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Ali Abdullah al-Moudai – Agent de liaison communautaire au Yémen

Ali Abdullah al-Moudai - Community liaison officer, Yemen IRIN

Ali Abdullah al-Moudai, 28 ans, originaire du village de Thula, à environ une heure de route de la capitale du Yémen, Sanaa, a la chance d’avoir un emploi relativement bien rémunéré. Mais comme il est le seul à nourrir les 14 membres de sa famille, il ne lui reste rien à la fin du mois.

Nom : Ali Abdullah al-Moudai

Âge : 28 ans

Lieu : Thula

Est-ce que votre épouse vit avec vous ? Oui.

Quelle est votre activité principale ? Agent de liaison communautaire pour une entreprise d’exploration énergétique.

Quel est votre salaire mensuel ? 1 366 dollars, plus 500-600 dollars quand je travaille comme guide pour les touristes.

Quel est le montant total de vos revenus – y compris le salaire de votre épouse, ainsi que toute autre source de revenus supplémentaire ? Le même montant.

Combien de personnes vivent chez vous – quels sont vos liens de parenté ? 14 : ma femme, mon fils, ma mère, mes sœurs, mes frères et leurs enfants.

Combien de personnes dépendent de votre revenu ou du revenu de votre épouse – quels sont vos liens de parenté ? Toute ma famille.

Combien dépensez-vous par mois pour la nourriture ? Entre 840 et 930 dollars.

Quel est votre aliment de base principal – combien cela vous coûte par mois ? Le blé : 186 dollars pour 300 kilos.

Combien payez-vous pour le loyer ? Je suis propriétaire de ma maison.

Combien dépensez-vous pour le transport ? Plus de 233 dollars.

Combien dépensez-vous par mois pour l’éducation de vos enfants ? Entre 117 et 140 dollars.

Après avoir payé toutes vos factures du mois, combien vous reste-t-il ? Rien.

Avez-vous, vous ou un autre membre de votre famille, été obligé de sauter des repas ou de réduire les portions de nourriture au cours des trois derniers mois ? Bien sûr, à de nombreuses reprises, nous devons vivre de façon austère. Que pouvons-nous faire ? Vous savez, nous ne recevons pas d’aide du gouvernement. Il y a environ deux ans, les prix ont commencé à beaucoup augmenter. Les tomates, par exemple, que nous achetons tous les jours : nous avons dû réduire cette dépense.

Avez-vous été obligé d’emprunter de l’argent (ou de la nourriture) au cours des trois derniers mois pour subvenir aux besoins essentiels de votre famille ? Oui, tous les mois.

« J’ai un bon travail pour moi et ma famille proche [ma femme et mon fils] mais il n’y a pas que nous. Je suis le soutien de la famille entière, car je suis le seul à travailler. Sans mon aide, ils seraient tous dans la rue.

« Même avec le salaire que je reçois de mon employeur, et le supplément de revenu gagné en travaillant avec des touristes quand je le peux, je dois emprunter beaucoup d’argent à la fin du mois pour joindre les deux bouts. Gagner assez d’argent pour nourrir, vêtir et faire vivre 14 personnes est difficile. Et il y a toujours quelqu’un qui est malade.

« Mon père, par exemple, s’est fait retirer une tumeur cancéreuse cette année. L’hôpital public où il a été opéré dit que les soins sont gratuits, mais ce n’est pas le cas : la chambre et l’opération étaient gratuites, mais les médicaments et le transport aller-retour de Thula à Sanaa ne l’étaient pas.

« Et malgré trois mois à l’hôpital et une opération, cela n’a pas suffi. À son retour à la maison, il est devenu de plus en plus malade et il a fini par mourir quelques mois plus tard.

« Nous dépensons 15 000 à 16 000 riyals [70 à 75 dollars] toutes les deux semaines pour acheter de l’eau des camions-citernes. C’est plus cher que l’eau publique que nous n’avons pu avoir que deux fois en un an et demi.

« J’ai essayé plus de 40 fois d’économiser un peu d’argent, mais c’est impossible. Sans aucune épargne, que ferons-nous si je meurs dans un accident ou si je tombe malade et que je ne peux plus bouger ?

« Si les choses iront mieux dans un an ? Non, pas du tout, du tout, du tout. Il y a trop de problèmes au Yémen : le Mouvement du Sud qui veut l’indépendance, les Houthis qui s’opposent au gouvernement, Al-Qaida, l’ancien gouvernement contre le nouveau gouvernement. Comment voulez-vous que ça s’arrange en un an ? Peut-être que dans cinq ans, nous verrons les choses changer.

« Maintenant, nous pouvons dire que nous avons un nouveau gouvernement et que le pays a changé, mais qu’est-ce qui a vraiment changé ? La plupart des hommes politiques qui composaient l’ancien gouvernement sont présents dans le nouveau. Et il n’y a toujours pas de bonne nouvelle pour les Yéménites. Les gens sont toujours au chômage.

« Je sais que c’est honteux de parler du pays et du gouvernement de cette façon, mais c’est la réalité. Nous devons dire la vérité.

« Nous espérons que le dialogue national [à venir] va entraîner des changements. Mais nous ne voulons pas entendre des promesses à la télévision ou aux nouvelles. Nous voulons que les choses changent. Jusqu’ici, le nouveau gouvernement déclare les mêmes choses que l’ancien.

« Le Yémen est comme la mer où les gros poissons mangent les petits ».

cc/cb-fc/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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