1. Accueil
  2. West Africa
  3. Côte d’Ivoire

La protection devient une question centrale - McAskie

La protection des réfugiés, des personnes déplacées et des civils ivoiriens en général est devenue une question centrale dans la crise en Côte d'Ivoire, a déclaré vendredi l'Envoyée humanitaire de l'ONU pour la crise en Côte d'Ivoire, Carolyn McAskie.

"Le besoin majeur est d'avoir un accueil et des conditions de vie meilleurs pour les déplacés ", a indiqué Mme McAskie à IRIN vendredi après une journée de visite à Man et Guiglo, des villes de l'ouest. Elle était accompagnée du Coordonateur humanitaire de l'ONU au Liberia, Marc Destanne de Bernis, et de représentants d'autres agences des Nations Unies.

Pratiquement rien, a-t-elle déclaré, n'a été fait pour les personnes déplacées, notamment pour les réfugiés et les ressortissants étrangers qui vivaient dans le pays, pour garantir leur sécurité et leur bien-être. La protection, a-t-elle insisté, est aussi devenue un motif d'inquiétude dans toute la région de l'Afrique de l'Ouest.

Gouvernement

De l'avis de Mme McAskie, le gouvernement ivoirien dispose à la fois des structures administratives et des infrastructures pouvant aider à l'amélioration des conditions de ces groupes vulnérables. " Ces personnes ne sont pas seulement forcées de partager des espaces très limités mais également de faire leur nourriture dans des environnements plutôt non hygiéniques, de dormir sur du dur avec quasiment rien pour se couvrir, la plupart de leurs besoins de base ne sont pas couverts, notamment l'habillement, et les enfants ne vont pas à l'école ", a-t-elle constaté.

Notant que lors d'un appel récent, les agences humanitaires avaient mis l'accent sur les secteurs prioritaires tels que l'alimentation, la protection et l'éducation, l'Envoyée a indiqué que l'éducation était une partie importante de la protection car elle garantirait le maintien des enfants à l'école, ce qui donnerait aux familles une sensation d'existence normale.

"Les écoles fournissent aussi une structure à travers laquelle les agences humanitaires apportent une assistance, comme les programmes alimentaires scolaires et de nutrition auxquels les communautés participent ", a-t-elle ajouté.

Elle a invité les politiciens à " en venir au fait ", et à commencer à remédier aux souffrances des civils affectés par la crise qui a pris une dimension régionale.

Déçue

Mme McAskie, qui a rencontré les porte-paroles du Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire
(MPCI), du Mouvement Populaire Ivoirien du Grand Ouest (MPIGO) et du Mouvement pour la Justice (MJP), a exprimé son désappointement face à " l'intansigence [des rebelles] et à l'attitude pure et dure contre le gouvernement ".

Elle a cependant été autant choquée par les informations faisant état d'attaques par les forces loyalistes et a exhorté à la cessation des attaques. " Les attaques ne sont pas acceptables d'autant que la recherche de la paix continue. Mais somme toute, il faut faire quelque chose car aucun côté n'est moins coupable que l'autre ".

L'Envoyée a exprimée sa profonde inquiétude concernant les victimes civiles résultant des combats et des attaques par hélicoptère. Elle aussi déploré l'attaque et le pillage du Centre de lutte contre l'ulcère de Burulli à Zouan-Hounien, à proximité de la frontières ivoirienne avec le Liberia. "Une manière aussi aveugle de prendre pour cible les civils et les installations médicales est tout à fait inadmissible ", a-t-elle souligné. D'après Médecins sans frontières et Médecins du Monde, au moins 50 civils qui se sont présentées comme des victimes des attaques du 15 avril, ont été soignés à l'hôpital Man. Huit d'entre eux sont morts.

Accès

Depuis sa dernière visite en Côte d'Ivoire et dans les pays voisins en janvier dernier, Mme McAskie a relevé que l'accès des agences humanitaires s'était étendu à des zones inaccessibles alors. Le Programme alimentaire mondial opère actuellement à partir d'un bureau inter-agences à Man, et a commencé une évaluation des besoins humanitaires. Il a lancé des opérations d'alimentation d'urgence pour les déplacés et pour d'autres groupes guettés par une insécurité alimentaire et des groupes vulnérables affectés par la crise, notamment un programme alimentaire scolaire. L'UNICEF est également actif dans la région. Mme McAskie a néanmoins noté: "Il existe encore certaines zones d'où parviennent des informations faisant état d'émeutes de jeunes et de pillage, rendant ces endroits inaccessibles ".

