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Quand les éléphants et les humains s’affrontent

Sereivathana Tuy attends to elephants at Phnom Ta Mao Zoo in Takeo, a province in southeastern Cambodia Contributor/IRIN
Sokha Seang, un riziculteur âgé de 33 ans, se souvient de la nuit, au printemps dernier, où un troupeau d’éléphants a piétiné sa propriété.

« Ils avaient faim. J’étais en colère, mais je comprends pourquoi ils ont fait ça », a-t-il dit. Les pachydermes ont mangé presque toute sa réserve de nourriture.

Au Cambodge, les paysans pauvres comme M. Seang ne peuvent se permettre de perdre leur production. Selon les statistiques gouvernementales, un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté national, qui est de 0,75 dollar par jour.

Ils tuent les éléphants en maraude avec des armes à feu, des bâtons de bambou pointus ou de la nourriture empoisonnée. Parfois, les éléphants réagissent en écrasant les gens.

Cette fois, avec l’aide d’organisations non gouvernementales , M. Seang a résisté à son instinct de répondre par la force. « Nous devons vivre avec eux en paix », a dit M. Seang, qui vit dans le village reculé de Prey Proseth, dans la province de Koh Kong, au sud-ouest du pays.

Protéger les moyens de subsistance et préserver la faune

Les affrontements entre éléphants et fermiers sont communs en Asie. Ils entraînent le déclin de la population animale et des pertes de revenus importantes pour les agriculteurs.

Des spécialistes comme Sereivathana Tuy, 40 ans, encouragent les fermiers à trouver une façon de cohabiter en paix avec les éléphants. M. Tuy est un spécialiste des éléphants qui vit au Cambodge et travaille pour Flora and Fauna International, une organisation à but non lucratif de protection de la nature dont le siège se trouve à Cambridge, au Royaume-Uni.

Il enseigne aux fermiers à alterner des cultures comme le concombre et le radis blanc, qui peuvent être récoltés plusieurs fois par an, ce qui offre moins de chances aux éléphants de les manger.

Les villageois ont également appris à garder les éléphants à distance en plantant des piments autour de leur terrain plutôt qu’en les mutilant avec des armes, car les éléphants n’aiment pas l’odeur de ces plantes, a dit M. Tuy. Cette solution, selon lui, permet aux éléphants comme aux humains de conserver leur mode de vie. Les villageois gardent leurs récoltes et la population d’éléphants peut aussi être préservée, a-t-il dit à IRIN, à Koh Kong.

Au Cambodge, on estime que moins de 500 éléphants vivent actuellement dans la nature. En 1995, on en comptait environ 2 000.

Instaurer la confiance


Les affrontements entre les éléphants et les humains sont devenus un problème après le renversement du régime communiste des Khmers rouges en 1979. Au cours des 20 années qui ont suivi, le développement et l’absence de réglementation ont conduit à la déforestation et forcé les éléphants à chercher de la nourriture et de l’eau sur les terres agricoles, hors des forêts où ils vivaient traditionnellement.

La queue, les défenses et le bout de la trompe des éléphants étaient convoités par certains Cambodgiens, car ils pensaient que ces organes donnaient du pouvoir et ils les exposaient chez eux en signe de prestige. Ces pratiques ont conduit à une hausse du braconnage, a dit M. Tuy.

Dans les années 1990, M. Tuy était conservateur de parc au Cambodge. À cette époque, il a mis sur pied un modèle communautaire visant à mettre fin aux affrontements entre humains et éléphants et reposant sur la confiance des fermiers.

M. Tuy a commencé par recruter des enseignants pour faire connaître les éléphants aux enfants de quatre écoles de villages isolés. Les enfants devaient ensuite transmettre ce qu’ils avaient appris à leurs parents, qui étaient à leur tour censés en discuter avec les autres villageois.

Avant 2005, les mises à mort d’éléphants étaient souvent dénoncées à la police, qui arrêtait les coupables et les incarcérait ou leur infligeait une amende de plus de 2 000 dollars. En vertu du droit cambodgien, les braconniers ou les tueurs d’éléphants risquent une peine de prison de dix ans.

Des villageois en colère ont dit qu’ils ne connaissaient aucune autre manière de protéger leur terre.

La situation pourrait cependant être en train de s’améliorer. M. Tuy estime qu’il y a eu entre cinq et dix attaques d’éléphants envers des humains depuis 2003 et seulement un mort depuis 2005, ce qui laisse penser que les fermiers utilisent des méthodes moins dangereuses pour éloigner les éléphants.

De nombreuses méthodes reposent sur des données empiriques. Une étude menée l’année passée a révélé que « les méthodes communautaires de surveillance des cultures » — c’est-à-dire des méthodes de surveillance collective à l’aide d’outils traditionnels comme celles que M. Tuy enseigne aux villageois – ont permis de repousser environ 90 pour cent des tentatives de maraudage autour du parc national Way Kambas, sur l’île de Sumatra, en Indonésie.

« Cela concorde avec la prise de conscience croissante qu’une grande partie des méthodes proposées par les autorités ne fonctionnaient pas particulièrement bien », a dit à IRIN Simon Hedges, coordoinateur du programme de défense des éléphants d’Asie de la Wildlife Conservation Society, une organisation basée à New York, alors qu’il se trouvait à Londres.

« Il n’est pas très réaliste pour toutes les communautés […] d’Afrique et d’Asie de s’attendre à ce que les gouvernements s’occupent du problème des éléphants à leur place », a-t-il ajouté.

contributeur/ds/mw – gd/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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