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Mohammad Israyel, « J’en veux autant au gouvernement qu’à la sécheresse – il n’y a plus de travail »

Farmers in Samangan Province, Afghanistan Mohammad Popal/IRIN
Farmers in Samangan Province, Afghanistan
Le nord de l’Afghanistan connait depuis quelques mois des conditions de sécheresse qui ont frappé les récoltes, le bétail et les moyens de subsistance des fermiers et de leur famille. Deux fermiers du district de Khoram Sar Bagh dans la province de Samangan ont dit à IRIN qu’ils redoutaient de ne bientôt plus avoir à manger, et qu’ils étaient tellement désespérés qu’ils avaient commencé à vendre leur bétail.

Mohammad Israyel, 48 ans, éleveur

« J’avais 50 moutons, quatre vaches et deux ânes. Nous avons perdu la totalité de nos récoltes et j’ai vendu 22 de mes moutons depuis le début de la sécheresse. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c’est difficile de vendre nos moutons. C’est comme vendre nos enfants. Cela me fait mal, mais je n’avais pas le choix.

« J’avais besoin de l’argent pour acheter du fourrage pour mes vaches et mes ânes et le reste de mes moutons. Mes vaches et mes ânes sont si importants. Mes ânes m’aident à rapporter de l’eau depuis un endroit qui est loin parce que nous n’avons pas d’eau potable dans notre région, et mes vaches nous donnent le lait qui est notre seul moyen de survivre.

« J’ai envoyé mes deux fils aînés en Iran le mois dernier. Ils sont entrés illégalement dans le pays et j’attends toujours de leurs nouvelles. Et je ne suis pas le seul. Il n’y a quasiment plus aucun garçon ou homme âgé de 16 à 40 ans. J’en veux autant au gouvernement qu’à la sécheresse – il n’y a plus de travail.

« Une partie de mon bétail pourrait survivre jusqu’à l’hiver mais je ne sais pas ce que va nous arriver à moi et ma famille après ça. Le marché est si difficile. Je vends un mouton pour 3 000 afghanis (72 dollars), alors que l’an dernier le prix d’un mouton était de 5 000 afghanis (112 dollars) ».

« Je voudrais demander au gouvernement et au PAM [Programme alimentaire mondial] de nous aider aussi vite que possible. Sinon, nous mourrons et le gouvernement sera responsable ».

Ghulam Yahya, 58 ans, cultivateur de blé

« Notre agriculture dépend de la pluie car nous n’avons aucune source dans notre région, ni système d’irrigation. Nous avions gardé une partie de notre récolte de blé de l’an dernier comme semence pour cette année, nous en avons planté 200 kilos. Ce que nous ne savions pas à ce moment-là, c’est qu’il n’y aurait pas de pluie – et maintenant nous n’avons plus un seul kilo de blé à manger.

« J’ai obtenu 700 kilos de blé de ma terre l’an dernier. Nous avons essayé de ne pas en manger beaucoup afin d’en garder pour cette année. Nous n’avons mangé que 500 kilos et en avons gardé 200 pour les semailles.

« Je l’ai planté il y a quelques semaines, mais parce qu’il n’a pas plu du tout dans notre district, ma récolte n’a pas poussé à plus de cinq centimètre de hauteur. Finalement j’ai laissé mes moutons brouter ici. Nous ne pouvions pas le manger, mais au moins mes animaux ont pu [le faire].

« A la maison, j’ai six enfants et mon épouse. Nous n’avons pas mangé de viande, riz ou d’huile depuis je ne sais pas combien de mois. J’ai envoyé mes deux enfants âgés de 17 et 21 ans à Kaboul pour travailler dans les rues et gagner un peu d’argent, pour que nous puissions acheter de la nourriture. Je les ai envoyés le mois dernier, mais ils ne sont pas encore rentrés. Je m’assois ici chaque jour pour les attendre. Aucun de nous n’a un téléphone portable.

“Je suis vraiment inquiet et je prie Allah tout puissant d’aider ma famille. Mes fils sont notre espoir. Je sais qu’il est très difficile de vivre ici désormais, mais je n’ai pas d’autre endroit sur terre où aller.

« Plus de 250 familles de cette région sont rentrées en Iran durant la dernière décennie, mais durant les deux derniers mois, une centaine de familles ont fui à Kaboul ou sont rentrées en Iran.

« J’aurais aimé ne pas avoir planté ces 200 kilos de blé. Maintenant je n’ai plus rien. J’ai commencé à vendre mes moutons pour avoir de la nourriture. Nous pourrions mourir cet hiver si nous recevons pas de nourriture. Je demande au gouvernement, aux Nations Unies et à d’autres gens riches de nous aider…S’il vous plaît, nous avons besoin d’aide ».


mp/cb-sk/amz



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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