Quelque 2,64 millions de fœtus meurent après la 28è semaine de grossesse, pour la plupart dans les pays à bas ou moyens revenus, selon le rapport publié par la revue médicale The Lancet.
Alors que le nombre des mortinaissances a baissé depuis 1995 où il était estimé à trois millions, cette baisse est largement inférieure aux progrès accomplis dans la réduction de la mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Pour les auteurs de la série [sur les mortinaissances], le manque de reconnaissance du problème au niveau de la santé mondiale signifie qu’on ne fait pas assez pour empêcher les fœtus de mourir.
« Les groupes de parents doivent se joindre aux organisations professionnelles pour faire passer aux agences un message commun quant à la nécessité d’inclure la mortinatalité dans la politique de santé mondiale. »
Les auteurs rapportent que les mères en deuil sont souvent mises au ban de leur communauté. Les mortinaissances peuvent aussi affecter la prédisposition des parents à avoir des enfants dans l’avenir et provoquer des divorces. Dans de nombreux pays, l’accompagnement au deuil n’existe guère pour [aider] les familles qui souffrent de dépression après la naissance d’un enfant mort-né.
« Derrière les statistiques, se trouve l’histoire personnelle de familles anéanties par la perte d’un bébé qu’elles chérissaient, » écrit dans The Lancet Janet Scott, directrice de recherche à Sands, une organisation caritative britannique consacrée aux mortinaissances et aux morts néonatales. « Un bébé qui meurt avant sa naissance n’en est pas moins aimé et chéri, le chagrin et la douleur des parents ne sont pas moins atroces et prolongés et le sentiment de culpabilité de ne pas avoir été capable de protéger cet enfant n’est pas moins intense. »
Selon l’Organisation mondiale de la Santé des Nations Unies, les cinq causes majeures de la mortinatalité sont les complications lors de l’accouchement, les infections maternelles durant la grossesse, les troubles comme l’hypertension ou le diabète chez la mère, le retard de croissance intra-utérin et les anomalies congénitales.
Des centres de santé débordés
« UN bébé qui meurt avant sa naissance n’est pas moins aimé et chéri, le chagrin et la douleur des parents ne sont pas moins atroces et prolongés » |
« Nous n’avons qu’un seul hôpital qui dessert un district entier et une énorme population. Pour réduire l’irrégularité des visites prénatales - ce qui est l’un des facteurs qui contribuent le plus à la mortinatalité – parmi les femmes enceintes, il faut renforcer les capacités des centres de santé de premier recours pour qu’ils puissent assurer les soins prénatals, » a dit à IRIN Sylvia Warom, la responsable de la maternité de l’hôpital.
« Beaucoup de femmes viennent à l’hôpital quand elles se rendent compte qu’elle sont enceintes et vous ne les revoyez que quand elles sont prêtes à accoucher ; c’est malheureux, car beaucoup arrivent pour accoucher d’un enfant déjà mort, » a t-elle ajouté.
Dans les régions rurales du Nyanza, les centres de santé sont plutôt rares et beaucoup de femmes perdent leur bébé au cours du long trajet entre chez elles et l’hôpital ; d’autres perdent leur bébé en choisissant d’accoucher à la maison. Plus de la moitié de toutes les femmes kenyanes accouchent sans l’assistance de personnel obstétrical qualifié.
D’après la série du Lancet, on estime que 1,2 million de toutes les mortinaissances ont lieu durant l’accouchement lui même, ce qui souligne la nécessité d’augmenter le nombre de femmes qui accouchent en présence de personnel obstétrical qualifié.
Améliorer les soins de santé, améliorer les données
« En Ouganda, seulement 42 pour cent des femmes reçoivent une assistance qualifiée durant l’accouchement, » a dit Robina Biteyi, coordinatrice nationale de la section ougandaise de la White Ribbon Alliance, une ONG internationale dédiée à la santé maternelle. « On estime que 15 pour cent de toutes les grossesses risquent de donner lieu à des complications qui mettent la vie en danger et auront besoin de soins obstétricaux d’urgence ; mais en Ouganda, seulement 24 pour cent des femmes y ont accès. »
D’autres mesures concernent la complémentation en acide folique, la fourniture de moustiquaires imprégnées d’insecticides dans les zones où le paludisme est endémique et un dépistage systématique de la syphilis durant les visites prénatales.
« Nous devons améliorer l’accès à la planification familiale ; les services de planification familiale n’existent pas pour 41 pour cent des familles en Ouganda, » a dit Mme Biteyi. « Il faut également augmenter de toute urgence le nombre de travailleurs sanitaires, améliorer leurs conditions d’emploi et fidéliser [ce personnel]. Il manque actuellement 2 000 sage-femmes en Ouganda », a indiqué Mme Biteyi.
En outre, les auteurs ont mis en évidence un manque indéniable d’information sur le sujet de la mortinatalité ; pour attaquer le problème de façon efficace, il est nécessaire de développer des procédures qui permettent de faire un suivi des mortinaissances et de mieux comprendre leurs causes.
« Pour faire de la prévention de la mortinatalité une priorité, » ont dit les auteurs, « les professionnels de santé ont besoin de données sur les taux, les causes et les mesures de prévention possibles, ainsi que de directives globales. »
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