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Remous autour de la reprise planifiée des expulsions

South African troops stop illegal migrants from Zimbabwe Guy Oliver/IRIN
À l’approche du 1er janvier 2011, date à partir de laquelle les Zimbabwéens sans papiers se trouveront sous le coup d’une expulsion, les militants des droits humains mettent l’Afrique du Sud en garde contre un désastre humanitaire potentiel, bien qu'un haut responsable sud-africain ait dit que le gouvernement n’avait pas pour objectif de procéder à une « opération d'expulsions massives ».

Des organisations non gouvernementales (ONG) de défense des droits humains qui s’occupent des migrants zimbabwéens ont dit qu’elles se préparaient à assister à des centaines de milliers d’expulsions.

Richard Kadziwe, du Zimbabwe Exiles Forum (ZEF), fait partie d’un comité mis en place par le gouvernement sud-africain pour servir d’intermédiaire sur les questions qui concernent les migrants zimbabwéens. Il a dit : « Nous ne savons pas très bien comment nous préparer à cela [la reprise des expulsions suspendues en avril 2009] – nous espérons que les autorités vont prolonger le délai ».

Modiri Matthews, directeur en chef des services d’immigration du ministère de l’Intérieur, a toutefois écarté l'idée d’une vaste campagne menée contre les migrants zimbabwéens à la fin de l’année.

« D’une part, nous n’avons pas les moyens de rechercher les Zimbabwéens qui n’ont pas de papiers et, d’autre part, pensez à l’image que nous donnerions de ce gouvernement si nous faisions cela – partir à la recherche des Zimbabwéens et les regrouper dans des camions ».

« Et à cette date – le 31 décembre – nous devrons nous occuper d’autres problèmes, car de nombreux voyageurs viennent pour Noël et le Nouvel an ».

« Nous allons effectuer des recherches précises afin de vérifier si le processus de demande d’asile des personnes est toujours en cours – leur situation sera étudiée avant que nous les rassemblions ».

Amélioration de la situation au Zimbabwe ?

En septembre 2010, le gouvernement sud-africain a fixé la date butoir de janvier pour la reprise des expulsions de Zimbabwéens sans-papiers, jugeant que la situation s'était améliorée de manière suffisante au Zimbabwe pour lever le moratoire sur les expulsions.

« Depuis l’année dernière, la situation au Zimbabwe a évolué ; à l’époque, l’économie traversait une mauvaise passe et l’épidémie de choléra n’était pas maîtrisée. Nous avons pensé qu’il n’y avait plus de raison pour que les Zimbabwéens bénéficient d’une dispense spéciale, et [qu’] ils devraient désormais être traités comme tous les autres migrants des pays voisins », a dit M. Matthews.

Le 8 novembre, le Fonds monétaire international (FMI) a indiqué que le Zimbabwe « [terminait] sa deuxième année consécutive de croissance économique soutenue après une décennie de déclin économique », mais a également averti que « la stabilité politique » était également indispensable « pour consolider [les] acquis ». L’annonce faite par le président Robert Mugabe concernant l’organisation d’élections en 2011 a été accueillie avec inquiétude par les ONG, qui craignent que ces élections déclenchent de nouvelles violences.

En avril 2009, l’Afrique du Sud a mis en place un moratoire sur les expulsions et créé un visa de 90 jours pour les Zimbabwéens détenteurs d’un passeport. Le gouvernement se préparait également à instaurer un permis spécial leur permettant de travailler et de résider en Afrique du Sud pour une période pouvant aller jusqu’à trois ans – une décision applaudie par de nombreuses ONG de défense des droits humains. Cette décision n’a cependant pas été appliquée.

Avant la mise en œuvre du moratoire, au moins 300 000 Zimbabwéens étaient expulsés chaque année – provoquant une tension importante au sein du ministère de l’Intérieur, a dit Tara Polzer, une chercheuse du programme d’étude des migrations forcées (FMSP) de l’université de Witwatersrand, à Johannesbourg.

« Nous leurs offrons bien davantage aujourd’hui. Nous avons fait tout notre possible pour les aider », a dit M. Matthews. « Les citoyens zimbabwéens qui travaillent, possèdent des entreprises ou étudient en Afrique du Sud se verront remettre un permis de travail, un permis d’exploitation d’entreprise ou un permis d’étude sur présentation de leur passeport ».

Entre les mailles du filet

''D’une part, nous n’avons pas les moyens de rechercher les Zimbabwéens qui n’ont pas de papiers et, d’autre part, pensez à l’image que nous donnerions de ce gouvernement si nous faisions cela ''
De nombreux travailleurs occasionnels passeront cependant entre les mailles du filet, ont indiqué des ONG, qui s’inquiètent également du sort des nombreuses personnes handicapées qui étaient dans l’incapacité d’obtenir des services au Zimbabwe et qui ont traversé la frontière ces dernières années.

Les ONG considèrent qu’il est difficile pour les travailleurs occasionnels d’obtenir des lettres de la part de leur employeur. « Nombre d’entre eux ont quitté le Zimbabwe dans la précipitation et n’ont même pas de passeport », a indiqué Selvan Chetty, directeur adjoint du Groupe solidarité et paix, une organisation de défense des droits de l’homme confessionnelle.

Braam Hanekom, de l’ONG People Against Suffering, Suppression, Oppression and Poverty (PASSOP), qui s’occupe des personnes déplacées et des réfugiés en Afrique du Sud, a dit qu’il recevait des centaines d’appels téléphoniques de la part de commerçants informels et de travailleurs occasionnels.

Selon Richard Kadziwe, de ZEF, les commerçants informels doivent déposer une demande auprès des autorités gouvernementales locales pour obtenir une licence et « fournir des reçus de paiement pour prouver qu’ils ont un travail ». Mais d’après M. Chetty, nombre d’entre eux ne sont pas au courant. « Ils ont même peur d’aller voir les autorités ».

M. Kadziwe a indiqué que son ONG travaillait nuit et jour pour convaincre les employeurs d’écrire des lettres. « Nous faisons de notre mieux pour aider autant de personnes que possible avant la date butoir ».

« Les autorités devraient étendre le délai. Étant donné l’état des services médicaux au Zimbabwe, je pense que la situation est particulièrement difficile pour les personnes handicapées », a dit M. Hanekom, de PASSOP.

La décision du gouvernement « a été prise dans l’intérêt de l’économie sud-africaine et non pas pour des motivations humanitaires… Comme tout autre pays, l’Afrique du Sud défend ses propres intérêts, mais le fait est que – sachant que de nombreuses personnes vulnérables sont concernées – cela pourrait provoquer un très grave problème [sur le plan] des droits humains », a dit Mme Polzer, ajoutant que les expulsions pourraient entraîner des violences.

Le FMSP estime qu’entre un million et un million et demi de Zimbabwéens vivent en Afrique du Sud. Il est toutefois « extrêmement difficile » de savoir combien d’entre eux sont sans papiers, car « certains bénéficient actuellement d’un visa de 90 jours » ou « sont engagés dans le processus de demande d’asile », a indiqué Mme Polzer.

jk/cb/gd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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