« En périodes d’accalmie prolongées, les organisations humanitaires nationales et internationales ne pouvaient pas se rendre dans la plupart des régions de Saada. Au début de l’année 2008, le gouvernement a refusé la permission aux organisations de mener des missions d’évaluation dans certaines zones où se trouveraient un grand nombre de civils dans le besoin », pouvait-on lire dans le rapport.
Celui-ci, intitulé Invisible Civilians: The Challenge of Humanitarian Access in Yemen's Forgotten War [Des civils invisibles : le défi de l’accès humanitaire au beau milieu d’une guerre oubliée, au Yémen], a été publié le 19 novembre.
L’imposition d’un déni d’information et la répression de la couverture médiatique [du conflit] ont permis de dissimuler le sort des populations civiles aux yeux du monde, selon le rapport. Plusieurs centaines de personnes ont été tuées et des milliers de personnes ont été déplacées en quatre années de conflit entre un groupe de combattants chiites sous les ordres d’Abdul-Malik al-Houthi et les forces du gouvernement, dans le gouvernorat de Saada. La fin de la guerre a été officiellement déclarée le 17 juillet 2008.
« Sanction collective illégale »
Le gouvernement a interdit l’acheminement des biens commerciaux depuis la reprise des affrontements, en mai 2008, une décision qui, selon le rapport, semble constituer une « sanction collective illégale ». Les rebelles n’ont pas non plus contribué à faciliter l’accès des organisations humanitaires aux régions sous leur autorité, pouvait-on néanmoins lire dans le rapport.
Joe Stork, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a critiqué la politique yéménite de restriction de l’aide dans la région troublée, expliquant qu’elle semblait viser principalement à empêcher les observateurs internationaux et indépendants de mieux comprendre les conséquences des affrontements et les problèmes humanitaires qui en résultaient.
« Des milliers de civils sont dans le besoin, et pourtant le gouvernement continue de les priver d’aide. C’est contraire au droit international et à la décence la plus élémentaire », a-t-il estimé, ajoutant que son équipe n’avait pas été autorisée à se rendre à Saada pour préparer le rapport.
Photo: Muhammed al-Jabri/IRIN |
Joe Stork [gauche] et Gerry Simpson s’expriment lors d’une conférence de presse sur l’accès limité au gouvernorat de Saada |
Des pronostics peu encourageants
Gerry Simpson, l’auteur du rapport, a expliqué qu’un petit nombre d’organisations humanitaires s’étaient vu accorder un accès limité à Saada au début du mois de septembre. Il leur fallait obtenir une permission à l’aller et au retour pour chaque déplacement à Saada.
« Le gouvernement a annoncé que toutes les organisations humanitaires étaient libres de se rendre à Saada. Mais la réalité est tout autre », a-t-il déclaré, ajoutant que les Nations Unies avaient exprimé une frustration croissante à l’égard de cette politique.
HRW fera pression auprès de l’Union européenne et des Etats-Unis pour contraindre le gouvernement yéménite à modifier sa politique, a-t-il annoncé. M. Simpson a également expliqué que de nouveaux affrontements entre les forces du gouvernement et les rebelles étaient à prévoir à Saada.
« Toutes les personnes auxquelles nous avons parlé à Sanaa ont déclaré qu’elles craignaient qu’il n’y ait tôt ou tard un sixième volet de la guerre. Les bailleurs nous ont dit qu’ils estimaient que Saada était en situation de conflit ; ils ne sont pas prêts à accorder des fonds au gouvernement pour financer des opérations de reconstruction », a-t-il noté.
En attendant, le bureau d’information d’Abdul-Malik al-Houthi a fait savoir le 19 novembre que les forces du gouvernement avaient procédé à un vaste déploiement de chars, de lance-roquettes et de véhicules militaires près du gouvernorat de Saada.
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