« Le harcèlement concerne toutes les Népalaises, c’est un grave problème. C’est surtout le cas dans les zones très peuplées, mais tout le pays est affecté, et le problème s’intensifie », a dit Pratiya Rana, une étudiante et volontaire de 22 ans qui a participé à la récente manifestation « Walk for Respect » (marche pour le respect), la version népalaise de la SlutWalk de Toronto, un mouvement de protestation international.
Mme Rana a été harcelée par un groupe d’hommes dans un village situé à une heure de la capitale Katmandou. « Ils m’ont poussée et bousculée, un des hommes a touché ma poitrine et m’a demandé de coucher avec lui », a-t-elle dit à IRIN.
Des femmes habillées de jupes courtes et de collants portaient des pancartes pour demander un changement d’attitude à l’égard du harcèlement sexuel dans les lieux publics et sur les lieux de travail.
« Dans ce pays, deux mondes coexistent – celui des jeunes et celui des anciens – et nous, les femmes, nous voulons changer cela. Nous demandons au gouvernement de protéger les droits des femmes », a dit Mme Rana.
Il va être difficile d’imposer un tel changement au Népal. Dans cette société patriarcale de 30 millions d’habitants, les femmes sont placées sous la domination des hommes : aucune loi ne protège les droits des femmes, les rôles sont traditionnellement répartis selon les sexes et les initiatives d’autonomisation des femmes sont limitées.
En avril, quelque 500 femmes et hommes ont manifesté dans les rues du centre de Katmandou pour promouvoir les droits des femmes. Leurs objectifs, présentés dans une déclaration, étaient « de sensibiliser les jeunes et la population en générale au grave problème des moqueries et du harcèlement sexuel ».
Les femmes ont dénoncé le harcèlement verbal, le harcèlement sexuel, les attouchements, l’agressivité et les violences sexuelles, y compris le viol.
Elles ont également réclamé une meilleure sensibilisation aux lois et politiques existantes pour protéger les femmes, citant le Nepal Public Offences and Penalties Act de 1970 qui établit que « toute activité ou action de nature sexuelle, verbale ou physique » constitue un harcèlement. La loi prévoit une amende de 120 dollars qui peut être assortie d’une peine d’emprisonnement, mais elle est rarement appliquée.
Une nouvelle loi, proposée en 2012, prévoit une peine d’emprisonnement maximale de trois mois et une amende d’environ 300 dollars pour les auteurs de harcèlement sexuel sur le lieu de travail. Les législateurs devraient bientôt discuter ce projet de loi.
Photo: Joseph Mayton/IRIN |
Des législateurs disent que les femmes devraient se couvrir |
« Je pense que les gens considèreront qu’elle [loi sur le harcèlement sur le lieu de travail] est mineure et que son adoption sera renvoyée après les prochaines élections. Qui sait quand celles-ci seront organisées », a dit Mme Rana.
Les commentateurs indiquent qu’il sera difficile de condamner les auteurs de harcèlement aux termes de la nouvelle loi. Nombre de législateurs du pays himalayen impute l’augmentation du harcèlement sexuel aux femmes et aux vêtements qu’elles portent.
« Lorsqu’une femme porte une robe vulgaire, qu’elle n’est pas naturelle, que les gens la regardent, qui est responsable ? », a demandé Sunil Prajapati, un législateur interrogé sur la nouvelle loi.
« Pour commencer, elles attirent et excitent les gens, puis si on leur fait des remarques, elles disent que c’est du harcèlement sexuel – c’est injuste. Les vêtements et les comportements que la société ne peut accepter devraient également être répréhensibles », a-t-il dit lors d’une intervention au parlement.
Les législatrices qui pensent que les vêtements portés par une femme sont un sujet de débat aggravent la situation des femmes, a dit Mme Rana.
« Et si on porte une jupe courte sans collants ? Est-ce que cela veut dire qu’on peut nous tripoter, nous toucher et nous violer ? Ce raisonnement est ridicule et ne devrait même pas faire l’objet de discussions », a-t-elle dit.
Yashoda Subedi, une législatrice, a souligné l’importance d’une meilleure sensibilisation du public et a dit qu’elle pensait qu’un terrain d’entente pouvait être trouvé pour rédiger une loi punissant les auteurs de harcèlement sexuel.
« Nous devons faire attention à ce que nous portons ; la société népalaise n’est pas une société occidentale. Je comprends cela », a dit Mme Subedi. « D’un autre côté, une femme qui ne porte pas une tenue correcte ne devrait pas s’offusquer des remarques et des regards des personnes qu’elle croise dans la rue ».
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