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Polarisation sur l’affluence de la population en provenance de la Côted'Ivoire

Le déplacement de la population résultant des quatre mois de conflit en Côte d'Ivoire met à rude épreuve la capacité d’absorption du pays voisin, la Guinée, qui accueillait déjà quelque 92 536 réfugiés avant septembre 2002, parmi lesquels 55 pour cent sont des Libériens, et 45 pour cent des Sierra Léonais.

Du 27 septembre 2002 au 27 janvier 2003, le Service National d’Action Humanitaire de la Guinée, et la Croix-Rouge guinéenne,ont enregistré environ 52 000 Guinéens arrivant de la Côte d'Ivoire, a rapporté le Bureau de Coordination des affaires humanitaires de l’ONU (BCAH/OCHA).

L’Envoyée humanitaire examine la situation de plus près

Beaucoup d’entre eux sont arrivés à la Guinée Forestière, une région du sud très boisée, incluant la préfecture de Nzérékore, et visitée mardi par une mission dirigée par l’Envoyée humanitaire de l’ONU pour la crise en Côte d’Ivoire, Carolyn McAskie, venue s’enquérir de la situation des nouveaux réfugiés.

Accompagnée de plusieurs chefs d’agences onusiennes et de responsables guinéens, Mme McAskie a d’abord visité le centre de transit de Bossou, où le HCR, le PAM, le Bureau humanitaire de la Communauté européenne (ECHO), et d’autres partenaires, ont construit des abris, nourris les déplacés, fourni des latrines et installé d’autres structures d’assainissement et de santé.

Bossou héberge plus d’un millier de personnes, des Libériens pour la plupart. Certains d’entre eux ont déclaré à IRIN, alors qu’ils faisaient la queue pour recevoir un déjeuner, composé de bulghur et de sauce, fourni par le PAM, que les derniers mois ont été une répétition des années 90, lorsqu’ils ont été forcés de quitter leur pays d’origine. "Ce qui nous a fait fuir du Liberia nous oblige maintenant à fuir de la Côte d’Ivoire", a constaté un réfugié.

Dans les années 90, ils s’étaient réfugiés en Côte d'Ivoire alors que les différentes factions s’affrontaient au Liberia. A présent, la Côte d'Ivoire elle-même est en proie à l’agitation, empêtrée dans une guerre rebelle déclenchée en septembre dernier dans le nord et qui s’est propagée deux mois plus tard dans l’ouest, où était concentré la majorité des réfugiés libériens. Ils ont alors été forcés de partir à nouveau, traversant à pied des centaines de kilomètres de forêt dense pour atteindre la Guinée.

Les réfugiés ont exprimé leur gratitude pour la nourriture et les abris qu’ils reçoivent, et se sont dits heureux d’avoir pu arriver en Guinée, et pas pressés de retourner au Liberia ou en Côte d’Ivoire.

Les routes compliquent la réponse humanitaire

Après une demi-heure de piste, la mission est arrivée à Thuo, à 200 mètres de la frontière avec le Liberia. Là aussi, les arrivants étaient essentiellement des Libériens – hommes et femmes, jeunes et vieillards – tous déplacés de la Côte d’Ivoire. Thuo est l’un des deux points d’entrée depuis le Liberia. Les personnes qui s’y trouvent ont dû passer par une petite portion de territoire libérien pour entrer en Guinée.

Comme Thuo est seulement un point de transit, les vivres arrivent difficilement et les gens dorment où ils peuvent, en plein air, ouvert, sous un abri de fortune ou dans la maison d’un villageois local. La plupart sont anxieux d’être transportés à Bossou, pas seulement pour la nourriture et l’abri, mais aussi parce qu’à Thuo, la frontière est trop proche pour qu’ils puissent se sentir en sécurité.

Une source d’inquiétude majeure pour toutes les agences est l’état des routes qu’elles utilisent pour acheminer une assistance qui fait tellement défaut. Elles ne sont pas goudronnées et ne conviennent pas à la circulation des véhicules, qui prend donc plus de temps. Souvent, des opérations ont été retardées par l’état des routes, ont indiqué les agences. Elles ont instamment prié Mme McAskie de faire prendre conscience de ce problème, qui se pose à chaque saison des pluies. Une amélioration des routes, ont-ils affirmé, faciliterait les activités et, plus important encore, accroîtrait l’efficacité et garantirait l’acheminement, en temps voulu, de l’aide aux populations qui la nécessitent.

De nouveaux arrivants émergent de la forêt

Alors que le convoi s’apprête à partir, un groupe d’une vingtaine d’arrivants émerge de la forêt. Chacun porte quelque chose, depuis les enfants jusqu’aux vieillards: un matelas enroulé, des sacs de vêtements, des petits seaux. Ils sont accueillis avec des embrassades et rejoints par des centaines d’autres déplacés dans le village, comprenant des Ivoiriens.

Les agences de l’ONU, les ONG et les autorités guinéennes ont réussi jusqu’à présent à gérer le flux des personnes déplacées, a déclaré à Mme McAskie le Coordinateur humanitaire pour la Guinée, Kingsley Amaning. Cependant, elles auront besoin d’assistance si la situation en Côte d’Ivoire venait à accroître le nombre des personnes déplacées.

La situation des ressortissants de pays tiers – citoyens de pays autres que la Côte d’Ivoire et le Liberia – est aussi un problème majeur. Mme McAskie a promis de l’aborder avec les donateurs.

L’Envoyée humanitaire est arrivée lundi à Conakry, après des haltes au Ghana, au Burkina Faso et au Liberia. Elle est retournée mercredi en Côte d'Ivoire et devait se rendre au Mali, avant de rentrer à New York pour informer le Conseil de sécurité de l’ONU de sa mission. Elle est accompagné du directeur du Bureau d’appui régional d’OCHA pour l’Afrique de l’Ouest, Besida Tonwe.

La crise ivoirienne a débuté le 19 septembre dernier lorsqu’un groupe de soldats a organisé une mutinerie – un Coup d’Etat selon le gouvernement – avant de se retrancher dans l’arrière-pays et de prendre le contrôle des parties au nord du pays, qu’il occupe encore. On estime à un million le nombre des personnes déplacées par le conflit.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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