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Vieillir avec le VIH

Malonza Malembew is one of just two grandfathers at the Nyumbani village. Keishamaza Rukikaire/IRIN
S’il est déjà difficile de supporter les maux et les douleurs qui accompagnent généralement la vieillesse, l’âge apporte un lot encore plus grand de maladies chroniques et de médicaments aux porteurs du VIH. De nombreux systèmes de santé ne sont pas prêts à faire face à ce phénomène relativement nouveau.

Les données disponibles sur le VIH chez les personnes âgées se limitent généralement au monde développé. Ainsi, on sait très peu de choses sur les Africains qui vieillissent avec le VIH malgré la forte prévalence du virus en Afrique. Dans son supplément de juillet 2012, la revue médicale AIDS note que, selon les estimations, environ trois millions de personnes de 50 ans et plus en Afrique subsaharienne seraient porteuses du VIH, soit 14 pour cent de tous les adultes infectés.

Joel Negin, chercheur à l’école de santé publique de l’université de Sydney et coauteur du supplément, explique ceci par le fait que la plupart des études démographiques et sanitaires ne collectent pas de données sur les plus de 49 ans. Lors de la 19e conférence internationale sur le sida, qui s’est tenue à Washington le 25 juillet, M. Negin a dit que la communauté mondiale des chercheurs et des décideurs ne pouvait plus se permettre de négliger cette tranche d’âge.

Vieux mais bons vivants

« Nous devons commencer à parler [du fait que] le sexe ne s’arrête pas à 50 ans et combattre [nos] préjugés âgistes concernant le comportement sexuel », a dit M. Negin. En 2005, les personnes âgées représentaient 15 pour cent des cas de VIH aux États-Unis. Le gouvernement sud-africain a inclus les hommes de plus de 50 ans dans la catégorie des populations les plus à risque depuis que la dernière enquête nationale sur la prévalence du VIH a révélé que plus de huit pour cent des hommes et des femmes de 50 à 60 ans étaient infectés — un taux plus élevé que chez les hommes de 20 à 24 ans.

« On considère que les femmes de plus de 50 ans ne sont pas capables d’avoir des rapports sexuels et ne ressentent rien. Je suis toujours active sexuellement et, bien sûr, je ne suis pas la seule... Lorsque vous vous rendez dans un centre médical, surtout en milieu rural... on vous considère comme une grand-mère... Le personnel soignant se demande ce qui arrive à cette mamie, pourquoi elle se rend au centre médical pour une IST [infection sexuellement transmissible] ou pour un préservatif, car, à cet âge, vous êtes supposée avoir arrêté d’avoir des relations sexuelles » , a dit Dorothy Onyango, 55 ans, directrice exécutive de Women Fighting AIDS in Kenya (WOFAK).

Nils Daulaire, directeur du bureau des affaires sanitaires mondiales du ministère américain de la Santé et des Services sociaux, a dit que non seulement les personnes âgées avaient encore des relations sexuelles, mais que c’était souvent des relations à risque et avec des partenaires multiples. Ignorées par les campagnes de sensibilisation au VIH, les personnes âgées n’en savent souvent pas assez sur le virus et les manières de l’éviter.

« Pas pour les lopettes »

Les personnes séropositives au VIH peuvent également être plus exposées au risque de contracter certaines maladies liées à la vieillesse. Certaines études montrent qu’elles peuvent être touchées plus tôt par celles-ci. Or, dans les pays en développement, les systèmes de santé doivent déjà supporter le poids du VIH/SIDA et ne sont pas équipés pour faire face à ce problème supplémentaire.

Un nombre plus élevé de fractures osseuses et d’ostéoporose, une augmentation alarmante du risque d’hypertension et de maladie cardiovasculaire, ainsi que des taux supérieurs de dépression, de suicide et de fragilité ne sont que quelques-unes des nombreuses affections auxquelles sont confrontées les personnes âgées porteuses du VIH.

« On considère que les femmes de plus de 50 ans ne sont pas capables d’avoir des rapports sexuels et ne ressentent rien... on vous considère comme une grand-mère »
« Les études en la matière sont tellement récentes qu’il est difficile de savoir lesquels de ces problèmes sont liés aux effets secondaires des traitements — non seulement les antirétroviraux (ARV), mais aussi les autres médicaments que peuvent prendre les patients atteints du VIH — et lesquels sont des effets biologiques directs du virus lui-même [qui apparaissent] avec le temps et qui sont dus au dérèglement du système immunitaire », a expliqué Laurie Garrett, agrégée supérieure de recherches sur la santé mondiale du groupe de réflexion Council on Foreign Relations. « Vieillir, ce n’est pas pour les lopettes », a-t-elle ajouté.

Dans les pays développés, les inquiétudes concernant l’argent, la détérioration de l’état de santé et le sentiment d’isolement ou de solitude sont monnaie courante pour les personnes âgées porteuses du VIH. Selon John Hock, un militant australien qui vit avec le VIH depuis plus de 30 ans, les personnes diagnostiquées au début de l’épidémie peuvent avoir été obligées d’arrêter de travailler en raison de leur mauvais état de santé et nombreux sont ceux qui ont arrêté de prendre des dispositions pour leurs vieux jours, car ils ne s’attendaient pas à vivre aussi longtemps.

L’argent est encore plus préoccupant pour les personnes âgées porteuses du virus en Afrique. Ruth Wayeru, âgée de 65 ans, a été diagnostiquée séropositive au VIH lorsqu’elle en avait 48. Dans son pays, le Kenya, seuls les ARV de première et seconde intention sont délivrés gratuitement.

« Lorsque les [ARV] de seconde intention disent ‘non’ à votre corps, il ne vous reste plus qu’à préparer votre enterrement », a dit Mme Wayeru aux participants à la conférence, car les traitements de troisième intention sont hors de prix et les retraités n’ont pas les moyens de se les procurer.

kn/he-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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