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Davantage de réfugiés en Ouganda vont rentrer chez eux

The Rukomo transit site Gicumbi, where re returnees were first accommodated. The camp is in a sorry state Erich Ogoso/IRIN
Le Rwanda va rapatrier davantage de réfugiés et de demandeurs d’asile vivant en Ouganda, ont dit les autorités en assurant que les craintes d’expulsion par la force étaient infondées.

« Nous ne les obligeons pas, mais nous les incitons à rentrer chez eux et à rejoindre leurs proches », a dit le général Marcel Gatsinzi, ministre rwandais en charge de la préparation aux catastrophes et des réfugiés. « Nous savons que la plupart d’entre eux n’ont pas obtenu le statut de réfugié parce qu’ils ne remplissaient pas les conditions requises ».

En juillet, les autorités rwandaises et ougandaises ont rapatrié 1 700 Rwandais qui vivaient à Nakivale et Kyaka, dans l’ouest de l’Ouganda, lors d’une opération policière fortement critiquée par les groupes de défense des droits humains et par le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

« Un nombre croissant de réfugiés rwandais est venu nous voir après cette vague d’expulsion pour nous faire part de leurs craintes d’être renvoyés chez eux », a dit Chris Dolan, directeur du projet sur les réfugiés et la loi (Refugee Law Project, RLP), basé à Kampala. « Ces gens ne devraient pas être obligés de rentrer chez eux, car ce rapatriement les expose à de graves dangers et viole les lois nationales et internationales ».

La loi internationale sur les réfugiés reconnaît trois solutions pour ce genre de situations : le rapatriement volontaire, l’intégration locale et la réinstallation dans un troisième pays. Selon le RLP, moins d’un tiers des Rwandais réfugiés en Ouganda ont décidé de rentrer chez eux depuis le début de cette opération de rapatriement.

« Encouragement »

David Apollo Kazungu, commissaire aux affaires des réfugiés du cabinet du Premier ministre ougandais, a dit que les Rwandais étaient « encouragés » à rentrer chez eux.

« Le rapatriement est un processus », a-t-il dit à IRIN le 3 novembre. « Nous les encourageons quotidiennement à rentrer chez eux et lorsque quelqu’un est prêt, nous l’aidons à partir ».

Officiellement, a-t-il dit, le nombre de réfugiés rwandais en Ouganda s’élève à près de 15 000. « La plupart d’entre eux se trouvent à Nakivale et à Kyaka », a-t-il ajouté. « Il pourrait y avoir des immigrants illégaux, mais ils ne sont pas dans les camps de réfugiés ».

Le 16 juillet, l’UNHCR a dit que 3 320 Rwandais avaient fait une demande d’asile en Ouganda depuis le début de l’année. Quatre-vingt-dix-huit pour cent ont été refusés en six mois, faisant craindre que les autorités ougandaises n’aient pas traité les demandes d’asile correctement et en toute impartialité.

M. Gatsinzi a dit que le plan de rapatriement cherchait à atteindre jusqu’à 20 000 personnes. « Nous ne pouvons pas expliquer pourquoi un certain nombre de ces réfugiés rwandais en Ouganda refusent d’intégrer le processus de rapatriement volontaire », a-t-il dit à IRIN.

A typical Rwandan hillside
Photo: Erich Ogoso/IRIN
Coteau typique au Rwanda : les personnes rapatriées éprouvent des difficultés à s’installer dans leur village et à se faire accepter par leurs anciens voisins
Recours à la clause de cessation

Le Rwanda prévoit d’avoir recours à la clause de cessation d’ici à décembre 2011, ce qui mettra fin au statut de réfugié et à la protection internationale qui l’accompagne pour les Rwandais vivant en Ouganda. « L’application fautive de la clause pour quelque groupe de réfugiés que ce soit risque de les exposer à de graves violations des droits humains et constitue en soi une violation de la protection internationale », a dit plus tôt le RLP.

« Dès lors, la décision d’avoir recours à la clause de cessation pour tout groupe de réfugiés ne doit pas être prise à la hâte et devrait être étudiée très soigneusement ».

Les autorités rwandaises maintiennent que les retours sont volontaires. Innocent Ngango, secrétaire exécutif du Conseil rwandais pour les réfugiés, a dit que 1 900 réfugiés étaient rentrés. « Le rapatriement volontaire des réfugiés rwandais [des] deux camps de Nakivale et Nshungerezi [au sud-ouest de l’Ouganda] a commencé début avril », a-t-il dit.

La vice-maire de Gicumbi, où les expulsés du mois de juillet ont été hébergés pendant quelques jours dans le camp de Rukomo, a affirmé qu’ils n’étaient pas renvoyés chez eux de force. « C’est totalement faux, à moins que certaines de ces personnes retournées aient fait part de leurs craintes d’être réinsérés dans leur village respectif », a dit Eugenie Uwamahoro à IRIN, dans son bureau, le 28 octobre.

« Nous savons que certains d’entre eux fuient la justice après avoir participé au génocide de 1994 contre les Tutsi », a-t-elle ajouté.

Lorsqu'il lui a été demandé pourquoi les personnes retournées étaient vite renvoyées dans leur village, Mme Uwamahoro a répondu : « Lorsque les personnes revenues d’Ouganda sont arrivées au Rwanda, nous n’étions pas en position de les traiter comme des personnes déplacées, car la plupart d’entre eux avaient toujours une famille et des amis qui pouvaient s’occuper d’eux à leur arrivée dans leur village respectif ».

Le camp de Rukomo avait une capacité de 500 personnes et manquait d’eau et d’espace suffisant pour dormir. Certains ont donc dû dormir dehors. « Le camp était pratiquement abandonné », a dit un travailleur humanitaire à IRIN. Lors d’une visite au camp, le 28 octobre, une source a dit à IRIN que les personnes retournées étaient surveillées par des gardes armés.

Des citoyens de deuxième ordre ?

Des sources ont dit à IRIN que certaines personnes rentrées au pays éprouvaient des difficultés à s’installer dans leur village et à se faire accepter par leurs anciens voisins. Felicien Mutemberezi, agriculteur de 48 ans, du district de Gicumbi, au nord du pays, a dit à IRIN : « C’est scandaleux que certains d’entre nous soient traités comme des citoyens de deuxième ordre par nos voisins ».

Il a ajouté que la plupart des habitants de sa communauté qualifiaient les membres de sa famille de « réfugiés », parce qu’ils s’étaient absentés pendant 16 ans. Il a reconnu que le gouvernement rwandais leur avait fourni un logement et avait satisfait leurs besoins domestiques essentiels, même s’il n’avait pas réussi à récupérer la propriété de son terrain.

Cependant, M. Gatsinzi a contesté les allégations selon lesquelles les personnes retournées éprouveraient des difficultés dans leur village d’origine. « Le gouvernement a toujours offert à ces personnes retournées tous les services nécessaires pour les aider à se réinsérer dans la société », a-t-il dit à IRIN.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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