L’évaluation de l’approche des « responsabilités sectorielles » (cluster approach) réalisée en 2010 par le Global Public Policy Institute (GPPI) et le Groupe Urgence, Réhabilitation, Développement (URD) recommandait la mise en place d’un nouveau mécanisme ou « groupe sectoriel » mondial de sécurité alimentaire, pour aider les communautés touchées par l’insécurité alimentaire à la suite d’une catastrophe.
Selon Graham Farmer, le coordinateur de ce nouveau groupe, ce dernier fonctionne sous la direction conjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM).
L’approche des « responsabilités sectorielles », lancée en 2005, est un des outils employés par les travailleurs humanitaires dans le cadre des interventions d’urgence en cas de crue, de sécheresse ou de séisme, par exemple. Un « groupe sectoriel » rassemble des organismes des Nations Unies, des organisations non gouvernementales (ONG) et d’autres organisations internationales dans un secteur ou autour d’un service assuré au cours d’une crise humanitaire.
L’approche des « responsabilités sectorielles » englobe actuellement 11 groupes ou secteurs tels que la logistique, l’eau et l’assainissement, le rétablissement rapide et la nutrition. L’agriculture, en tant que groupe distinct, disparaîtra dans le cadre du nouveau système.
« Sur le terrain, tout le monde s’accorde à dire qu’un des plus grands défis [au cours d’une crise humanitaire] consiste à mettre en œuvre une vraie méthode de “rétablissement rapide” – d’introduire le rétablissement et le développement le plus tôt possible dans le cadre des secours d’urgence et de renforcer cette transition », a déclaré Julia Steets du GPPI, expliquant ainsi les raisons de la décision, prise en décembre 2010, de mettre en place ce nouveau groupe.
C’est tout particulièrement le cas dans le secteur de l’aide alimentaire, car les interventions alimentaires à court terme, si elles ne sont pas bien gérées, peuvent saper d’autres interventions à long terme, a-t-elle ajouté, en créant une dépendance et en ralentissant le rétablissement.
Le groupe mondial de sécurité alimentaire s’assurera qu’il n’y ait pas « d’occasions manquées » - par exemple, en distribuant des semences en même temps que l’aide alimentaire si la catastrophe a eu lieu juste avant la période des semailles.
« C’est tout particulièrement le cas dans le secteur de l’aide alimentaire, car les interventions alimentaires à court terme, si elles ne sont pas bien gérées, peuvent saper d’autres interventions à long terme en créant une dépendance et en ralentissant le rétablissement » |
Le groupe responsable de l’agriculture est généralement parmi ceux qui reçoivent le moins de fonds, ce qui restreint les perspectives de rétablissement, a indiqué Mme Steets. Conjuguer l’agriculture à l’aide alimentaire, le secteur « qui généralement reçoit, de loin, le plus de financements », permettrait d’obtenir un soutien et des financements plus importants en faveur de solutions à long terme, a-t-elle ajouté.
Dans les pays en développement, plus sujets aux catastrophes naturelles, près de 80 pour cent de la population dépend de l’agriculture pour manger et gagner sa vie.
Exploiter les connaissances locales
Généralement, le rôle des groupes mondiaux est de renforcer la préparation et les capacités des interventions d’urgence, a expliqué M. Farmer, et « c’est ce que nous comptons faire ». Les groupes locaux ou nationaux s’assurent quant à eux que les interventions face aux crises sont efficaces et que toutes les ONG sont sur la même longueur d’onde.
Mais la caractéristique la plus innovante de ce nouveau groupe mondial de sécurité alimentaire pourrait bien être que, contrairement aux autres groupes, il définira ses priorités en fonction des besoins des groupes locaux et nationaux existants, selon Mme Steets. Il adhèrera ainsi à l’approche ascendante recommandée dans l’évaluation GPPI/URD.
Selon les conclusions de l’évaluation GPPI/URD, l’exclusion des ONG locales et nationales – et souvent l’absence de mesures prises en vue de prendre contact avec les mécanismes de coordination et d’intervention existants, d’en tirer parti et de les soutenir– est une lacune majeure du système des responsabilités sectorielles.
Cela s’explique en grande partie par une analyse insuffisante des structures locales et par le manque de « critères et de stratégies de transition et de retrait clairs », d’après les conclusions du rapport d’évaluation. « De ce fait, l’introduction des groupes a, dans plusieurs cas, affaibli la prise en charge et les capacités locales et nationales », peut-on lire dans le rapport.
Débordés
Dans bon nombre de pays, les groupes de sécurité alimentaire « étaient en fait parmi les plus fréquentés et les plus concrets, justement parce qu’ils réagissaient en fonction de la demande, et non en s’imposant », a expliqué Mme Steets. « Pourtant, les pauvres gens qui dirigeaient ces groupes étaient souvent débordés, car ils n’avaient pas de temps officiellement consacré à cette tâche et n’avaient aucune structure de soutien, etc. ».
Selon Mme Steets, le nouveau groupe mondial de sécurité alimentaire « peut dès le départ tirer parti d’une structure locale et répondre à ses besoins. Et c’est tout à fait comme cela que le groupe mondial devrait opérer : en commençant par dialoguer avec les groupes locaux de sécurité alimentaire existants [ou d’autres groupes semblables] – à la fois à l’échelle locale et nationale – et en déterminant de quel type d’assistance ils ont besoin, que ce soit en termes d’élaboration de politiques, de directives, de formations, de capacités d’intervention rapide, de pré-acheminement, etc. ».
« Ce serait un véritable désastre s’ils manquaient cette occasion et commençaient à créer des outils et à formuler des directives qui risqueraient d’être dénués de toute pertinence sur le terrain ».
M. Farmer a néanmoins indiqué qu’ils entendaient bel et bien consulter les parties prenantes.
jk/cb – nh/amz
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