Tisungane Mvalo, qui dirige l’équipe de recherche du site de l’essai clinique malawite, mené en collaboration avec l’Institut de la santé mondiale et des maladies infectieuses de l’université de Caroline du Nord, a dit que les méthodes actuelles pour contrôler l’incidence du paludisme au Malawi avaient eu un succès limité.
« Nous avons réussi à réduire modérément la mortalité infantile grâce à des mesures comme les moustiquaires et les insecticides, mais le paludisme demeure la cause principale de mortalité infantile », a-t-il dit. « Il faut faire plus ».
L’essai clinique du vaccin RTS,S, fabriqué par GlaxoSmithKline Biologicals, est l’un des plus vastes jamais menés en Afrique subsaharienne. Grâce au financement de GlaxoSmithKline et du PATH Malaria Vaccine Initiative – une organisation non gouvernementale (ONG) qui cherche à accélérer la recherche vaccinale contre le paludisme –, 15 000 nouveau-nés et nourrissons sont inoculés sur 11 sites répartis dans l’ensemble de la région.
Les enfants sont ensuite suivis pendant une période de 36 mois pour évaluer l’efficacité du RTS,S, qui, lors d’études précédentes, a permis de réduire de 53 pour cent les cas de paludisme sévère chez les nourrissons. Si les résultats, qui doivent être publiés plus tard cette année, confirment l’efficacité du vaccin pour la prévention du paludisme, celui-ci pourrait être disponible dès 2015.
« C’est très excitant », a dit le Dr Christian Loucq, directeur du PATH, depuis son bureau à Washington. « Nous avons estimé dans nos modélisations qu’un vaccin comme celui-là pourrait permettre de sauver des milliers de vies chaque année ».
Le coût élevé du paludisme
Le vaccin contre le paludisme ne permettrait pas seulement de sauver des vies, il allégerait aussi le fardeau que représente la maladie pour les systèmes de santé des pays en développement.
Le Dr Karl Seydel, un pédiatre de l’hôpital central Queen Elizabeth, à Blantyre, au Malawi, a dit que l’impact de la maladie sur le système de santé public était « considérable ». En 2010, 5,5 millions de cas – ce qui correspond à près d’un tiers de la population du pays – ont été rapportés.
« Nous avons estimé dans nos modélisations qu’un vaccin comme celui-là pourrait permettre de sauver des milliers de vies chaque année » |
Il a estimé que pendant la saison des pluies, lorsque les piqûres de moustiques porteurs du parasite du paludisme sont les plus courantes, près de la moitié des admissions au service pédiatrique de l’hôpital sont dues au paludisme. Le service a été conçu pour accueillir 150 patients, mais il doit souvent en accommoder le double.
Le Malawi présente de bons résultats en matière de vaccination infantile : 98 pour cent des enfants malawites ont reçu les vaccins standards recommandés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’ajout d’un vaccin contre le paludisme, même s’il n’est efficace que dans 50 pour cent des cas, permettrait de réduire considérablement le nombre d’enfants qui ont besoin de soins hospitaliers onéreux.
La prévention du paludisme a eu moins de succès qu’on l’espérait. Selon l’Enquête démographique et de santé du Malawi pour 2010 (Malawi Demographic and Health Survey), environ 70 pour cent des ménages possèdent des moustiquaires pour placer au-dessus de leurs lits, mais seulement la moitié des enfants de moins de cinq ans les utilisent.
M. Mvalo a dit que les adultes utilisaient souvent les moustiquaires, même si les enfants étaient plus susceptibles de développer un paludisme sévère. Dans certaines régions du pays, les moustiques ont commencé à montrer une résistance aux insecticides.
« Chaque méthode de contrôle a ses faiblesses », a dit M. Mvalo. « C’est pourquoi le vaccin est une bonne alternative, même s’il ne remplace pas la prévention ».
La plupart des chercheurs sont d’accord pour dire que le vaccin contre le paludisme ne remplacera pas les méthodes de prévention actuelles, mais pourrait réduire considérablement la mortalité liée à la maladie et permettre des gains financiers substantiels dans les pays où le paludisme est endémique. Selon les chercheurs en santé publique, dans ces pays, le paludisme draine environ un pour cent du PIB si on ne tient pas compte des coûts indirects tels que la perte d’heures de travail.
« La résolution du problème du paludisme permettrait des progrès considérables en termes de développement économique », a dit M. Loucq.
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