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Les espoirs des Congolais à l’heure des élections

African women UNAIDS
À trois semaines du vote (28 novembre), les élections générales organisées en République démocratique du Congo dominent les débats publics, les médias et les activités de l’État. Des Congolais ont fait part à IRIN de leurs espoirs, de leurs craintes et de leurs aspirations à l’approche du scrutin :

Gustave Bagayamukwe, président d’une organisation de la société civile de la province du Sud Kivu, l’Association pour la défense des intérêts du Kivu :

« À ce jour, le Sud Kivu n’est pas gouvernable ; nous avons eu 15 gouverneurs en 15 ans, tandis que les autres provinces n’ont eu que trois gouverneurs durant la même période. La longue période de guerre civile qu’a connue la province a entravé le développement et le processus de réconciliation. Notre association regroupe des organisations de la société civile œuvrant pour l’organisation d’élections transparentes et pacifiques ; nous sensibilisons la population à la nécessité de garantir un climat de paix avant, pendant et après les élections.

« Nous appelons les électeurs à voter pour des candidats qui se préoccupent vraiment de leur sort, des candidats qui soient capables de faire des lois favorables aux citoyens. Malheureusement, dans la plupart des régions de l’est [du pays], la situation est telle que les gens sont condamnés à choisir entre la peste et le choléra, car la majorité des candidats ne feraient pas de bons dirigeants pour le pays. Autre préoccupation : l’inscription des électeurs a été fortement perturbée dans la province du Sud Kivu en raison de l’insécurité qui règne dans la plupart des territoires ; beaucoup de Congolais n’auront donc pas la chance de pouvoir choisir les dirigeants qu’ils méritent ».

Georgette Songo Biebie, militante de la lutte pour l’égalité entre les sexes et présidente du Caucus des femmes congolaises (Caufeco) :

« En tant qu’activiste, je me bats pour obtenir la parité de genre dans tous les secteurs de la société ; au cours des 15 dernières années, le Caucus des femmes congolaises a fait de son mieux pour promouvoir la pleine participation des femmes dans tous les domaines du gouvernement, mais cela n’a pas été facile. Au niveau communautaire, les femmes votent souvent pour des hommes ; nous essayons de leur faire comprendre qu’elles peuvent aussi faire confiance aux femmes politiques.

« En 2006, 15 pour cent des 9 000 candidats aux élections législatives étaient des femmes, mais seules huit d’entre elles ont été élues ; quatre femmes s’étaient également portées candidates à l’élection présidentielle de 2006 ; cette année, seule une femme était intéressée, mais elle n’a pas fourni ses documents à temps ... La Constitution prévoit la parité de genre dans le processus électoral, mais dans les faits, celle-ci n’est ni appliquée ni respectée. En fait, c’est la pauvreté qui entrave la participation des femmes – la plupart des femmes sont trop pauvres et il faut de l’argent pour s’engager en politique. Il y a un dicton qui dit : si l’on veut voir la pauvreté du pays, il faut voir les Congolaises. Malgré tout, nous n’avons pas perdu espoir, notre combat repose sur sept valeurs : patriotisme, amour, éthique, responsabilité, travail, réconciliation et paix ».

Kakwata Nguza, sénateur de Katanga dans la province Orientale, au nord-est du pays :

« Nous espérons que ces élections permettront à la démocratie de s’implanter dans le pays. À mes opposants, je dis donnons une chance aux Congolais de choisir leurs dirigeants. Mon programme électoral a pour objectifs de lutter contre la corruption, de promouvoir le droit de la population que je représente à la sécurité alimentaire, les services médicaux de qualité, l’accès à l’éducation pour tous les enfants et l’amélioration des conditions de vie dans les prisons. J’espère que les gens voteront pour moi pour les valeurs que je défends ».

Modeste Mbonigaba, président d’une association d’anciens élèves de l’Université de Kinshasa et auteur d’ouvrages sur les élections, la bonne gouvernance et le développement en Afrique :

Modeste Mbonigaba, president of an association of university alumni in Kinshasa and author of books on elections, good governance and development in Africa
Photo: Jane Some/IRIN
Le professeur Modeste Mbonigaba est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les élections, la bonne gouvernance et le développement en Afrique
« Lorsque nous nous penchons sur l’avenir de la RDC, il nous semble que le pays a oublié la vision des pères fondateurs de la nation qui, en 1956, ont publié le Manifeste de la conscience africaine et donné une vision de l’avenir du Congo. Le pays a obtenu son indépendance, mais cette vision ne s’est pas réalisée. En 2008, nous avons publié un livre, en français, sur le changement de direction en RDC ; ce livre propose une stratégie et une méthodologie sur la manière d’instaurer une nouvelle gouvernance dans le pays. Cette stratégie n’a pas été mise en œuvre pour ces élections, mais nous espérons que ce sera le cas avant les élections de 2016, car, dans notre livre, nous indiquons comment éduquer et sensibiliser les citoyens, y compris les analphabètes, pour qu’ils fassent le bon choix en matière de dirigeants politiques.

« Le pays manque toujours de vrais dirigeants ; jusqu’à présent, nous sommes principalement guidés par le népotisme, le tribalisme, la corruption et la fraude. Nos dirigeants sont incapables de faire la distinction entre ce qui est bon pour eux et ce qui est bon pour la population ; nous devons donc essayer de changer la mentalité des gens pour qu’ils prennent conscience de l’importance du droit de vote pour un citoyen».

Jacques Tshimbalanga, secrétaire général adjoint d’un syndicat d’enseignants, le Syndicat national des écoles conventionnées catholiques du Congo (Synecat) :

« Les dirigeants et la population doivent renoncer à la corruption qui gangrène notre société et favoriser la transparence de la gouvernance, afin de promouvoir le développement du pays. Nous qui travaillons dans le secteur de l’éducation, nous pensons que le plus important en période d’élections est que le syndicat des enseignants et les organisations non gouvernementales (ONG) à vocation éducative fassent un travail de sensibilisation auprès des enseignants et de l’ensemble de la population, pour les amener à envisager de voter pour des candidats qui se sont officiellement engagés à améliorer les conditions de vie de la population, et particulièrement l’éducation. Ainsi, lorsque ces dirigeants seront au pouvoir, ils donneront la priorité à l’éducation, à la santé et autres services de base ».

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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