1. Accueil
  2. Middle East and North Africa
  3. Iraq

Un déficit de services sanitaires dans les territoires disputés en Irak

Kandal village, in Kirkuk governorate, is part of the disputed territories of Iraq – claimed by both the central government in Baghdad and the Kurdistan Regional Government in Erbil. Neither provides the village with many services Hermione Gee/IRIN
À 9 heures du matin dans le village irakien de Kandal, des femmes se rassemblent dans la cour ombragée de la mosquée du village. Cependant, elles ne viennent pas pour prier, elles se rendent à la consultation du médecin, une occasion rare dans cette région du pays.

Kandal se situe sur la route fréquentée qui relie Erbil, la capitale de la région kurde autonome d’Irak, à Kirkuk, l’un des territoires disputés. Situé dans le district de Makhmour, dans le gouvernorat de Kirkuk, le territoire où se trouve Kandal est revendiqué à la fois par le gouvernement central à Bagdad et par le gouvernement régional du Kurdistan (KRG).

Alors que le statut de territoire disputé devait être résolu par référendum avant fin 2007, le vote n’a toujours pas eu lieu. En attendant, les habitants sont pris en étau entre deux parties et aucune des deux ne fournit les services essentiels.

« Cet endroit n’est pas un pays », a déclaré Jwan Abdullah, un professeur d’anglais de l’école du petit village. « Nous n’avons pas de gouvernement ; il n’y a pas de médecin, pas d’hôpital. Nous n’avons même pas de numéro [de téléphone] en cas d’urgence, et nous en avons besoin ».

« Mon fils s’est cassé le bras en jouant au football », a déclaré le mukhtar local, c’est à dire le chef de village. « Et ils lui ont juste donné un calmant et nous ont dit d’aller à l’hôpital d’urgence de Erbil.

Passer entre les mailles du filet

Le KRG souhaiterait bâtir un hôpital permanent sur ce territoire, déclare Raad Najmadeen, directeur des services médicaux à la direction de la santé de Erbil. Cependant, dans la situation politique actuelle de la région, un tel projet serait considéré comme un accaparement des terres.

« D’après moi, le problème réside dans le fait que si un centre de santé venait à être construit, les terres seraient alors allouées au ministère de la santé [du KRG], elles deviendraient donc définitivement propriété du ministère ... Ils pourraient en déduire que nous faisons cela pour leur prendre les terres. C’est délicat ».

À défaut de structure permanente, ces villages dépendent des visites de l’hôpital mobile du KRG qui dispose d’un bloc opératoire, d’une unité dentaire, d’un laboratoire d’analyses, de supports de radiographie et d’échographie pour la prise en charge gynécologique, d’une équipe mobile et d’ambulances dotées d’équipements et de médicaments de base. Mais ces visites n’ont lieu qu’une à deux fois par an.

Le gouvernement kurde a l’intention de mettre en place, à mi-chemin entre Makhmour et Erbil, un service d’urgence pour la région et de mettre à disposition des habitants un numéro de téléphone d’urgence et un service d’ambulances.

Mais en attendant, cette absence de service d’urgence suppose des problèmes de transport, en particulier pour les femmes de Kandal qui ne conduisent pas.

« Cet endroit n’est pas un pays. Nous n’avons pas de gouvernement ; Il n’y a pas de médecin, pas d’hôpital. Nous n’avons même pas un numéro [de téléphone] en cas d’urgence »
Berivan, une femme du village, dit que la clinique de Makhmour lui avait diagnostiqué une infection rénale et lui avait dit de revenir pour un suivi médical, mais elle n’a pas pu effectuer le trajet de 10 kilomètres.

« Mon mari est un peshmerga [membre des forces de sécurité kurdes], il n’est donc pas sur place pour m’y conduire. Sans voiture, il faut attendre au bord de la route que quelqu’un veuille bien vous y conduire ».

Le trajet jusqu’à l’hôpital d’Erbil peut prendre plus d’une heure ; une durée pouvant être fatale. L’expérience de la tante de Berivan est un exemple typique.

« Un matin, alors qu’elle était très essoufflée, nous l’avons emmenée à la clinique de Makhmour, dit Berivan, mais là-bas, ils ont dit qu’elle devait aller à Erbil. En route, dans la voiture, elle a cessé de respirer et elle est morte ».

Services de santé mobile pour les femmes

Face aux difficultés particulières auxquelles les femmes sont confrontées pour accéder aux soins, START, une organisation pour l’autonomie des femmes, en lien avec le ministère de la santé du Kurdistan, fournit des services de santé mobiles dans la région, en particulier auprès des femmes et des enfants. Grâce au financement de l’ambassade de France, cette ONG (organisation non gouvernementale) enverra un médecin généraliste dans l’un des six villages de la région chaque semaine au cours des trois prochains mois, afin de dispenser des premiers soins essentiels et de répondre aux besoins gynécologiques.

« Nous suivons les femmes dans leur planning familial. Ici, elles ont beaucoup d’enfants, donc nous les examinons et nous leur fournissons préservatifs, pilules contraceptives, dispositifs intra-utérin... Tout est mobile. Nous disposons de tous types de médicaments, déclare Afifa Sayid, médecin membre de l’équipe de visiteuses médicales.

Il s’agit du deuxième programme START de ce type, le gouvernement irakien a un programme similaire dans d’autres territoires disputés. Mais lorsque les financements de ces programmes s’épuiseront, les résidents se retrouveront à nouveau démunis.

La pauvreté, la forte teneur en sucre de l’alimentation ont également un impact sur la santé locale, dit le Dr Sayid, et les pharmaciens locaux ne peuvent pas se substituer au personnel médical qualifié.

« Ici, ils ont des maladies chroniques : l’hypertension artérielle, le diabète. Leur état général n’est pas bon. Il est très important d’avoir un hôpital sur place pour le suivi de ces personnes au quotidien. Je me suis rendu dans cinq villages avant celui-ci : aucun hôpital. Il faut que dans chaque village il y ait un centre de santé ou une permanence mobile quotidienne. Chaque jour, et non pas chaque semaine ».

À l’heure du repas, le Dr Sayid avait déjà examiné 55 femmes.

Une patiente, qui a souhaité rester anonyme, souffrait de conjonctivite. « Le pharmacien local lui a donné un mauvais médicament, dit le Dr Sayid, et maintenant elle saigne de l’œil ».

Le programme de santé permet également de sensibiliser la population aux questions de santé des femmes, comme le cancer du sein et la mutilation génitale féminine qui est pratiquée dans le Kurdistan irakien. Le programme forme aussi des jeunes filles aux premiers soins et à la médecine. « Ces jeunes filles seront essentielles pour tous les services de santé et toutes les campagnes de sensibilisation », a déclaré le directeur de START, Safin Ali.

Le programme vise aussi à recenser les besoins de la région en matière de soins.

« [Une des raisons de] la mobilisation des équipes du KRG et des équipes médicales véhiculées est d’attirer leur attention sur le fait que cette région a besoin d’un hôpital. Une unité médicale mobile peut aider à court terme mais, à long terme, il faut absolument construire un hôpital sur place ».

hg/ha/rz – fc/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join