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