Déplacement

Du fait des récentes attaques dans des zones près de milliers de personnes certains Ivoiriens et de nombreux citoyens étrangers qui vivaient dans le pays et travaillaient dans des plantations sont déplacés dans la région. Beaucoup seraient hébergés par des communautés d'accueil ou se cacheraient dans les bois. Les autorités locales et des ONG ont indiqué qu'il y avait encore un flux constant de personnes fuyant les combats sporadiques et l'insécurité dans la région. La majorité des habitants des centres de transit auxquels la délégation a rendu visite à Guiglo et à Man était issue du Burkina Faso. Des ressortissants d'autres pays, en particulier des Maliens et des Guinéens, s'y trouvaient également.

Réfugiés libériens

La situation des réfugiés libériens demeure un motif d'inquiétude pour les agences humanitaires. Les représentants des réfugiés vivant dans le camp Nicla, à Guiglo, ont présenté des déclarations à l'Envoyée de l'ONU et à son entourage dans lesquelles ils ont réitéré des appels urgents pour être évacués de cette région.

"Les femmes et les enfants n'ont pas où aller ", a indiqué une représentante des femmes.
"Nous ne pouvons nous endormir car nous entendons des tirs mais, d'un autre côté, nous ne pouvons partir car nous n'avons pas de documents de voyage et il n'y a pas où aller car toute la région est infiltrée ". Les femmes sont également exploitées de façons variées, notamment en devenant des esclaves sexuelles, des prostituées ou des filles rejoignant les rangs des rebelles ", a-t-elle ajouté.

"Nicla n'est pas un camp de réfugiés mais une base militaire. Des hommes armés patrouillent le camp 24h sur 24, il y a des tirs sporadiques, les réfugiés sont terrifiés…il faudrait une évacuation immédiate ", a déclaré le représentant des jeunes. Il a affirmé que le camp était infiltré par des rebelles et que les réfugiés étaient utilisés comme boucliers humains. " Les recrutements sont faciles à cause du manque de nourriture et de moyens de subsistance, et certains réfugiés prennent les armes par crainte de représailles ", a-t-il poursuivi.

Mme McAskie a déclaré: "Je suis très émue par vos histoires. Moi-même et nous tous tenterons de trouver des endroits plus sûrs pour vous. Mais tout en le faisant, nous devons aussi essayer de garantir votre sécurité pendant tant que vous êtes ici. Je ferai de mon mieux et vais explorer toutes les options ".

Les droits des réfugiés violés

Le Coordonateur de l'ONU pour le Liberia, Marc de Bernis, a qualifié de déprimante la situation des réfugiés libériens. Il a déclaré vendredi à IRIN que le droit international et les droits des réfugiés étaient violés dans le camp Nicla, ajoutant qu'il fallait que le gouvernement ivoirien fassent les efforts nécessaires pour sécuriser le camp et faire en sorte que les camps ne soient pas utilisés d'une manière contraire au droit international.

"La meilleure solution consisterait à les rapatrier chez eux, mais cela n'est pas possible maintenant. La seule option immédiate serait de transférer le camp ailleurs dans le pays, surtout si l'on prend en considération le fait que le camp est dans la région frontalière ", a-t-il dit. Selon M. De Bernis, sa mission dans l'ouest lui a offert une occasion pour mieux comprendre la situation des Libériens piégés dans cette région, surtout si l'on considère le fait que la situation du côté libérien de la frontière a aussi été très instable.

D'autre part, le porte-parole du Mouvement Populaire Ivoirien du Grand Ouest
(MPIGO), Ousmane Coulibaly, a déclaré à la délégation que ses positions, ainsi que celles de l'autre groupe rebelle de l'ouest, le Mouvement pour la Justice et la Paix (MJP), étaient attaquées par les forces gouvernementales depuis plusieurs semaines. " Nous demandons que le gouvernement cesse immédiatement d'attaquer nos positions ", a indiqué M. Coulibaly à la délégation, ajoutant que son mouvement, de même que les autres groupes rebelles, étaient attachés au processus de paix et qu'ils oeuvreraient avec la communauté internationale aux fins de garantir l'application intégrale des Accords de Paris signés à la fin janvier.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join