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Le putsch salué par la population et la classe politique

Les nouveaux hommes forts de Guinée-Bissau ont rencontré lundi, les politiciens, les représentants de la société civile et les chefs religieux, qui ont félicité, pour la plupart, le Général putschiste Verissimo Correia Seabra, pour avoir renverser le régime civil chaotique de l’ex-Président Kumba Yala.

Carlos Gomes, le leader du Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée-Bissau et le Cap-Vert (PAIGC), qui a dirigé ce petit pays ouest-africain jusqu’en 1999, a déclaré que l’armée avait sauvé la démocratie.

Francisco Fadul, chef intérimaire du gouvernement qui a gouverné la Guinée-Bissau pendant la période des échéances électorales de 2000 ayant porté M. Kumba Yala au pouvoir, a également accueilli sa chute avec satisfaction. Il a affirmé que l’armée avait sauvé le pays de la dictature.

Fernando Gomes, du Mouvement Bafata – Résistance de la Guinée-Bissau, un ancien allié de M. Yala, a regretté que le coup d’état remette en question l’ordre constitutionnel et a rappelé l’importance de l’organisation de prochaines élections.

Dans les rues de la capitale Bissau, la population a accueilli le coup d’état, opéré sans effusion de sang, avec soulagement, après 3 années de remaniements ministériels incessants et de grèves à répétition des fonctionnaires réclamant leurs arriérés de salaires.

Les nouvelles autorités ont levé un couvre-feu imposé 24 heures auparavant, allant de l’aube au crépuscule, ainsi que l’interdiction temporaire de déplacement des véhicules et des personnes. Les magasins et marchés ont repris leurs activités et les autorités ont réouvert l’aéroport et la frontière avec le Sénégal et la Guinée-Conakry.

La réunion entre les commandants de l’armée, les leaders politiques et la société civile, qui duré 6 heures, a porté sur la formation d’un gouvernement de transition, pour conduire cette ancienne colonie portugaise à de nouvelles élections l’année prochaine. Toutefois aucune nomination ministérielle n’a été annoncée.

La nouvelle administration sera sous tutelle d’un comité consultatif de large ouverture qui sera appelé Conseil de Transition National.

La rencontre a pris fin par une résolution commune de soutenir fermement le coup d’état de dimanche. La résolution a professé également que le renversement de M. Yala par l’armée avait sauvé la Guinée-Bissau du spectre de la guerre civile. Elle a accueilli avec satisfaction l’intérêt des putschistes pour l’organisation de nouvelles élections, et a appelé la communauté internationale à reconnaître formellement les 32 membres du Comité pour la Restauration de l’Ordre Constitutionnel et Démocratique (CMROCD) au pouvoir actuellement.

Le Général Correia Seabra a précisé qu’il assurait uniquement l’intérim et a promis de céder le pouvoir à « un civil crédible.» Il a refusé de donner la date probable des élections, mais les participants à la réunion ont révélé qu’elles ne seraient pas possibles avant la fin de l’année.

L’armée est intervenue 48 heures après que la Commission Electoral Nationale a rapporté que la liste électorale ne se serait pas prête à temps pour conduire des élections parlementaires libres et transparentes le 12 octobre. Les échéances avaient déjà été reportées à 4 reprises

Bien qu’il n’y ait eu aucune manifestation publique de soutien au coup d’état, l’intervention militaire a été favorablement accueillie dans ce pays très pauvre de 1,3 millions d’habitants.

Les citoyens ordinaires, discutant dans les bus et taxis, ont avancé que le putsch aurait dû arriver depuis longtemps. Ils sont fermement convaincus que M. Kumba Yala et le Premier Ministre destitué étaient en grande partie responsables de la situation économique difficile du pays. La plupart des fonctionnaires de l’Etat n’avaient pas été payés depuis plus de 9 mois.

La principale organisation syndicale, L’Union Nationale des Travailleurs Guinéens (UNTG) a suspendu une grève générale lancée pour protester contre les dérives du régime Yala, et a pressé tout le monde de reprendre le travail quotidien.

MM. Yala et Pires ont tous les deux reçu la permission de regagner leur domicile lundi matin, mais ont été placés en résidence surveillée.

Bien que le coup d’état ait été dans son ensemble qualifié de bienvenu, dans le pays, il continue d’attirer la réprobation de la communauté internationale.

Le Secrétaire-Général de l’ONU, Kofi Annan, a condamné le putsch et a appelé « toutes les parties concernées à ne pas poser d’actes de violence ou de vengeance. »

L’Afrique du Sud a réagi par la « condamnation sans équivoque » de la prise de pouvoir des militaires, emboîtant le pas au Nigeria, à l’Angola, au Mozambique, à Sao tome et l’Union Africaine, qui ont fermement condamné le coup d’état du Général Correia Seabra.

Cependant il n’y a eu aucune concertation manifeste pour réinstaller M. Kumba Yala, comme celle qui forcé les putschistes de l’île de Sao Tome et Principe à abdiquer en juillet et à permettre au président élu, Fradique de Menezes, de revenir au pouvoir une semaine après le renversement de régime.

Même les organisations qui se seraient normalement opposées à cette intervention militaire, ont exprimé peu de compassion suite au départ du gouvernement civil.

L’organisation des droits de l’Homme RADDHO, au Sénégal voisin, a décrit M. Yala comme un « chef d’Etat ethnocentrique qui n’a absolument rien fait pour éviter ce qui lui arrive.»

M. Yala avait été largement accusé de favoriser les membres de son groupe ethnique, et de discrimination envers les musulmans qui représentent presque la moitié de la population.

Les gouvernements étrangers ont déjà entrepris des contacts avec la junte militaire en Guinée-Bissau.

La Communauté Economique de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a déployé 650 soldats de la Guinée-Bissau membres de la force de la paix au Liberia, devait envoyer une délégation de ministres à Bissau, tard dans la journée de lundi.

Au cours d’une rencontre à Lisbonne lundi, les ambassadeurs membres de la Communauté des Pays Lusophones (CPLP), se sont élevés contre le putsch et ont appelé au rétablissement de l’ordre. Toutefois, ils ont également prié que la rencontre entre soldats et civils en Bissau « aboutisse par le dialogue à des solutions répondant aux problèmes du pays. »


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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