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Comment rendre les catastrophes moins meurtrières pour les personnes handicapées

A man with a physical disability is carried by a community member to a flood platform in a village in western Nepal during a community DRR drill Nepal Risk Reduction Consortium
La disponibilité d'informations précoces et accessibles relatives aux catastrophes imminentes, aux secours d'urgence et à la répartition de l'aide est essentielle pour améliorer les dispositifs de réduction des risques de catastrophes et de programmation des secours pour les personnes handicapées, disent les experts.

« Une grande part du risque encouru par les personnes en situation de catastrophe est lié à la pauvreté et à la marginalisation sociale - s'agissant de risque, l'endroit où elles vivent, dans quoi elles vivent, et leur capacité de mouvement a une grande importance », a dit à IRIN Myroslava Tataryn, une consour chercheuse du International Centre for Evidence in Disability à la London School of Hygiene and Tropical Medicine.

« Le handicap physique peut signifier que certaines personnes dépendent d'autres personnes pour se déplacer. L'accès à des informations relatives à la sécurité fondamentale et à la gestion du stress est essentiel », a-t-elle dit.

Une étude a démontré qu'en situation de catastrophe, les personnes handicapées comptent parmi les populations les plus vulnérables. Si leur handicap affecte leur capacité à se déplacer ou à communiquer, elles sont non seulement davantage exposées à la mort, aux blessures et à l'isolation, mais sont en outre susceptible d'avoir plus de difficultés à accéder à l'aide humanitaire et aux informations relatives aux services de secours disponibles. Avec la même difficulté qu'ont les personnes handicapées à accéder à l'information, les organisations humanitaires peinent à appréhender leurs besoins.

Il est ressorti d'une étude de Christian Blind Mission (CBM), une organisation internationale travaillant avec les personnes handicapées dans les pays en développement, que les populations et les gouvernements manquent d'information sur les besoins et les capacités des personnes handicapées, et que cela se traduit souvent par leur exclusion des plans et protocoles relatifs aux situations de catastrophe.

Les personnes handicapées devraient avoir connaissance de méthodes pour améliorer leur « résilience », ainsi que de pratiques et de services de réduction des risques. Quant aux acteurs humanitaires, ils devraient être informés de là où vivent les personnes handicapées et de la meilleure façon de leur venir en aide, préconisent les militants qui appellent à un « changement radical » : les personnes handicapées ne doivent pas être perçues comme des destinataires passifs de l'aide humanitaire, mais plutôt comme des participants au même titre que les autres à l'effort de réduction des risques de catastrophes.

Informer les acteurs humanitaires

Suite à une série de catastrophes ayant secoué le Pakistan, notamment un violent tremblement de terre en 2005, les militants ont été surpris par le manque d'attention portée aux personnes handicapées.

« Nous savions qu'il fallait mettre en relation les organisations de personnes handicapées (OPH) avec les organisations humanitaires avant et pendant les catastrophes de manière à ce qu'elles soient localisables une fois que la catastrophe a frappé » a dit à IRIN Atif Sheikh, le directeur - lui-même handicapé - du Special Talent Exchange Program (STEP), une grande OPH d'Islamabad.

STEP, avec le concours d'organisations internationales comme Handicap International, gère l'Information Resource Centre on Disability (IRCD).

L'IRCD est une base de données nationale des personnes handicapées instaurée au Pakistan en 2009, répertoriant leur numéro de carte d'identité, des informations basiques sur le handicap dont elles souffrent - physique, mental, intellectuel - et leur adresse. Ces données sont collectées par le biais d'un réseau d'OPH, une méthode que STEP admet ne pas être scientifique ou exhaustive, mais utile malgré tout.

« La base de données s'est avérée utile au lendemain des inondations de 2010 car nous savions au moins où vivaient nos affiliés. L'information est cruciale pour tout ce travail - tenir le personnel humanitaire opérationnel informé de là où se trouvent les personnes et du type d'aide dont elles ont besoin, que ce soit en matière d'hygiène, d'alimentation ou de soins médicaux », a dit M. Sheikh.

La base de données du Pakistan est à double sens : elle fournit des informations sur les personnes atteintes de handicaps aux acteurs humanitaires, et renseigne les personnes handicapées sur les services disponibles.

Selon la revue Migrations Forcées, la base de données pakistanaise s'est révélée efficace en informant les personnes handicapées de l'existence de systèmes de distribution alimentaire, d'intervention médicale, de dons d'espèces ou alimentaires, et de programmes « argent contre travail » adaptés à leur situation de handicap.

La charte humanitaire et les standards minimums de l'intervention humanitaire Sphère encouragent les acteurs humanitaires à ventiler les données de leurs outils d'évaluation, de programmation, de suivi et d'évaluation, notamment en constatant si un handicap est impliqué.

