« Durant ma formation, je n’ai travaillé que dans le secteur public. Quand j’ai terminé ma formation, j’étais enceinte… et la seule façon d’obtenir un poste [dans le secteur public] en tant qu’infirmière nouvellement qualifiée était d’accepter d’aller travailler dans des cliniques rurales, mais je ne voulais pas travailler à la campagne. Pour la plus majeure partie de ma carrière, j’ai travaillé dans des hôpitaux privés et je gagnais 5 ou 6 000 rands (entre 740 et 888 dollars) par mois.
Je suis partie la première fois au Royaume-Uni en 1999 pour un an… juste pour voir à quoi ça ressemblait. J’ai travaillé dans un hôpital public de Birmingham. Puis je suis retournée en Afrique du Sud pendant quatre ans, avant de revenir en Angleterre en 2003.
La plupart des infirmières… viennent pour les avantages financiers. Personnellement, comme j’étais divorcée, je n’arrivais pas à joindre les deux bouts avec mon salaire en Afrique du Sud.
Il n’y a pas de comparaison avec le travail que font les infirmières en Afrique du Sud : en Afrique du Sud, elles sont hautement qualifiées. En venant ici, tu perds tes compétences parce que les soins [qu’on attend de toi] sont assez limités. On ne laisse pas les infirmières s’occuper de grand chose et c’est frustrant pour la plupart d’entre nous.
La plupart des infirmières sud-africaines travaillent finalement dans des maisons de retraite où on leur demande un travail vraiment élémentaire. Elles ne viennent pas ici pour l’expérience, elles viennent pour l’argent ; et les maisons de retraite paient davantage parce qu’on peut y faire des heures supplémentaires. Le coût de la vie ici est élevé et les salaires ne sont pas terribles, mais la raison pour laquelle nous venons ici, c’est le taux de change.
En ce moment je travaille à Bath dans un hôpital privé. Cela fait plus de 30 ans que j’ai acquis ma qualification et je travaille avec des jeunes filles. Quand tu viens ici, on te traite comme un citoyen de seconde zone. Il y a aussi un peu de racisme. Il faut longtemps aux gens avant de t’accepter comme un professionnel ; parce que tu viens d’un pays du tiers-monde, ils présument que tu n’y connais rien.
Aujourd’hui en Afrique du Sud, vu le nombre de patients qui sont atteints du VIH et toutes ces maladies opportunistes, le travail est dur, mais les salaires ont été revus. Tu peux en fait gagner plus de nos jours dans le secteur public [que dans le secteur privé] et il y a davantage de chances de développement professionnel.
Je songe à rentrer pour des raisons professionnelles et personnelles. Ici on est très seul, il n’existe pas de système de soutien et tu passes tout ton temps à travailler. J’aimerais travailler dans une communauté ou dans une clinique privée où je pourrais avoir des horaires normaux, de 9h à 17h, et ne pas avoir tant de stress. Je ne veux pas travailler vraiment dur à mon âge. J’envisagerais le secteur public si je pouvais travailler dans une communauté et avoir des conditions de travail vraiment bonnes.
[Une série d’initiatives visant à décourager la migration des travailleurs sanitaires des pays en développement ont été introduites, mais Lungile doute qu’elles aient beaucoup d’effet.]
C’est tout bonnement impossible d’empêcher les gens de bouger. Je pense que les adultes devraient avoir le choix de faire ce qu’ils veulent. Si j’étais restée en Afrique du Sud, je n’aurais pas acheté de maison. Le simple fait de quitter son pays et d’aller autre part est un processus d’apprentissage. »
ks/he – og/amz
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