Ils commémorent ceux qui sont morts depuis le début des combats, le 9 juin 2011, lorsque le cessez-le-feu de 17 ans entre le gouvernement birman et l’Armée pour l’indépendance du Kachin (KIA), qui s’est battue pour une plus grande autonomie au cours des 60 dernières années, a été rompu.
Des attaques sporadiques ont continué ces 12 derniers mois et le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) a augmenté, ont dit les travailleurs humanitaires.
« J’ai commencé à fuir pour échapper à la mort lorsque j’avais 16 ans », a déclaré Seng Jatdu, 64 ans, leader du camp de Je Yang, en clouant la photographie d’un combattant mort sur un panneau de bois recouvert d’images d’habitations brûlées, de soldats morts et de civils déplacés.
Il a fui les attaques qui ont éclaté dans son quartier après le coup d’État de 1962 qui a marqué le début de la domination politique par l’armée du Myanmar. « Il est important de répertorier les atrocités de l’armée birmane, et cela sert de mémorial conservé à des fins historiques », a-t-il affirmé.
Plus de 6 500 civils vivent actuellement dans des cabanes rudimentaires, construites en bambou, à Je Yang, l’un des plus vastes camps de PDIP de l’État, et s’en sortent grâce à des rations de base fournies par la Kachin Independent Organisation (KIO), l’aile politique de la KIA, et un groupe parapluie de donateurs locaux et de groupes communautaires.
Une lettre adressée au président du Myanmar Thein Sein le 5 juin, approuvée par plus de 50 groupes de la société civile, a déclaré que les violations des droits de l’homme commises par les soldats contre les civils sont chose courante.
Un rapport récent de Human Rights Watch (HRW) a déclaré que les deux parties en conflit étaient responsables d’abus graves, y compris l’utilisation d’enfants soldats et de mines antipersonnel sur des civils.
Selon les chiffres des Nations Unies, le nombre total de PDIP dans l’État de Kachin est estimé à plus de 62 000, dont 24 000 dans les zones contrôlées par le gouvernement, et à près de 40 000 dans les zones tenues par la KIA. On estime également que plus de 7 000 personnes déplacées ont fui en passant la frontière pour se réfugier en Chine.
Les responsables de la KIO ont déclaré des chiffres un peu plus élevés, mais il est difficile de déterminer le nombre exact puisque beaucoup de PDIP sont hébergées chez des parents ou sont dans des camps non officiels de l’État de Kachin.
Les travailleurs humanitaires disent que le transport et la mise en place d’approvisionnements de secours adéquats est une source d’inquiétude majeure. L’assistance aux personnes déplacées dans les zones contrôlées par le gouvernement est plus régulière, mais elle reste insuffisante dans les zones tenues par la KIA. Seule une poignée d’organisations non gouvernementales (ONG) birmanes locales, travaillant des deux côtés du conflit, et de groupes communautaires arrive à intervenir auprès des deux parties qui s’affrontent.
« Nous avons reçu deux chargements de provisions venant du HCR [le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés] en décembre [2011], mais il y avait seulement 300 kits destinés aux familles [contenant une moustiquaire, des ustensiles de cuisine, une couverture et une bâche], nous avons donc dû diviser les produits et la plupart des familles sont reparties sans aucune aide supplémentaire », a dit Seng Jatdu.
Photo: Steve Sandford/IRIN |
Plus de 6 500 PDIP vivent actuellement au camp de PDIP Je Yang |
L’éducation de milliers d’enfants déplacés pâtit aussi des nouveaux conflits de cette année. Une école en bambou, construite en 2011, a été arrachée par une tempête tropicale en mars 2012, laissant les enfants sans classe ou autre établissement, enlevant également un repère important dans leurs vies déjà perturbées.
Une nouvelle école en brique est en construction, avec l’espoir que les enfants y seront bientôt inscrits. Le gouvernement local à Laiza a annoncé que toutes les familles présentes dans les zones tenues par la KIO sont désormais dispensées de frais de scolarité.
Il y a seulement 40 enseignants pour à peu près 1 700 étudiants dans le camp. La directrice adjointe Mi Tung Roi Jay, 27 ans, a fui son village de Gan Dawn Yang en juillet 2011, lorsqu’elle a entendu des tirs d’artillerie lourde éclater dans un village voisin.
« En octobre dernier [2011], pendant les vacances universitaires, je suis retournée dans mon village mais toutes les vaches et tous les cochons dont nous nous occupions avaient disparu ». Elle espère qu’un cessez-le-feu sera vite conclu mais, comme ses parents qui ont fui les attaques du gouvernement dans les années 1980, Mi Tung Roi Jay éprouve une méfiance profondément enracinée à l’égard de la Tatmadaw, l’armée birmane.
Au sud de Laiza, près de Mai Ja Yang, une autre ville à la frontière entre le Myanmar et la Chine, il y a plus de 13 000 civils déplacés dans quatre camps où les provisions sont aussi en train de diminuer, selon le Wun Pawng Ninghtoi (WPN – « Lumière du Kachin ») un groupe de bénévoles comprenant huit ONG locales et des organisations caritatives.
L’accès à l’aide internationale est ralenti, et seul un petit nombre de convois des Nations Unies ont obtenu l’autorisation d’accéder à la région depuis mars 2012.
« Actuellement, nous avons plus de 40 bénévoles qui travaillent dur pour aider les PDIP, et notre plus grande inquiétude à l’heure actuelle concerne les denrées alimentaires », a dit à IRIN Hkaw Lwi du WPN. Le groupe a aussi un besoin urgent de moustiquaires. « Nous redoutons qu’il y ait de nombreux cas de malaria avec la saison des pluies qui arrive ».
Des opérations militaires provenant des deux côtés du conflit ont continué malgré un appel du président du Mynmar, partisan de la réforme, Thein Sein, qui enjoint l’armée à cesser ses attaques contre la KIA, et à ne tirer qu’en cas de légitime défense.
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