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Doh St Michel, « La terre et ma machette, voilà mon président »

Men clearing brush with machetes in western Côte d'Ivoire. April 2011 Nancy Palus/IRIN
Men clearing brush with machetes in western Côte d'Ivoire
Doh St Michel a fui son village près de Duékoué dans l’ouest de la Côte d’Ivoire quand des coups de feu ont été tirés et des agriculteurs tués le 28 novembre 2010, le jour du deuxième tour des élections présidentielles.

De nombreuses personnes déplacées qui se sont réfugiées à la Mission catholique ont dit à IRIN que les assaillants étaient des partisans du candidat de l’opposition, Alassane Ouattara, qui avaient voulu s’en prendre à ceux qu’ils considéraient comme ayant soutenu le président sortant, Laurent Gbagbo.

Doh a parlé des cultures qu’il a été obligé d’abandonner et a dit à IRIN que, quelque soit la personne au pouvoir, le cultivateur ne peut nourrir sa famille qu’à la sueur de son front, par ses efforts.

« Nous vivons de la terre… Tout ce que nous voulons, c’est nous remettre au travail, afin de pouvoir nourrir nos familles. Nous ne sommes pas fiers de rester ici [à la Mission catholique], mais nous avons très peur de ce que nous avons vu de nos propres yeux… Nous ne nous opposons à personne. Celui qui est au pouvoir, c’est lui le chef.

La seule manière pour nous de pouvoir manger c’est de nous servir de nos propres mains, de notre force. Ce n’est pas le président qui va fabriquer la nourriture pour nous, ce sont nos machettes [qui nous servent à travailler la terre]. Nous n’avons rien à voir avec toute cette politique.

Tout ce à quoi nous aspirons, c’est la paix. Qu’on nous laisse tranquilles pour que nous puissions continuer. Imaginez, je ne suis qu’un simple paysan qui va dans son champ pour chercher du manioc ou des bananes et je me fais tuer par balle pour rien. Je ne suis affilié à aucun des deux présidents. La terre et ma machette, voilà mon président.

Pendant les années où le père de notre nation, [le président fondateur Félix] Houphouët-Boigny était au pouvoir, nous n’avons jamais vu des choses pareilles, nous n’avons jamais été les victimes d’une guerre. Depuis 1960 [date de l’Indépendance] et durant toutes les années Houphouët, ceux d’entre nous qui étaient déjà là à cette époque n’ont jamais entendu ce genre d’arme, sauf à la télévision.

Nous nous demandons comment nous allons pouvoir retourner dans nos villages… Quand vous savez que vous êtes surveillés par des gens équipés d’armes à feu, vous ne pouvez que ressentir de la peur… Nous ne sommes pas à l’aise d’habiter ici à la Mission, nos cœurs ne sont pas en paix. Tout le monde veut retourner au village, mais comment faire ?

Peut-être que si la Licorne [les forces françaises de maintien de la paix en Côte d’Ivoire] ou l’ONUCI [la mission onusienne dans le pays] pouvaient installer un camp dans chaque village pour assurer notre sécurité, nous pourrions nous remettre au travail.

[Pour un jour faire confiance à une armée ivoirienne], il faudrait que nous soyons sûrs que notre sécurité est garantie.

Nous avons fui les coups de feu. Maintenant, si quelqu’un nous dit « Allez-y, retournez dans votre village »… Retourner au milieu des coups de feu ? C’est très perturbant. Si l’armée du nouveau gouvernement pouvait vraiment convaincre ses soldats et ses partisans de ne plus tirer sur les gens, nous retournerions chez nous. »

np/he – og/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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