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Sauver « l’Amazone des mers »

Dans la région indopacifique, un triangle d’une superficie de 5,7 millions de kilomètres carrés concentre plus d’un tiers de toutes les espèces de coraux connues sur terre, plus de la moitié des récifs de corail du monde, plus de 3 000 espèces de poissons, plus de mangroves que toute autre région du monde, et sert de frayère à la plus grande pêcherie de thons de la planète.

Cette région, qui porte le nom de Triangle de corail, a été surnommée « l’Amazone des mers ».

Partagée par six pays (les Philippines, la Malaisie [Sabah et Sarawak], l’Indonésie [centrale et orientale], le Timor-Leste, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, et les îles Salomon), elle est l’épicentre de l’abondance et de la diversité des espèces marines de la planète.

Toutefois, comme la plupart des ressources naturelles du monde, elle est aujourd’hui gravement menacée. L’évolution du climat, la surexploitation des ressources halieutiques et la pollution menacent le Triangle de corail.

À l’heure actuelle, la biomasse de certaines des principales espèces de poissons commerciales a déjà été réduite d’environ 90 pour cent par rapport à ce qu’elle était il y a 40 ans, selon l’Initiative pour le Triangle de corail (CTI), lancée par le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono en août 2007, et près de 90 pour cent des récifs de corail de la région seraient « menacés » de destruction.


Photo: Brandon Cole/WWF
Un banc de fées lorettes au-dessus d’un récif de corail, dans l’océan Indopacifique
« Rien qu’en Indonésie, seuls six pour cent des récifs de corail sont encore en très bon état », a indiqué Eko Rudianto, coordinateur général de la CTI.

Au-delà de la postérité

Il ne s’agit pas uniquement de sauver « l’Amazone des mers » pour la postérité.

Selon la CTI, en effet, environ 120 millions d’habitants de la région dépendent au quotidien des ressources marines du Triangle de corail, notamment les personnes qui travaillent dans le secteur de la pêche au thon, une industrie qui pèse plusieurs milliards de dollars, et dans le secteur du tourisme.

Des millions d’autres bénéficient également des ressources de cette région. Par exemple, a expliqué Eko Rudianto à IRIN, le thon produit dans le Triangle de corail migre finalement avant d’être pêché par les pêcheurs des pays voisins.

Le World Resources Institute situe la valeur annuelle totale des habitats côtiers du Triangle de corail à 2,3 milliards de dollars.

« Nous devons arrêter ce cycle de destruction », a estimé Eko Rudianto. « Ce qu’il nous faut, c’est une meilleure gestion ».

Une approche régionale

Le Triangle de corail et les dangers qui le menacent étant régionaux par nature, il convient d’adopter une approche régionale.

Un certain nombre d’initiatives semblables existent déjà entre deux pays de la région ou plus, mais selon Eko Rudianto, la CTI est plus globale, en termes de couverture et d’approche, c’est pourquoi il est plus facile de lui assurer un soutien.

En décembre 2007, quatre mois après la proposition de lancement de la CTI, des hauts représentants des six pays se sont réunis à Bali pour engager le processus de définition du plan d’action, dont la version finale sera présentée à l’occasion d’une deuxième rencontre, à Manille, dans le courant de cette année.

Le Plan d’action officiel de la CTI devrait être officiellement adopté au cours de la Conférence mondiale sur les océans, qui aura lieu à Manado, sur l’île de Sulawesi, en mai 2009.

« Nous avons été surpris par le soutien [apporté à l’initiative] », a-t-il ajouté. L’initiative est soutenue par diverses institutions, dont l’USAID, qui s’est engagée à verser 4,35 millions de dollars, et le Fonds pour l’environnement mondial (GEF) via la Banque asiatique de développement (BAD), qui a accordé 63 millions de dollars à l’initiative, ainsi que par des organisations non-gouvernementales (ONG) internationales comme le World Wildlife Fund (WWF) et The Nature Conservancy.

Selon la BAD, la contribution du GEF devrait de surcroît entraîner l’octroi d’au moins 425 millions de dollars de co-financement en faveur de la CTI.

Pauvreté

Le plan d’action est encore en phase d’élaboration, mais Eko Rudianto a déclaré à IRIN que la lutte contre la pauvreté, qui entraîne la surexploitation des ressources marines et le recours à des pratiques de pêche destructrices, en serait l’un des principaux objectifs.

« Si nous voulons protéger les récifs de corail et réhabiliter les pêcheries, ce ne sera pas en plantant d’autres coraux, mais en éduquant les gens et en faisant évoluer les mentalités », a-t-il estimé.

Dans cette optique, la délimitation de zones marines protégées de 20 à 80 hectares chacune à l’échelle des villages est une stratégie qui s’est avérée efficace. « C’est plus viable parce que les gens ont un sentiment d’appropriation », a-t-il indiqué.

La deuxième étape consistera à assurer aux populations de ces zones des sources de revenus alternatives.

Avec plusieurs millions de kilomètres de littoral, la tâche sera herculéenne. Mais la CTI a bon espoir de pouvoir sauver le Triangle de corail, en s’assurant la coopération suffisante des pays concernés, et grâce au soutien des organisations internationales.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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