« Les familles nombreuses, les familles extrêmement pauvres, les personnes souffrant de graves problèmes médicaux, de handicaps physiques ou mentaux ont besoin d’aide, mais les travailleurs humanitaires ont des difficultés à [la] fournir », a indiqué Dana Sleiman, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) au Liban.
Le mois dernier, plus de la moitié des milliers de demandeurs d’asile syriens présents au Liban sont repartis, en Syrie, mais de nouveaux demandeurs d’asile sont arrivés récemment, selon Sheikh Abdullah, un chef religieux de la ville de Wadi Khaled située au nord-ouest du pays.
« La totalité des habitants de deux villages situés en bordure de Homs sont partis », a-t-il dit, notant que les réfugiés avaient emporté bon nombre de leurs biens, y compris le bétail. Il a indiqué que quelque 3 000 Syriens avaient franchi la frontière libanaise le 29 juin. Des responsables de deux organisations non gouvernementales (ONG) internationales, qui travaillent à Wadi Khaled et ont demandé à garder l’anonymat, ont dit à IRIN que de nouveaux réfugiés étaient arrivés le 30 juin.
Les médias locaux ont également fait état de l’arrivée de centaines de demandeurs d’asile entre le 24 et le 26 juin – principalement des femmes et des enfants originaires des villes syriennes d’Hadath, Arida et Tal Kallakh.
D’autres rapports mentionnent qu’environ deux-tiers des Syriens déplacés vivaient avec des parents ou des amis de l’autre côté de la frontière, au Liban. Un centre d’accueil a été ouvert dans le district d’Akkar, au nord du pays, afin de fournir une aide aux demandeurs d’asile.
Le HCR, le Haut Commissariat de Secours (Higher Relief Council) du Liban, le ministre des Affaires sociales et d’autres partenaires viennent en aide aux demandeurs d’asile. Les commentaires des responsables gouvernementaux, injoignables, n’ont pu être recueillis.
Le Liban et la Syrie entretiennent une relation politique complexe : les réactions officielles libanaises aux évènements se déroulant en Syrie sont restées discrètes, certains hommes politiques libanais s’associant aux déclarations de Damas en ce qui concerne les manifestations – c’est-à-dire que peu de Syriens y prennent part.
Entre temps, l’ONG américaine Human Rights Watch a accusé les autorités libanaises d’avoir arrêté certaines des personnes qui arrivaient dans le pays – celles-ci seraient entrées dans le pays de manière illégale ou sans documents d’identité. À la fin du mois de juin, le gouvernement a indiqué avoir procédé à la libération de tous les demandeurs d’asile syriens jusqu’alors détenus.
« Les gens vivent sous des bâches ; il n’y a pas d’installations sanitaires et la seule source d’eau est un petit lac. Ces gens ne reçoivent aucune aide, à l’exception de celle du Croissant-Rouge turc » |
Les Syriens fuient les manifestations répétées qui ont débuté à la mi-mars. à la mi-mars dans leur pays. Au moins 1 000 personnes auraient trouvé la mort, dont 50 à la suite des manifestations organisées après les prières du vendredi 3 juin. Plus de 10 000 personnes auraient en outre été arrêtées, selon des observateurs des droits de l’homme.
Turquie
Un nombre nettement plus important de Syriens fuient vers la Turquie. Le 21 juin, le HCR a indiqué que 500 à 1 000 personnes avaient franchi la frontière syro-turque quotidiennement depuis le 7 juin. Plus de 10 000 personnes étaient accueillies par les autorités turques dans quatre camps situés le long de la frontière.
Lors d’une visite à Jisr al Shugour, le HCR a constaté que ce village syrien situé près de la frontière était presque désert et que la plupart des magasins avaient baissé leur rideau et étaient fermés. « Les réfugiés syriens ont parlé de leurs craintes et des traumatismes qu’ils avaient subi à notre équipe », a indiqué son porte-parole Andrej Mahecic.
« Nombre d’entre eux avaient perdu des membres de leur famille qui, selon leurs dires, avaient été tués, avaient disparu ou se cachaient. Notre équipe a recueilli des témoignages évoquant des meurtres, des assassinats ciblés, des civils ayant trouvé la mort dans des feux croisés, des actes de torture et d’humiliation infligés par l’armée. La plupart de ces personnes avaient perdu pratiquement tous leurs biens et possessions. Dans de nombreux cas, leur bétail avait été abattu, leurs champs avaient été incendiés, leurs maisons et leurs commerces détruits ou confisqués ».
Fabio Torretta du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a noté que les conditions de vie de nombre de Syriens réfugiés dans les camps n’étaient pas bonnes.
« Les gens vivent sous des bâches ; il n’y a pas d’installations sanitaires et la seule source d’eau est un petit lac. Ces gens ne reçoivent aucune aide, à l’exception de celle du Croissant-Rouge turc … Ils rentrent chez eux tous les deux ou trois jours pour rendre visite à leurs parents ou jeter un œil sur leur bétail, mais ils ont peur de rentrer chez eux pour de bon ».
Un rapport réalisé en juin par le Haut Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies a évoqué les nombreuses allégations d’utilisation excessive de la force par les forces de sécurité syriennes à l’encontre de civils, dont la plupart manifestaient pacifiquement. Il a noté l’utilisation de munitions réelles contre des civils non armés, notamment par des snipers positionnés sur les toits de bâtiments publics, et le déploiement de chars dans des zones densément peuplées de civils.
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