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Obang Ojulu, « Je suis condamné à vivre au camp temporaire »

Obang Ojulu, 29, a refugee from Ethiopia's Gambella region. He fled his home in 2003 and is currently at a way station in Malakal, the capital of South Sudan's Upper Nile state Jane Some/IRIN
Alors au lycée, Obang Ojulu, a fui pour échapper aux attaques menées par l’armée nationale à Gambella, sa région d’origine, située en Ethiopie ; aujourd’hui âgé de 29 ans, le jeune homme a vécu la majeure partie de sa vie d’adulte en exil. Depuis qu’il a quitté sa région d’origine, en 2003, Obang Ojulu s’est marié, a eu un enfant et a obtenu son permis de conduire, mais il vit toujours dans un refuge temporaire, à Malakal, chef-lieu de l’Etat du Haut-Nil, au Sud-Soudan, aux côtés d’environ 80 autres familles Anuak.

Obang Ojulu a expliqué à IRIN ce qui l’empêchait de rentrer dans son pays :

« Je me souviens que les soldats de l’armée nationale sont venus dans notre région, à Gambella, et qu’ils ont abattu des centaines de personnes, dont la plupart étaient issues de ma communauté, les Anuak. Certains ont dit que c’était un génocide.

Quand les attaques se sont intensifiées, il est devenu difficile pour moi et les autres élèves de continuer d’aller à l’école. Alors, j’ai arrêté et j’ai essayé de m’enfuir avec d’autres membres de ma famille. Mais j’ai été séparé de mes parents, que je n’ai pas revus depuis.

J’ai suivi d’autres familles qui fuyaient et, petit à petit, nous avons réussi à arriver au Soudan. Je suis arrivé au camp temporaire de Malakal [située dans la région de Dagarshufu] en 2007 et j’y vis toujours depuis.

Même si nous recevons des rations de nourriture distribuées par le HCR [Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés], la vie n’est pas facile au camp ; quand la livraison des rations est retardée ou quand nous ne recevons pas les rations complètes, nous sommes obligés de faire des petits boulots en ville pour pouvoir survivre. L’eau est une denrée rare, surtout quand elle n’est pas livrée, car cela nous oblige à aller puiser de l’eau dans le Nil, non loin d’ici.

La dernière livraison d’eau a été effectuée il y a deux semaines ; quand nous avons des pastilles de chlore, nous les mettons dans l’eau que nous allons chercher au fleuve ; quand nous n’en avons pas, nous filtrons l’eau avec un morceau de tissu dans les récipients dans lesquels nous la conservons.

Depuis notre arrivée ici, seul un élève Anuak a réussi à intégrer un établissement d’enseignement secondaire, mais nous recevons l’aide de l’UNICEF [Fonds des Nations Unies pour l'enfance] pour nous permettre de continuer d’envoyer nos jeunes enfants à l’école primaire.

Ma femme ne travaille pas ; et le permis de conduire que j’ai n’est pas très utile parce qu’en tant que réfugié, je ne peux pas travailler. Nous avons entendu dire qu’il était prévu que certains d’entre nous soient réinstallés au Sud-Soudan ; nous ne savons pas quand.

J’aimerais rester ici car j’ai peur de rentrer dans mon pays. Je sais aussi que des procédures ont été engagées concernant les massacres de 2003 à Gambella [le Conseil de justice Anuak, un organisme qui représente l’ensemble de la communauté Anuak, a porté plainte auprès de la Cour pénale internationale au sujet des massacres perpétrés en 2003 à Gambella] ; je suis l’affaire et j’attends de voir comment cela va se terminer pour décider de rentrer ou non dans mon pays.

Pour l’instant, je suis condamné à vivre dans ce camp temporaire. Si j’étais Soudanais, comme d’autres Anuak soudanais qui reviennent du nord, je serais réinstallé, mais comme je suis Ethiopien, je reste ici. Je vis dans l’incertitude permanente ».

js/mw-nh/og


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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