À la fin du mois de juin, Joel Lacung et Margaret Ataro du village de Got-Ngur, situé dans le district de Nwoya au nord de l’Ouganda, ont peiné sous un soleil de plomb alors qu’ils se déplaçaient avec deux paires de bœufs pour préparer leurs terres à l’approche de la seconde saison de plantation du riz.
Comme nombre d’agriculteurs ougandais, ils ont vu leurs moyens de subsistance affectés par des pluies de plus en plus irrégulières et des températures élevées. La plupart des agriculteurs, déplacés par les conflits qui ont opposé les rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) et le gouvernement pendant plusieurs années, vivent toujours dans la pauvreté et n’ont pas les moyens d’acquérir des intrants agricoles.
Jackson Odong, un assistant de recherche pour le projet de loi sur les réfugiés en Ouganda (Uganda Refugee Law Project), a dit qu’il était primordial d’apporter de l’aide à ces agriculteurs afin de revenir à une situation normale dans cette région du pays.
« Nous n’avons plus suffisamment de nourriture récoltée par rapport à la situation d’il y a 30 ans ; aujourd’hui, nous subissons parfois de fortes précipitations et les cultures poussent trop... [mais ne] germent pas, et lorsqu’il ne pleut pas, nous sommes confrontés à de longues périodes d’ensoleillement et les cultures dépérissent ».
Il est devenu difficile de faire pousser des haricots, des arachides, des patates douces, du sésame et du millet, a-t-il ajouté.
Au cours des 20 dernières années, la population du nord de l’Ouganda a dépendu de l’aide alimentaire, car le conflit avec la LRA a forcé environ 1,2 million de personnes à se réfugier dans des camps. La région, qui se compose de savanes, de prairies et de forêts, a un très bon potentiel de production.
Cependant, entre mai et juin 2010, nombre d’agriculteurs des régions d’Acholi et de Teso, situées au nord du pays, ont perdu leurs terres en raison des pluies torrentielles : les champs étaient gorgés d’eau et les récoltes ont pourri.
En 2009, de nombreux agriculteurs ont enregistré des pertes et ont vu leurs réserves de nourriture diminuer suite aux précipitations abondantes du premier trimestre et aux longues périodes d’ensoleillement.
Incertitudes
« Autrefois, notre grand-père pouvait annoncer l’arrivée de la pluie en observant la formation des nuages, la direction du vent et l’apparition de feuilles sur certains arbres », a dit M. Lacung.
Confronté aux conséquences de conditions météorologiques imprévisibles, un groupe de 600 agriculteurs des districts d’Amuru, de Gulu, de Nwoya, de Pader, de Kitgum et de Lamwo ont décidé de s’adapter et d’adopter des techniques agricoles alternatives.
Photo: Charles Akena/IRIN |
Il est devenu difficile de faire pousser des haricots, des arachides, des patates douces, du sésame et du millet dans le nord de l’Ouganda |
Patrick Otto, un agriculteur de Kitgum, a dit que les informations et le soutien reçus leur avaient permis d’améliorer leurs rendements.
Jackson Lakor, un agent agricole de Gulu, a dit que les agriculteurs avaient besoin d’informations sur le changement climatique pour mener à bien leurs activités quotidiennes.
Selon lui, la seule manière de limiter les pertes résidait dans les activités qui permettraient de régénérer l’environnement, comme la reforestation et les cultures pérennes intercalaires.
Longinous Olong Ogwang, le responsable du projet CMDRR, a indiqué que le projet de 300 millions de shillings (125 000 dollars) permettrait aux agriculteurs de s’adapter à de meilleures techniques grâce à l’offre de formations et à la fourniture d’intrants agricoles.
Leçons retenues
M. Ogwang a ajouté que le CMDRR espérait mettre le projet en œuvre dans d’autres régions afin d’aider les agriculteurs à devenir autonomes.
« Ici, les agriculteurs identifient les risques et nous les aidons à trouver la manière dont ils peuvent parer à ces risques.
« Si le retard des pluies constitue un risque, nous les aidons en leur donnant des informations sur les alternatives : ils sont ainsi en mesure d’utiliser les semences adaptées à telle ou telle condition, ils savent comment et quand planter », a-t-il dit.
« Les agriculteurs ont identifié qu’il n’avaient pas la capacité suffisante pour labourer davantage de terres et nous leur avons fourni des bœufs et des charrues », a-t-il ajouté.
Paul Isabirye, coordonnateur du département de météorologie du ministère de l’Eau et de l’Environnement, a indiqué que la seule manière d’aider les agriculteurs à faire face aux conditions météorologiques imprévisibles résidait dans un programme complet prévoyant l’aide de tous les secteurs pour faire face aux différents défis.
« Tous les ministères du gouvernement ont un rôle à jouer », a-t-il dit, citant entre autres les ministères chargés des infrastructures, de la santé, de l’éducation et de la préparation aux catastrophes. « Le changement climatique est le principal responsable des fortes précipitations que nous recevons, de leur mauvaise distribution et de leur [caractère] irrégulier ».
Il a indiqué que la réponse au changement climatique variait selon les pratiques agricoles.
« Il y a différents niveaux d’adaptation qui dépendent de la disponibilité des ressources et de la configuration géographique d’un lieu », a ajouté M. Isabirye.
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