Cette échelle, mise au point par l’Unité d’analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition (FSNAU) pour la Somalie, sous la direction de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), est utilisée par FEWS-Net et la plupart des autres organisations humanitaires pour analyser la sécheresse et la situation alimentaire dans la Corne de l’Afrique.
L’IPC permet de classer les régions analysées sur une échelle de gradation allant de « sécurité alimentaire généralisée » à « famine/catastrophe humanitaire », en fonction d’une variété de données relatives aux précipitations, aux prix pratiqués sur les marchés, à la production agricole, à la sécurité alimentaire et à la nutrition.
De vastes zones du sud-est de l’Ethiopie, du sud de la Somalie et du nord-est du Kenya sont déjà en phase quatre, la phase « urgence humanitaire ».
Selon Nicholas Haan, le spécialiste de la sécurité alimentaire qui a mis au point l’IPC et dirige ce système au plan mondial, les conditions actuelles en termes de climat, de prix et de conflits dans la Corne de l’Afrique justifient ce classement, ainsi que l’avertissement d’un passage éventuel en phase cinq.
Plus précisément, les conditions seraient réunies pour un passage en phase cinq « si un ou plusieurs des cas de figure suivants se produisaient : (1) si les prix des principaux produits de base [tels que le maïs et le sorgho, les céréales de base] augmentent encore dans les prochains mois, (2) si le conflit [dans le sud de la Somalie] s’aggrave dans des régions clés et limite d’autant plus l’accès humanitaire et/ou si, de ce fait, les itinéraires commerciaux ou les routes qui mènent aux marchés sont coupées, (3) si la situation en termes de récoltes et de bétail s’avère plus grave que les prévisions actuelles, ou (4) si les précipitations sont insuffisantes pendant la prochaine saison des pluies [ce qui sera évident d’ici fin octobre-novembre] ».
L’IPC repose sur un certain nombre d’indicateurs permettant de déclarer la famine, notamment un taux de malnutrition aiguë de plus de 30 pour cent chez les enfants, un taux de mortalité quotidien de deux pour 10 000, la présence d’une pandémie, l’accès à moins de quatre litres d’eau et 2 100 kilocalories de nourriture par jour, les déplacements de population à grande échelle, les conflits civils et la perte complète des biens et des sources de revenus.
« Je ne dirais pas que la situation est aussi alarmante que la famine de 1984 ; à l’époque, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui, il n’y avait pas d’alertes, alors que dans le cas présent, des alertes sont lancées depuis août 2010 », a déclaré un travailleur humanitaire ayant participé à l’analyse.
Photo: ReliefWeb |
Analyse de la sécheresse en Afrique de l’Est à l’aide de l’IPC (visualiser la carte en grand format) |
Normalement, lorsqu’une situation dégénère en phase trois, l’aide humanitaire a déjà commencé à être apportée, notamment par le biais de transfert d’espèces et/ou de distributions générales de vivres, de programmes destinés à améliorer l’accès à l’eau, d’interventions menées en vue de nourrir, de soigner ou d’abattre le bétail avant qu’il ne soit trop émacié pour être vendu, et de négociations politiques de haut niveau, en vue d’assurer l’accès humanitaire, en particulier dans le sud de la Somalie, a expliqué M. Haan.
« Si dans certaines régions ?de la Corne de l’Afrique?, la situation passe en phase cinq [de famine], certaines mesures devront impérativement être prises en vue de répondre à l’ensemble des besoins fondamentaux d’un nombre croissant de personnes dans le besoin. Lorsqu’on atteint la phase cinq, la capacité des ménages à subvenir à leurs besoins les plus fondamentaux (en termes d’alimentation, de santé, d’eau et d’assainissement, de protection, et autres) est réduite à néant – c’est pourquoi il devient alors nécessaire d’assurer une aide humanitaire générale, sur tous les plans », a-t-il expliqué.
« Si besoin est, lorsque l’accès humanitaire est limité ou en cas d’ingérence politique, des mesures extraordinaires doivent être prises afin d’assurer la mise en œuvre d’une aide humanitaire ».
« En cas de famine, toutes les contraintes financières, politiques, logistiques ou autres doivent être laissées de côté et l’humanité doit coopérer pleinement afin de sauver les gens et d’empêcher un effondrement social. Il s’agit là d’un impératif humanitaire qui devrait s’imposer même à la phase trois de l’échelle de crise de l’IPC, et encore plus quand on arrive à la phase cinq, c’est-à-dire la famine ».
« Évidemment, il serait beaucoup mieux, pour toutes les parties concernées (pour les populations vulnérables bien sûr, mais aussi pour les gouvernements nationaux, en termes de plans de développement, et pour les bailleurs internationaux, en termes de rentabilité des mesures préventives) d’éviter que de telles situations se produisent en tenant compte des signes d’alerte précoce et en s’efforçant de traiter les problèmes chroniques ».
Débats au sein des groupes sectoriels
En situation d’urgence, l’aide humanitaire est assurée par l’intermédiaire de « groupes sectoriels » des groupes d’organismes onusiens, d’ONG et autres organisations internationales, travaillant sur un secteur ou un service donnés.
Le débat se poursuit avec les organisations humanitaires éthiopiennes et kenyanes pour déterminer les domaines prioritaires de l’aide humanitaire, a indiqué Graham Farmer, coordinateur du nouveau groupe des responsabilités sectorielles sur la sécurité alimentaire mondiale, dont l’objectif est de combiner l’aide alimentaire et les moyens de traiter les causes de l’insécurité alimentaire à long terme.
La Somalie compte différents groupes sectoriels locaux et nationaux gérés par des ONG, tandis qu’en Ethiopie et au Kenya, les interventions d’urgence sont dirigées par l’Etat.
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