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Des femmes s’attaquent à la croissance démographique

Daniel Soadava and Samoela Razafindramboho, the founders of Femmes Interessee au Development de Antalaha (FIDA), present a regular radio programme on sexual and reproductive health issues to listeners in Antalaha Annelie Rozeboom/IRIN
A Antalaha, petite ville située sur la côte est de Madagascar, Danielle Soadava et Samoela Razafindramboho sont connues comme « les mesquines ». « Les hommes se plaignent que nous n’arrêtons pas de dire des choses méchantes à leur sujet, » disent-elles en riant.

Après avoir formé avec d’autres femmes une association du nom de Femmes intéressées au Développement d’Antalaha (FIDA), Mme Soadava, dentiste, et Mme Razafindramboho, enseignante, se sont vite rendu compte que les femmes de la région avaient désespérément besoin d’avoir plus d’informations concernant la santé reproductive et un meilleur accès à la contraception.

« Dans les villages, les femmes ont souvent interdiction d’utiliser des moyens contraceptifs, » a dit Mme Soadava. « Les hommes veulent que les femmes aient des enfants, [mais] une fois que les enfants sont nés, les maris ne veulent pas s’en occuper. »

Madagascar est l’un des 12 pays en développement à recevoir un soutien destiné à améliorer l’accès à la contraception, grâce au Programme mondial pour améliorer la sécurité d’approvisionnement des produits de santé reproductive, mis en place par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). L’opération est considérée comme un succès : Selon l’UNFPA, le pourcentage de femmes qui utilisent des moyens contraceptifs a augmenté de 11 pour cent entre 2004 et 2009, pour atteindre un chiffre de 29 pour cent.

Malgré cette augmentation, le contrôle des naissances n’est toujours pas disponible partout, même en zone urbaine, et une naissance sur quatre a lieu moins de 24 mois après la naissance précédente. Cela signifie que Madagascar connaît une croissance démographique rapide. D’ici 2050, la population devrait plus que doubler, et passer ainsi, selon la Banque mondiale, de 19,5 à 42, 3 millions.

A Antalaha, des bénévoles de FIDA ont organisé une rencontre avec des maris et ont découvert que leur attitude négative envers la planification familiale empêchait même les femmes qui pouvaient obtenir des contraceptifs dans leur clinique locale de les utiliser. « Certains hommes ont dit que les enfants étaient un cadeau de Dieu ; d’autres ne veulent pas que leur femme prennent des contraceptifs parce que cela risquerait de leur donner trop de liberté sexuelle. Certains pensent que la pilule rend les femmes malades, » a dit Mme Soavada. « Nous avons donc tenu des réunions séparées avec les hommes pour les informer des avantages d’avoir une famille plus petite. »

Les femmes qui ont le plus besoin de l’aide de FIDA sont les jeunes adolescentes. A Madagascar, l’âge légal minimum pour le mariage est de 14 ans et les filles de moins de 18 ans peuvent être mariées sans avoir donné leur consentement, du moment que leurs parents sont d’accord. Un rapport de 2004 de l’ONU estimait que 34 pour cent des jeunes filles malgaches entre 15 et 19 ans étaient mariées, divorcées ou veuves, et que plus d’un quart d’entre elles avaient au moins un enfant.

« Dans un village, nous avons rencontré une jeune fille de 18 ans qui avait déjà trois enfants. Ils étaient chacun d’un père différent et aucun de ces hommes n’était resté, » a dit Mme Soadava. « En tout, dans le district, nous avons compté 300 jeunes filles qui avaient eu un enfant avant d’atteindre 18 ans. »

Grâce à un financement de la Banque mondiale, FIDA a ouvert un centre où des bénévoles fournissent aux jeunes filles informations et conseils ; elles accompagnent même celles qui ont peur d’aller toutes seules chez le médecin ou peur de signaler une violence ou un abus sexuels.

Quand elle a compris que les grossesses précoces étaient souvent le résultat d’un manque d’information, l’association a aussi commencé à diffuser un programme de radio visant à éduquer les femmes sur la santé reproductive et leurs droits juridiques.

« Nous avons diffusé un programme sur le viol et après cela, trois familles sont venues nous voir, » a dit Mme Soadava. « Elles savaient qui avait violé leur fille mais elles avaient peur de dénoncer [les coupables]. Les gens d’ici sont facilement intimidés par les autorités. Nous sommes allées avec elles et avons parlé au procureur ; et maintenant, les violeurs sont derrière les barreaux. »

Mme Razafindramboho a indiqué que les défaillances du système scolaire faisaient que certaines filles abandonnaient l’école et tombaient enceintes ; et même celles qui parvenaient au niveau collège/lycée étaient vulnérables aux attentions d’hommes plus âgés.

« Chaque jour à la sortie du Lycée, on voit des riches dans leur voiture qui attendent des gamines de 14 ans. Ces filles ont très vite leur téléphone portable, des vêtements de marque et elles finissent par abandonner leurs études. Cela les détruit complètement, » a t-elle dit.
« Dans notre programme radio, nous essayons de parler à ces hommes, de leur dire qu’ils corrompent des filles qui ont l’âge de leurs propres enfants, mais ça continue, » a ajouté Mme Soadava.

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FIDA diffuse aussi des conseils sur la façon d’éviter les maladies sexuellement transmissibles (MST). Selon la Banque mondiale, Madagascar a une prévalence nationale de VIH de moins d’un pour cent et est considérée comme une exception dans une région qui a été dévastée par l’épidémie de VIH, mais les autres MST comme la syphilis, sont extrêmement courantes. Certaines villes, comme la cité côtière de Tamatave, ont un taux d’infection par la syphilis de près de 17 pour cent, l’un des plus élevés d’Afrique. Les bénévoles dispensent à la population locale une éducation aux facteurs de risque – démarrer les relations sexuelles très tôt, avoir de nombreux partenaires sexuels et ne pas utiliser les préservatifs systématiquement – et tentent de contrecarrer l’idée fausse, mais très répandue, que les MST ne sont pas un problème de santé sévère.

Le plus gros problème auquel FIDA doit actuellement faire face est le manque de financement. La Banque mondiale ne couvre que 60 pour cent des coûts de l’organisation. « Nous étions censés trouvés les 40 pour cent restants nous-mêmes, mais ça n’a pas été possible. Nous avons des organisations non gouvernementales et des associations qui nous aident, mais ce n’est pas assez, » a dit Mme Razafindramboho.

L’exacerbation de la crise économique malgache a rendu encore plus difficile la collecte de fonds, mais les autorités n’ont pas répondu aux demandes d’aide des femmes. « Jusqu’à présent, a dit Mme Soadava, ils ne se sont même pas donné la peine de nous répondre, alors qu’en fait, c’est nous qui faisons leur travail. »

ar/ks/he- og/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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