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Laila, « J'ai dû entrer en Jordanie illégalement »

Karrad (right) and his brother Hussein hope to have a better future in a third country Dana Hazeen/IRIN
Laila vit à Amman, mais ses enfants ne sont pas scolarisés (photo d'archive)
Il y a dix ans, Laila* s'est mariée à un homme de sa ville natale de Deraa, en Syrie, rêvant d'une vie heureuse. Elle n'avait jamais imaginé qu'elle le quitterait alors qu'il combattait les forces du régime syrien, et qu'elle s'enfuirait en Jordanie avec quatre enfants. Il y a deux mois, Laila a fui Deraa lorsque la ville s'est transformée en champs de bataille après le soulèvement de mars 2011 contre le gouvernement du président Bachar Al Assad.

Bon nombre d'épouses ont quitté leur domicile après avoir reçu des menaces prétendument lancées par le régime syrien aux combattants rebelles. Aujourd'hui installée à Amman, en Jordanie, Laila a fait part de sa détresse à IRIN :

« Je n'avais vraiment pas envie de fuir. Mais mon mari a insisté pour que je parte. J'ai fait tout ce que je pouvais pour rester près de lui, je me suis installée à Karak [un village voisin], mais malheureusement je n'étais pas plus en sécurité qu'à Musaiferah. Les gens m'ont dit de quitter la Syrie et je suis partie.

« Mon mari nous a mis, moi et les enfants, dans un camion ou étaient installées d'autres femmes - des femmes dont les maris sont des rebelles. J'avais peur de ne plus jamais le revoir.

« J'ai dû entrer en Jordanie illégalement, car je n'ai pas de documents d'identité. Mon passeport n'est plus valide et je n'ai pas pu le renouveler. Les rebelles syriens nous ont conduits aussi loin qu'ils le pouvaient. Ensuite, nous avons entamé un long et difficile trajet. Nous avons marché deux heures avant d'arriver à la frontière jordanienne. C'était horrible. Nous étions cinq femmes - accompagnés de jeunes (hommes), et de beaucoup d'enfants.

« Vous vous imaginez parcourir une telle distance à pied avec des enfants qui ont besoin de boire et de s'asseoir. Je me suis sentie tellement humiliée quand je suis tombée par-dessus le mur et que les hommes ont dû m'aider à me relever.

« Nous avions juste nos vêtements. Pourquoi s'embêter à emporter des choses quand on ne peut pas partir avec des gens. Mon mari et deux de mes frères se battent encore.

« Nous avons été surpris d'être bien accueillis en arrivant à la frontière. La Gendarmerie a installé un tapis pour prier. Nous sommes contents de voir que l'on peut parler d'Allah.

« Notre expérience des centres de rétention a été tout autre. Nous y sommes restés pendant huit jours. Nous avons eu de la chance de trouver un abri et de pouvoir dormir après des mois de violence et de carnages en Syrie, mais cela a été très dur. Nous étions plus de trente dans une seule pièce. Nous faisions la cuisine à l'intérieur également. Ils ont mis les hommes en bas et les femmes et les enfants à l'étage pour nous laisser un peu d'intimité.

« Aujourd'hui, je vis à l'est d'Amman dans un appartement de deux pièces qui coûte 160 dinars jordaniens (225 dollars) par mois. C'est tellement cher ici. Mais il nous abrite, moi, mes enfants, ma mère, ma belle-mère et deux [femmes] avec huit enfants. Je n'ai jamais imaginé qu'un jour je vivrais comme ça.

« Mes quatre enfants devraient aller à l'école, mais je ne veux pas les y envoyer. J'ai peur de les laisser seuls dans l'appartement, cela fait deux mois que je suis ici, mais j'ai peur de sortir pour demander de l'aide.

« Chaque matin, je m'adresse à Dieu. Jamais je n'aurais imaginé que ma paisible ville devienne un champ de bataille où les Syriens s'entretuent comme ça. Je Lui demande si je reverrai mon mari et mes frères un jour et si mes enfants retourneront à l'école.

*Nom d'emprunt

aa/eo/cb-mg/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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