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Des défis à la hauteur des besoins

Kabo IDP camp in Northern CAR Caterina Pino/IRIN
Selon les estimations de l’OCHA, la République centrafricaine compte près de 192 000 personnes déplacées. La plupart d’entre elles ne vivent pas dans des camps
L’accès et le financement sont parmi les défis majeurs auxquels sont confrontées les quelque 30 organisations d’aide humanitaire qui travaillent en République centrafricaine (RCA), un pays classé au 159e rang sur 169 selon l’Indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Les groupes armés locaux, les affrontements interethniques et les attaques de groupes étrangers comme l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) limitent l’accès à de vastes régions du pays. Selon les estimations du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), 192 000 des 4,5 millions d’habitants ont été déplacés en octobre 2010.

Les personnes déplacées, dont le nombre est passé de 168 000 à 192 000 début 2010, se trouvent principalement dans les régions nord et est du pays, où les groupes armés prolifèrent et où règnent la violence et l’impunité. Selon l’OCHA et l’UNICEF, la plupart se sont réfugiés dans la forêt. Puisqu’ils ne vivent pas dans des camps, ils ne peuvent pas bénéficier des soins de santé, ni avoir accès à l’eau potable et la nourriture [qui y sont offerts].

Des travailleurs humanitaires de Médecins Sans Frontières (MSF) Espagne ont dit à IRIN que la situation sécuritaire limitait considérablement leur liberté de circulation.

De nombreux habitants se sont réfugiés dans les pays voisins, en particulier au Tchad ou au Cameroun, ou dans des régions isolées dans l’espoir d’y trouver la sécurité. Ceux qui l’ont trouvée doivent invariablement faire face à des conditions difficiles, et notamment à l’absence de nourriture, la rareté de l’eau potable et l’impossibilité d’accéder aux soins de santé ou à l’éducation.

« Dans plusieurs régions du nord et du sud-est du pays, l’accès est devenu un problème majeur en 2010 avec la multiplication des attaques des groupes rebelles et de la LRA. Le pays était déjà dans une phase de relèvement qui le rendait particulièrement vulnérable, mais les développements récents ont entraîné le retour de l’état d’urgence, ce qui complique le travail de la communauté humanitaire », a dit à IRIN Benny Krasniqi, directeur pays de The Mentor Initiative, une organisation non gouvernementale (ONG) médicale.

« S’il est si difficile d’assurer le renouvellement du financement, c’est notamment parce la RCA n’est pas le théâtre d’un conflit de haute intensité impliquant des déplacements massifs de population. Elle passe largement inaperçue dans un monde où les tsunamis, les tremblements de terre, les inondations et les troubles sociaux à grande échelle sont fréquents »
« Lorsque les routes sont praticables, elles sont dangereuses. Et inversement. Dans le nord-est du pays, nous pouvons circuler le long des axes principaux, mais les régions plus éloignées sont complètement isolées. Compte tenu des problèmes logistiques, il est très difficile pour nous d’obtenir des informations sur les régions isolées et d’intervenir à temps pour offrir des services essentiels aux populations locales », a-t-il ajouté.

Financement

« Le financement des programmes est un défi permanent en RCA. Jusqu’à présent, la majeure partie de l’argent provenait de subventions à court terme qui, vu la complexité de la situation et les contraintes – la météo, la faiblesse des infrastructures, les pénuries de matériel, etc. – rendent la mise en œuvre dans les délais extrêmement problématique », a dit à IRIN Leland Montell, directeur pays du Comité international de secours (IRC).

« La perte d’un seul bailleur de fonds important, comme l’a vécue l’IRC l’an dernier dans le secteur de la protection, peut entraîner l’abandon de certains projets, des licenciements et la méfiance envers l’ensemble des ONG dans une région donnée. C’est très mauvais pour un programme de pays. Ajoutez à cela l’instabilité inhérente à un contexte post-conflit, et vous comprendrez qu’il est très difficile de maintenir une approche cohérente », a-t-il ajouté.

« S’il est si difficile d’assurer le renouvellement du financement, c’est notamment parce la RCA n’est pas le théâtre d’un conflit de haute intensité impliquant des déplacements massifs de population. Elle passe largement inaperçue dans un monde où les tsunamis, les tremblements de terre, les inondations et les troubles sociaux à grande échelle sont fréquents », a indiqué M. Montell.

« De nombreux [bailleurs de fonds] préfèrent encore investir dans des situations d’urgence plus complexes, comme au Darfour ou au Tchad », a dit M. Krasniqi à IRIN.

Dans le cadre du processus d'appels consolidés (CAP) 2011, les ONG qui œuvrent en RCA ont demandé 128,8 millions de dollars pour la réalisation de 118 projets (elles avaient demandé 149 millions de dollars en 2010). En novembre 2010, le CAP n’était toutefois financé qu’à hauteur de 43,5 pour cent. L’équipe humanitaire nationale (HCT) s’est donc tournée vers des possibilités de financements supplémentaires de la part du Fonds central d'intervention d'urgence des Nations Unies (CERF) et du Fonds humanitaire commun (CHF).

Selon l’OCHA, 6 millions de dollars ont été dégagés grâce au CERF en 2010, et 11,4 millions grâce au CHF (6 millions pour les projets débutant en 2011).

M. Krasniqi a fait remarquer qu’il était souvent difficile de faire comprendre aux bailleurs de fonds que les coûts de livraison du matériel humanitaire sont très élevés dans un contexte comme celui de la RCA.

« On doit se procurer l’ensemble du matériel et des équipements techniques au Cameroun ou au Tchad, et il faut ensuite attendre un mois avant qu’ils soient livrés. L’autre option serait de commander les marchandises en Europe, payer les frais d’expédition et attendre 3 ou 4 mois avant de les recevoir », a-t-il indiqué.

Ressources humaines

Les organisations d’aide humanitaire sont également confrontées à une forte rotation des effectifs internationaux et à la difficulté de déployer du personnel – même local – dans certaines régions.

« Le recrutement est devenu un cauchemar pour plusieurs d’entre nous [organisations d’aide humanitaire]. Il semble qu’il ne soit pas aussi ‘sexy’ de travailler ici qu’à Haïti, au Pakistan ou au Soudan. On met parfois des mois à pourvoir un seul poste, et cela entraîne d’énormes lacunes opérationnelles », a dit M. Krasniqi.

« Même si les organisations d’aide humanitaire internationales offraient des salaires compétitifs, il serait tout de même difficile de trouver des gens compétents pour occuper certains emplois techniques. Et qui veut être envoyé dans des régions isolées et à risque ? »

cp/cb – gd/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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