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Un train de mesures face à l’épidémie de choléra

Pour faire face à une nouvelle épidémie de choléra, Hanoi, capitale du Vietnam, ferme les restaurants de viande de chien et les gargotes de rue insalubres, mais n’en fait pas assez pour résoudre le problème posé par son système d’assainissement délabré, une des principales sources de la maladie, selon les autorités sanitaires.

« Les vidanges des fosses septiques se déversent dans les lacs », a confié à IRIN Nguyen Huy Nga, directeur du service de médicine préventive du ministère de la Santé. « Lorsque les gens utilisent l’eau des lacs à diverses fins, notamment pour laver des aliments, ils contribuent à propager la maladie ».

Les égouts d’Hanoi remontent à la période coloniale française, lorsque la ville était relativement petite. Actuellement, elle compte plus de trois millions d’habitants, mais les infrastructures d’assainissement n’ont pratiquement pas changé depuis la fin des années 1800.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 2 490 cas de diarrhée aiguë ont été recensés au Vietnam entre le 5 mars et le 22 avril. Et au total, la présence du vibrion cholérique a été détectée chez 377 personnes, la plupart d’entre elles vivant à Hanoi.

Le choléra est une infection intestinale qui se transmet par la consommation d’eau ou d’aliments souillés. Elle peut donner lieu à une déshydratation ou à une insuffisance rénale qui, si elle n’est pas traitée, peut entraîner la mort. Jusqu’à présent, aucun décès n’a été déploré.

En réaction à la récente épidémie, la troisième depuis le mois d’octobre, les services sanitaires d’Hanoi ont fermé plusieurs dizaines de boucheries et de restaurants de viande de chien. Parce que les chiens ne sont pas élevés pour la consommation, leur chair est souvent contaminée.

En outre, la population a été invitée à ne pas consommer la nourriture vendue dans les gargotes de rue, et l’utilisation d’excréments comme fertilisants a été interdite.

À plusieurs reprises, les autorités sanitaires ont prévenu la population de ne pas laver les fruits et les légumes dans les lacs et les étangs, très pollués.


Photo: Martha Ann Overland/IRIN
Morceaux de canne à sucre à vendre dans les rues de Hanoi
Mais les responsables de la santé publique d’Hanoï reconnaissent qu’ils ne peuvent pas faire plus.

« Il y a plus de 260 missions d’inspection déployées chaque jour à tous les niveaux dans la ville », a affirmé, frustré, Le Anh Tuan, le directeur des services de santé d’Hanoi. « Nous avons fermé les restaurants de viande de chien qui ne respectaient pas la réglementation en matière de sécurité et d’hygiène alimentaires ».

« Nous essayons de sensibiliser toute la population, notamment les propriétaires de restaurants et les clients, afin qu’ils soient informés des questions de sécurité et d’hygiène alimentaires. [Mais] nous ne pouvons rien faire si les clients ignorent les principes élémentaires de la sécurité alimentaire », a-t-il ajouté.

Traitement des lacs

Selon M. Tuan, les 30 lacs d’Hanoi dans lesquels la présence de la bactérie du choléra a été détectée sont actuellement en cours de traitement. Plus d’une tonne de chlore a été déversée dans le lac Linh Quang après que six personnes vivant à proximité eurent contracté la maladie.

Toutefois, le vrai problème réside en ce que le système d’évacuation des eaux usées date du 19e siècle, a indiqué Ngo Trung Hai, directeur adjoint de l’Institut de planifications urbaine et rurale du ministère de la Construction. Les eaux de pluie se mélangent aux eaux d’égout non traitées, ce qui ne fait qu’aggraver le problème.

« La ville d’Hanoi n’a pas d’usine de traitement des eaux usées », a affirmé M. Hai. « C’est insensé. Les eaux usées se déversent dans les lacs sans être traitées. Il est donc facile de comprendre pourquoi les lacs sont contaminés par le choléra, puisque ces eaux s’y déversent ».

« La bonne nouvelle, en revanche, c’est qu’une usine de traitement des eaux usées est en cours de construction », a indiqué M. Hai. Elle permettra de traiter 200 000 à 300 000 mètres cubes d’eaux usées par jour. Mais les maisons d’Hanoi doivent encore être raccordées à un système d’égout urbain, ce qui représente un projet à long terme.


Photo: Martha Ann Overland/IRIN
Les légumes 'lavés' dans les eaux polluées des lacs
Entre-temps, l’OMS et les responsables locaux de la santé publique redoublent d’efforts pour mettre en garde la population contre les dangers liés à la consommation de légumes crus et d’eau polluée, ainsi qu’à la fréquentation de gargotes insalubres. Ils ont également prévenu que le nombre d’infections pourrait augmenter avec le réchauffement de la température.

Au Vietnam, les médias d’Etat sont également mis à contribution dans le cadre de cette campagne de sensibilisation et utilisent le terme « choléra » plutôt que « diarrhée aiguë » pour que, comme l’espèrent les autorités sanitaires, la population prenne la menace plus au sérieux.

Et certaines personnes semblent avoir compris le message. Bon nombre d’entre elles disent faire plus attention aux systèmes d’assainissement et se laver les mains avant les repas. Mais rien ne porte véritablement à croire que les gens aient réellement changé leur façon de se nourrir.

« Manger dans la rue et dans les gargotes de rue est malsain et ternit l’image de la ville », a affirmé Pham Tien Quan, une jeune femme de 21 ans. Ce qui ne l’empêche pas d’acheter un jus de canne à sucre, un mélange potentiel pour le choléra, à un vendeur local d’Hanoi.

mao/bj/mw/ads/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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