Alors que les instances régionales et internationales ont à plusieurs reprises exhorté M. Gbagbo à céder la place, les sanctions et les efforts de médiation sont bien incapables de débloquer l’impasse. M. Gbagbo et M. Ouattara ont des administrations rivales et essaient l’un comme l’autre de maximiser leurs ressources et d’isoler l’adversaire. La série de comptes rendus mis à jour par IRIN examine comment les Nations Unies, les instances régionales comme l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les gouvernements occidentaux, et l’Union Européenne (l’UE), réagissent à la crise, et étudie également les conséquences du délabrement de la situation sur l’économie, les droits humains et les problèmes humanitaires.
Les Nations Unies – La croix et la bannière
La résolution 1967 du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée le 19 janvier, autorisait officiellement le transfert de 2 000 militaires supplémentaires de la Mission des Nations Unies au Liberia (MINUL) à l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI). La résolution lançait également un appel – désormais familier – pour que le personnel français et des Nations Unies soit autorisé à circuler librement ; condamnait les incidents de violence et les violations des droits de l’homme ; et exhortait la chaîne d’État, RTI, et d’autres médias à cesser toute couverture médiatique visant « la propagation de fausses informations et l’incitation à la haine et à la violence ».
Dégradation de la situation
Le mandat de l’ONUCI en Côte d’Ivoire a été prolongé jusqu’au 30 juin 2011 et risque fort d’être prorogé bien au-delà de cette date. Selon le Conseil de sécurité, « l’ONUCI opère dans un environnement ouvertement hostile et fait l’objet de menaces directes de la part des forces régulières et irrégulières loyales à l’ancien président Gbagbo ». Même avant les élections, les relations étaient tendues entre l’ONUCI et M. Gbagbo et ses supporters. La certification de la victoire de M. Ouattara et les appels à quitter le pouvoir adressés à M. Gbagbo ont fait de l’ONUCI une cible facile pour des groupes pro-Gbagbo comme les Jeunes Patriotes, et l’équipe ministérielle de M. Gbagbo ne fait aucun cas de la position de l’ONUCI sur la crise.
Depuis Abidjan et New York, les Nations Unies ont cité de nombreux exemples de comportements obstructionnistes autorisés par les autorités de M. Gbagbo ou d’actes de violence orchestrés par ses supporters. On peut notamment citer l’incendie de six véhicules des Nations Unies le 13 janvier ; le refus de dédouaner du matériel destiné à la communauté humanitaire dans le port d’Abidjan ; des coups de feu tirés sur du personnel de l’ONUCI ; et des tentatives de perturbation des convois des Nations Unies. La RTI et d’autres médias pro-Gbagbo demeurent extrêmement critiques envers l’ONUCI. Les Nations Unies ont dû à plusieurs reprises contester les allégations de la RTI concernant des incidents impliquant du personnel de l’ONUCI, et notamment l’utilisation présumée de tirs et de grenades pour rétablir l’ordre public.
À la suite d’allégation de complicité entre l’ONUCI et les Forces Nouvelles – l’ancien mouvement rebelle qui soutient M. Ouattara –, les autorités de Gbagbo ont demandé d’arrêter et de fouiller les véhicules des Nations Unies. Cette requête a été dénoncée à New York par le porte-parole des Nations Unies Martin Nesirky comme « une grave violation de l’accord sur le statut des forces ».
Lors d’une visite à Addis-Abeba à l’occasion du sommet de l’UA à la fin janvier, le Représentant spécial des Nations Unies pour la Côte d’Ivoire M. Choi Young-Jin a dit : « Même si notre mission est de protéger, nous avons des équipements supérieurs et nous pourrons toujours riposter ». Il a cependant insisté sur le fait que les Nations Unies ne répondraient pas à la provocation. « Nous faisons bien attention de ne pas entrer dans leur jeu », a-t-il dit aux journalistes.
Le Secrétaire général des Nations Unies M. Ban Ki-moon a également pris la parole à Addis-Abeba et a réitéré le souhait des Nations Unies de voir M. Gbagbo quitter la présidence : « Nous devons préserver notre position commune, agir ensemble et tenir ferme contre la tentative de M. Gbagbo de s’accrocher au pouvoir en utilisant la force ». M. Ban Ki-moon a explicitement écarté la possibilité de revenir sur les résultats de l’élection, estimant que cela «constituerait une grave injustice et créerait un précédent malheureux».
« Même si notre mission est de protéger, nous avons des équipements supérieurs et nous pourrons toujours riposter » |
Les Nations Unies ont renouvelé le mandat de leur Groupe d’Experts, qui a, par le passé, supervisé l’application des embargos sur les armes et les diamants et l’utilisation par les Nations Unies des sanctions ciblées contre des individus. Si les Nations Unies espéraient que les sanctions ne seraient plus pertinentes après les élections, le Groupe d’Experts est à nouveau à l’œuvre et examine diverses options, notamment l’ajout de nouveaux noms sur les listes existantes afin de « contraindre [ces individus] à coopérer avec les efforts de paix des médiateurs ».
Le rapport du Conseil de sécurité fait état de la requête du ministre des Affaires étrangères nigérian Ajumgobia, qui demande au Conseil d’autoriser officiellement l’usage de la force afin d’évincer M. Gbagbo. Il ajoute que « certains membres du Conseil ne sont pas à l’aise avec cette stratégie pour l’instant », laissant entendre que la Russie et la Chine se montrent particulièrement réticents.
Lors d’un discours [devant le Conseil de sécurité] à New York le 4 février, M. Choi a dit que les 2 000 militaires supplémentaires donneraient à la mission des Nations Unies la « capacité de réaction rapide » dont elle a grandement besoin. Le Représentant spécial a également indiqué qu’un certain nombre de pays avaient promis de fournir des soldats, des policiers et de l’équipement militaire si cela s’avérait nécessaire.
Sources : Conseil de sécurité des Nations Unies, ONUCI, Radio Télévision Ivoirienne (RTI)
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