Cependant, Handicap International a critiqué les recommandations de Sphère, jugées insuffisantes pour « intégrer dans le courant dominant un groupe aussi hétérogène que [celui des personnes handicapées] », et a appelé à plus de spécificité, en précisant le type de handicap.

Informer les personnes handicapées

Au Vietnam, des militants ont constaté que certains des systèmes d'alerte précoce les plus répandus - comme les avertisseurs sonores ou les drapeaux - n'étaient d'aucune aide aux personnes atteintes de handicaps auditifs ou visuels.

Le cadre d'action de Hyogo pour la réduction des risques de catastrophes, un accord signé en 2005 pour favoriser la réduction des risques et de la vulnérabilité face aux catastrophes, garantit « les mêmes chances d'accès aux opportunités de formation et d'éducation aux. personnes de faible constitution », mais omet de nommer le handicap.

Des experts réunis en 2013 à l'occasion de la plateforme mondiale de réduction des risques de catastrophe à Genève ont déploré cet oubli, en disant qu'il était clair que le handicap « amplifiait les risques » en situation de catastrophe.

Avec l'expiration du cadre d'action de Hyogo l'année prochaine, la mise en ouvre du cadre d'action post-2015 de réduction des risques de catastrophes fait actuellement l'objet de consultations, et la prise en compte du handicap dans le nouveau projet de standards a été largement évoquée.

Enfants scolarisés

Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), 98 pour cent des enfants handicapés ne sont pas scolarisés dans les pays en développement, et ratent l'opportunité d'une formation à la réduction des risques de catastrophes à l'école.

Le groupe de travail en faveur d'une action humanitaire inclusive du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a fait de l'accessibilité des informations sur les services à destination des enfants atteints de handicap l'un de ses principes clés.

En Indonésie, Arbeiter-Samariter-Bund, un organisme caritatif de protection sociale allemand, gère des programmes de réduction des risques de catastrophes en dehors du cadre scolaire - notamment avec l'enseignement de notions simples de partage de l'information et quelques exercices pratiques- pour les enfants handicapés.

Combler le déficit d'information

Alors que les données relatives à la mortalité des personnes handicapées en situation de catastrophe ne font pas l'objet d'un enregistrement systématique, le taux de mortalité des personnes handicapées enregistré à la suite du tremblement de terre de mars 2011 au Japon était deux fois plus élevé que celui des personnes non handicapées.

Le Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNISDR) a collaboré avec des organisations de personnes handicapées à travers le monde pour axer la prochaine journée internationale de la prévention des catastrophes naturelles, qui aura lieu le mois prochain, sur le thème « vivre avec un handicap et une catastrophe ».

Un sondage de l'UNISDR recueille, entre autres, des données sur le degré d'information dont disposent les personnes handicapées et leurs aidants sur les plans et les ressources de préparation aux catastrophes.

David Singh de l'UNISDR a dit à IRIN depuis Genève que la première conclusion révélatrice ressortant des réponses des plus de 2 000 personnes ayant répondu jusqu'alors au sondage en ligne (ainsi qu'à sa version papier dans au moins deux pays) est que « 80 pour cent des personnes handicapées n'ont jamais participé à un programme de réduction des risques de catastrophes sous quelque forme que ce soit ».

Au Népal, où un grave séisme fait l'objet de prévisions depuis longtemps, Handicap International cherche à identifier des organisations de personnes handicapées à Katmandou afin qu'elles tiennent lieu de points focaux pour les acteurs humanitaires en cas de catastrophe.

« Aussi bien en matière de préparation aux catastrophes que de secours, les personnes handicapées doivent pouvoir accéder aux informations et aux services au même titre que n'importe qui », a dit à IRIN Sarah Blin, directrice pays pour Handicap International au Népal.

La stratégie du gouvernement népalais en matière de gestion des risques de catastrophes veut donner la priorité aux programmes spéciaux de réduction des risques de catastrophes à l'intention des personnes handicapées.

Ailleurs, la technologie mobile mise au service de la réduction des risques de catastrophes a été encouragée pour cibler les populations vulnérables, y compris les personnes handicapées et leurs aidants.

Au Pakistan, un programme SMS utilise un système de numérotation des réclamations (de 0 à 9) pour aider les survivants des inondations de 2011 dans le Sind, la région la plus méridionale du pays - y compris les personnes handicapées ou peu alphabétisées - à rendre compte plus facilement des efforts de secours.

Selon M. Sheikh, le militant pakistanais, les personnes handicapées dans de nombreux pays en développement les plus gravement touchés par les catastrophes ont souvent l'impression d'être « inutiles » en situation de catastrophe et « doivent comprendre et revendiquer [qu'elles] peuvent et doivent participer ».

L'Organisation mondiale de la santé estime qu'environ 15 pour cent de la population mondiale vit avec un handicap.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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