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Pas de papiers, pas de sécurité – les difficultés des rapatriés sri lankais

More than four years after the war, close to 100,000 returnees to the north still don't have national ID cards Contributor/IRIN
Dans le nord du Sri Lanka, près de 100 000 rapatriés n’ont pas encore de carte nationale d’identité plus de quatre ans après la fin de la guerre civile, qui a duré plus de deux décennies.

« Nombreux sont ceux qui n’arrivent pas à reprendre une vie normale, car la carte d’identité est un passeport qui permet d’accéder à de multiples services et elle est obligatoire pour voter depuis 2006 », a dit à IRIN Suresh Premachandran, député de l’Alliance nationale tamoule (TNA), l’un des plus grands partis nationaux représentant la minorité tamoule du nord du pays.

Selon les Nations Unies, plus de 460 000 personnes déplacées sont retournées dans la province du Nord – où vivent plus d’un million d’habitants – depuis que les forces du gouvernement ont déclaré leur victoire sur les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE, selon le sigle anglais), qui se battaient depuis 1983 pour créer un État tamoul indépendant.

Dans les districts de Mullaitivu et de Kilinochchi seulement, environ un quart des quelque 200 000 habitants n’ont pas de papiers d’identité nationaux.

Sans ces documents, de nombreux résidents ont de la difficulté à accéder aux services publics, comme l’éducation et la santé, et à bénéficier des programmes d’aide du gouvernement.

Ils courent aussi le risque d’être interrogés et retardés par les policiers et les responsables de la sécurité.

Pas une priorité

En vertu de la loi, la carte nationale d’identité est obligatoire pour tous les Sri Lankais de 16 ans et plus. Les autorités ont le droit de détenir tout individu suspect qui ne peut présenter de document d’identité légal. Il s’agit là d’un héritage de la guerre.

« Sans carte d’identité, vous courez toujours un risque », a dit Shereen Xavier, une avocate qui vit dans le nord du pays et qui occupe le poste de directrice générale de l’organisation Home for Human Rights (HHR). « Les obstacles peuvent être nombreux pour les sans-papiers. »

Certains se plaignent aussi de devoir montrer une carte d’identité pour pénétrer dans de nombreux édifices gouvernementaux.

Les progrès dans le domaine se révèlent toutefois laborieux.

Malgré l’importance des cartes d’identité, le gouvernement n’a pas encore fait de leur délivrance une priorité. Il concentre en effet la majeure partie de ses efforts sur des projets de développement et de construction d’infrastructures à grande échelle dans le nord du pays.

De nombreux rapatriés n’ont pas les documents nécessaires pour demander une carte d’identité nationale. Par ailleurs, le traitement des demandes peut prendre plusieurs mois, car il n’y a pas de bureaux locaux pour la délivrance des papiers d’identité officiels.

« Le traitement des demandes exige beaucoup de temps », a expliqué Shanthi Sachithanandan, présidente de Viluthu, une organisation qui fait la promotion de la bonne gouvernance dans le nord du pays.

Des papiers temporaires

Après la guerre, le gouvernement a souhaité mettre à jour ses listes d’électeurs.

À l’approche des élections présidentielles et locales, en 2010 et 2012, ces listes ont été mises à jour et des papiers d’identité temporaires ont été délivrés à plus de 40 000 personnes pour leur permettre de voter. Ce processus se poursuit encore aujourd’hui.


À l’époque, environ 90 000 habitants du nord du pays n’ont pas indiqué de numéro de carte d’identité, a confirmé le commissaire adjoint aux élections M.M. Mohammad.

« Des papiers d’identité temporaires ont été remis à de nombreuses personnes, notamment pour faciliter leur participation aux élections présidentielles et locales », a-t-il dit.

Selon de nombreux rapatriés toutefois, ces documents ne se voient pas accorder la même valeur que les cartes d’identité officielles : leurs détenteurs ont parfois de la difficulté à accéder aux services gouvernementaux et sont parfois traités avec méfiance par les fonctionnaires.

À l’approche des premières élections provinciales dans l’ancienne zone de guerre du nord du Sri Lanka, prévues pour septembre, les rapatriés et les politiques exhortent le gouvernement à accélérer la délivrance des cartes d’identité nationales.

« Le gouvernement a commencé à délivrer des papiers d’identité temporaires, mais c’est un processus qui prend du temps. Les habitants doivent contacter les autorités locales et obtenir des documents, ce qui n’est pas facile pour les rapatriés », a dit M. Premachandran, le député.

Selon le département responsable de la délivrance des cartes d’identité nationales toutefois, les papiers d’identité temporaires demeurent la meilleure option disponible à ce stade-ci. Le traitement des demandes à l’extérieur de Colombo, en particulier dans l’ancienne zone de guerre, exige en effet beaucoup de temps et de nombreux documents.

« Il s’agit de la meilleure solution pour le problème actuel », a dit M.S. Sarath Kumara, commissaire général pour l’enregistrement des personnes. Il a ajouté que les papiers d’identité temporaires délivrés pour faciliter le vote pourraient également être utiles à ceux qui n’ont pas d’autres documents d’identité.

« La délivrance de papiers d’identité temporaires est une idée pratique, et elle peut être revalidée en étant appliquée de nouveau », a convenu Rohana Hettiarachchi, directeur général de People’s Action for Free and Fair Elections, un organe de surveillance électorale qui organisé une campagne mobile pour aider les électeurs éligibles à obtenir leur carte d’identité nationale.

Cependant, pour les rapatriés sans-papiers qui tentent de retrouver un semblant de normalité dans leur vie après des années de conflits et de déplacements, tout ce qui est temporaire offre peu de réconfort.

« Les cartes d’identité temporaires sont utiles pour ceux qui souhaitent voter lors des élections qui auront lieu prochainement dans la province du Nord. [Mais] les anciennes PDIP [personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays] qui rentrent chez elles après avoir été déplacées pendant une dizaine d’années ont des priorités plus urgentes que de s’impliquer dans la lutte politique », a expliqué Muttuvel Kadirmani, un père de trois enfants âgé de 46 ans originaire de Mullaitivu. Il a exhorté le gouvernement à délivrer des cartes d’identité nationales au lieu de documents temporaires.

« [Ces cartes] seront utiles dans tous les aspects de la vie et nous donneront un sentiment de sécurité », a-t-il dit.

dh/ds/rz-gd/ld


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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