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La saison des pluies accentue la détresse des déplacés

Displaced people fleeing fighting in Abyei, now in Agok. Sudan. May 2008.
Renewed hostilities between the Sudanese army and the Sudan People's Liberation Movement (SPLM) in Abyei are likely to worsen the humanitarian needs in the region and could affect Tim McKulka/UNMIS
Les pluies saisonnières sont l'un des facteurs qui ont exacerbé la crise déclenchée par la fuite soudaine de dizaines de milliers de civils de la région litigieuse d’Abyei, au Soudan, selon les travailleurs humanitaires, qui pointent du doigt les répercussions aussi bien à court qu’à long terme.

« La plupart des routes du Sud-Soudan sont impraticables durant la saison des pluies, et cela entravera le transport de la nourriture », a dit à IRIN le porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM), Amor Almagro.

Il s’agit du deuxième exode de grande ampleur depuis Abyei en autant de mois. En mars, quelque 25 000 personnes avaient fui la ville à la suite d’affrontements.

Plus tôt cette année, en prévision de la saison des pluies, le PAM avait fait parvenir 27 000 tonnes de nourriture au Sud-Soudan dans le cadre de projets visant à nourrir jusqu’à 1,5 million de personnes en 2011.

« Compte tenu de la situation actuelle à Abyei, nous allons devoir envisager de déplacer quelque 2 000 tonnes de nourriture de notre centre logistique de El Obeid (Nord-Soudan) vers une base opérationnelle que nous sommes en train de monter à Wunrok, dans l'État de Warrap (Sud-Soudan) », a dit M. Almagro.

« Nous avons vus des milliers de personnes, principalement des femmes et des enfants, portant des sacs sur leur tête ou assis sur des nattes sur le bord de la route, épuisés par des heures de marche. Les populations d’Abyei et d’Agok (40 kilomètres plus au sud) ont été déplacées et se dispersent dans différentes zones : près de Turalei, près de Mayen-Abun et sur la route menant à Agok », a dit le chef de mission de Médecins Sans Frontières (MSF), Raphael Gorgeu.

« De nombreux enfants en déplacement présentent de graves signes de déshydratation. Nous sommes très préoccupés par les rudes conditions qu’endurent les populations déplacées sur les routes. Leur santé peut rapidement décliner faute d’une assistance immédiate », a-t-il ajouté.

Selon l’Organisation Internationale pour les migrations (OIM), l’une des nombreuses agences qui tentent d’apporter une réponse à la crise, « il est difficile de suivre la trace et d’assister les populations déplacées, car ils sont nombreux à être encore en mouvement ou à se cacher dans la brousse. Les pluies violentes et continues ont rendu certaines routes impraticables et empêché l'accès aux zones où l’on soupçonne l’existence de certains PDIP ».

Le 21 mai, les forces du gouvernement de Khartoum ont pris le contrôle de la ville d'Abyei, au terme d’affrontements avec des soldats du Sud bientôt indépendant.

Située à cheval sur la frontière, Abyei est censée dépendre d’une forme d’administration conjointe jusqu’à ce qu’un référendum détermine son statut permanent. Les retards dans l’organisation de ce vote décisif n’ont fait que renforcer les tensions dans la région.

Pour Andrews Atta-Asamoah, chargé de recherche pour le Programme de prévention des conflits en Afrique (African Conflict Prevention Programme, ACPP) de l'Institut d'études de sécurité, la priorité politique actuelle « pour la communauté internationale est d’insister pour que le Nord se retire d’Abyei et rétablisse le conseil administratif de la ville afin de préparer le terrain pour le retour des milliers de personnes déplacées et pour un retour à la normale ».

Inquiétudes concernant la stabilité alimentaire

« La stabilité alimentaire à plus long terme est source de préoccupation », a ajouté M. Almagro. « Nous sommes en pleine saison de plantation. Si la population n'est pas en mesure de planter (car elle est déplacée), elle finira par souffrir de pénuries lorsque les récoltes précédentes seront épuisées et aura besoin d’une assistance se prolongeant bien au-delà de cette période de vache maigre ».

Abiyei situation map
Photo: OCHA
Mouvements de population en mai 2011.
Le PAM a distribué de la nourriture à environ 60 000 personnes à Abyei. Selon M. Almagro, 800 tonnes de nourriture, une quantité suffisant à nourrir 50 000 personnes durant un mois, ont été pillées de l’entrepôt de l’agence située à Abyei.
Des installations de la ville gérées par d’autres agences des Nations Unies et des organisations non gouvernementales (ONG) ont également été la cible de pillages. « Parmi les marchandises dérobées, on compte notamment des fournitures médicales, de l’équipement chirurgical, des articles non alimentaires, de l’eau et des équipements d’hygiène. Ces fournitures avaient été distribuées à Abyei ces dernières semaines pour répondre aux besoins urgents des habitants de la ville et des populations rurales des villages environnants », a indiqué dans un communiqué l'équipe pays des Nations Unies au Soudan.

Il est urgent de venir en aide aux populations déplacées, indique le communiqué. « À Turalei, à 130 kilomètres de la ville d’Abyei, 15 000 déplacés vivent en plein air. Quatre mille autres sont venus se réfugier à proximité du village de Mayen Abun. On soupçonne également un nombre indéterminé de déplacés d'avoir fui dans la brousse entre Agok et Turalei ».

Alors qu’une réponse d’urgence dans les domaines de l'hébergement, de l’alimentation, de la santé, de la nutrition, de l'eau et de l'assainissement se fait plus pressante, « les maigres réserves d’essence sont une source d'inquiétude, de même que les pluies violentes qui risquent de rendre les pistes d’atterrissage voisines impraticables », précise le communiqué.

D’après le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), « deux des principales routes d’approvisionnement en essence du Nord vers le Sud ont été bloquées depuis le début du mois de mai ».

« L’une des priorités de nos partenaires est de localiser les personnes qui ont fui afin de pouvoir leur venir en aide. En date du 26 mai, les partenaires humanitaires estimaient que plus de 30 000 personnes s’étaient rendues dans le Sud. Et l'on rapporte de nouvelles arrivées », indique le communiqué d’OCHA.

Il précise également que bien qu’aucune maladie contagieuse n’ait été déclarée en date du 26 mai, « on craint que les conditions météorologiques augmentent les risques d’incidence de maladies telles que les infections respiratoires ou les maladies liées à l’eau ».

am-cp/mw- gd/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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