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Des millions de personnes menacées par la faim

Aquiring food has become a key issue for more and more people in Pakistan Kamila Hyat/IRIN
Saleem-ud-Din, 35 ans, est heureux aujourd’hui. Ce mendiant, handicapé, a pu acheter des lentilles cuites ainsi que six galettes pour sa famille composée de six personnes. « Aujourd’hui nous aurons un festin. D’habitude nous nous partageons au mieux deux ou trois galettes, – mais quelqu’un a mis un billet de 100 roupies [1,17 USD] dans mon bol, et avec d’autres petites pièces et billets, cela a été suffisant pour acheter un vrai repas », a dit Saleem à IRIN dans la ville de Lahore, dans l’est du Pakistan. 

Les mendiants, comme Saleem, représentent la projection la plus concrète de la faim et de la pauvreté. Leur nombre exact n’est pas connu mais on estime qu’il se compte en millions, selon les informations des médias. Leur nombre tend à augmenter dans les grandes villes durant le Ramadan, le mois de jeûne chez les musulmans qui a débuté le 2 août, et durant lequel les gens ont tendance à être beaucoup plus généreux.

Mais l’insécurité alimentaire n’est pas représentée uniquement par les mendiants. Selon un rapport de 2010 du Sustainable Policy Development Institute (SDPI) (Institut sur les politiques de développement durable) basé à Islamabad, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Agence suisse pour le développement et la coopération, 48,6 pour cent de la population du Pakistan, forte de 165 millions de personnes, souffre d’insécurité alimentaire.

« La sécurité alimentaire s’est détériorée au Pakistan depuis 2003. Les conditions pour la sécurité alimentaire sont inadéquates dans 61 pour cent des districts (soit 80 sur 131)…C’est une hausse importante depuis 2003, lorsque les conditions pour la sécurité alimentaire étaient inadéquates dans 45 pour cent des districts (soit 54 sur 120) », selon le rapport.

Le rapport indique que la situation de la sécurité alimentaire est pire (67,7 pour cent) dans les Régions tribales sous administration fédérale (FATA), et en proie aux conflits, le long de la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, suivies par la province du Balochistan (61,2 pour cent) : « Bien qu’il soit difficile de développer une preuve empirique concluante, l’importante superposition entre l’insécurité alimentaire et le militantisme apporte des preuves importantes d’un lien potentiel ».

Abid Qaiyum Suleri, responsable du SDPI, a dit aux médias que “la pauvreté et la faim constituent un problème de sécurité car une forte relation entre la sécurité alimentaire, la faim, la pauvreté, et la vulnérabilité aux catastrophes peut être établie».

Saleem, a disabled beggar, struggles to put food before his family
Photo: Kamila Hyat/IRIN
Saleem, un mendiant handicapé, se bat pour nourrir sa famille
Des prix trop élevés ?

Selon des agences, l’insécurité alimentaire est liée aux prix plutôt qu’à la disponibilité. « Beaucoup de gens n’ont tout simplement pas accès à la nourriture à cause du faible niveau de leurs revenus. Bien que le Pakistan produise suffisamment de nourriture, et cette année 24,2 millions de tonnes de blé ont été produites – plus que nécessaire –, l’insécurité alimentaire a augmenté, » a dit Amjad Jamal, le porte-parole du PAM à IRIN.

« La politique des prix du gouvernement a eu un impact sur 35 pour cent de la population dans les zones urbaines et sur beaucoup de consommateurs dans les zones rurales, où 40 pour cent des foyers dépendent des salaires et rémunérations, 16 pour cent des activités non-agricoles et cinq pour cent des envois d’argent depuis l’étranger. Tous ces groupes ont été fortement touchés par la hausse des prix, avec le prix du blé s’élevant de 550 roupies [6,47 dollars] pour 40 kilos [un sac] à 950 roupies [111,17 dollars] », a-t-il ajouté.

Selon le premier ministre, cette hausse des prix vise à « encourager la culture du blé afin que l’objectif de production de 25 millions de tonnes puisse être réalisé et que la sécurité alimentaire pour le pays puisse être atteinte». Il a déclaré que le fait de mettre les prix du blé pakistanais au niveau des prix dans les pays voisins, devrait « aider à réduire la contrebande ».

« La farine de blé coûtait moins de 15 roupies [17 cents] par kilo il y a trois ans. Elle coûte désormais plus de 30 roupies [35 cents] », a dit Dilnoor Bibi, une veuve de 40 ans, à IRIN. Elle a dit que son revenu de 5 000 roupies [58,82 dollars] par mois en tant que lavandière, lui permettait « à peine de nourrir mes trois enfants, et les médecins disent que celui de trois ans, qui est souvent malade, est d’un poids très insuffisant, et qu’il a besoin de plus de nourriture, que je ne peux pas fournir ».

Des experts dans ce domaine voient la faim partout. « Hommes, femmes et enfants, tous souffrent de malnutrition, mais l’impact est plus aigu sur les femmes et les enfants », a dit Shahid Awan, chargé de nutrition au Fonds des Nations Unies pour l’enfance à IRIN. Il a ajouté que 95 000 enfants « sévèrement malnutris » avaient été repérés dans le pays, et que beaucoup de femmes souffraient d’anémie et d’autres carences qui affectent aussi la santé des enfants. « La diarrhée et d’autres infections dont souffrent beaucoup d’enfants ne sont qu’un symptôme. La cause profonde de ce problème est la malnutrition aigüe, et c’est à cela que nous devons nous attaquer de toute urgence », a-t-il dit.

kh/cb-sk/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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