Une étude du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), menée par le ministère de la Santé publique et de la Population, a montré que 45 pour cent des 26 246 enfants de 6 à 59 mois examinés dans cinq districts de l’ouest de Saada (le gouvernorat a 15 districts en tout) souffraient de malnutrition aiguë.
A un certain endroit, la proportion atteignait trois enfants sur quatre. Dans l’ensemble, 17 pour cent des enfants testés souffraient de malnutrition aiguë sévère (MAS) et 28 pour cent de malnutrition aiguë modérée (MAM), selon un communiqué de l’UNICEF.
Si on additionne la MAS et la MAM, on obtient pour les enfants examinés un taux de malnutrition aiguë globale (MAG) de 45 pour cent. C’est le même chiffre que l’étude faite il y a quelques mois à Akobo, au Sud Soudan par les organisations non gouvernementales (ONG) Save the Children et Medair ; l’étude avait amené les médias à parler dans leurs rapports de « l’endroit le plus affamé au monde ».
La MAG et la MAS sont les principaux indicateurs utilisés dans les études sur la nutrition. La prévalence de MAG et de SAM est fondée sur la proportion d’enfants entre 6 et 59 mois que leurs mesures corporelles classent comme atteints de malnutrition aiguë selon une série de lignes directrices et de normes statistiques.
L’étude ne couvrait que le tiers d’un des 21 gouvernorats du Yémen, mais d’autres évaluations et d’autres études récentes provenant des camps de personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) et des communautés hôtes affectées par le conflit de Saada, révèlent également des taux de malnutrition très élevés, selon Wisam Al-Timimi, spécialiste en nutrition et survie infantile à l’UNICEF. L’étude de Saada s’est servie de la méthode dite du périmètre brachial (MUAC), a dit l’UNICEF à IRIN.
« La malnutrition est la première cause sous-jacente des décès chez les jeunes enfants yéménites et cette sinistre situation pourrait donc constituer un désastre pour les enfants de Saada, » a déclaré Geert Cappelaere, le représentant de l’UNICEF au Yémen. « A l’approche de l’hiver, la menace est sévère pour des milliers d’enfants si nous ne parvenons pas à agir immédiatement. »
M. Al-Timimi a expliqué à IRIN que les enquêteurs de l’étude de Saada de juillet 2010, issus de la communauté, avaient été formés par des consultants UNICEF en nutrition et des maîtres formateurs du Bureau de la santé du gouvernorat de Saada, qui fait partie du ministère de la Santé.
« L’aide alimentaire n’est pas suffisante »
Les combats intermittents depuis 2004 ne sont pas la seule cause du problème. Dans l’ensemble, le Yémen rural ne connaît pas les bases d’une nutrition correcte ; ainsi pour les adultes comme pour les enfants, un petit déjeuner et un diner typiques sont constitués de pain et de thé.
Une projection fondée sur des données nationales allant de 2003 à 2008 et utilisant des indicateurs de poids, de taille et d’âge, suggère qu’au Yémen, 15 pour cent des enfants de moins de cinq ans souffrent de MAG, un pourcentage qui, au niveau de l’Organisation mondiale de la Santé, correspond déjà à une situation d’urgence. Mais la prolongation du conflit de Saada entre forces gouvernementales et rebelles houthis chiites semble avoir aggravé la situation dans le nord.
« Plusieurs enfants nous arrivent dans un état avancé de malnutrition ; leur traitement devient donc coûteux et prend plusieurs mois. Les parents ne donnent pas à leurs enfants malades la nourriture qui leur permettrait de rester en bonne santé et ils ne les amènent pas non plus suffisamment tôt à l’hôpital, » a dit à IRIN Shihab Mohammed, docteur à l’hôpital public al-Salam à Saada City.
Samia Mohammed, une ancienne éducatrice de santé au camp de PDI d’al-Mazraq I dont la population est principalement issue de l’ouest de Saada, a indiqué que des centaines d’enfants étaient déjà malnutris en arrivant au camp. « Leurs mères souffraient aussi de malnutrition, » a t-elle ajouté.
« L’aide alimentaire à elle seule ne peut résoudre la malnutrition », a déclaré M. Cappelaere de l’UNICEF, en ajoutant que des efforts majeurs devaient être faits pour assurer la sécurité alimentaire des familles, modifier les pratiques d’alimentation et garantir eau potable, assainissement et hygiène aux populations affectées par le conflit.
Malgré le cessez-le-feu de février 2010, la situation en matière de sécurité, restée très instable, a empêché l’accès et limité l’action des agences humanitaires.
« L’UNICEF exhorte donc toutes les parties en conflit à Saada ainsi que la communauté internationale, dont la délégation de médiation du Qatar actuellement en visite au Yémen, à garantir l’accès immédiat des acteurs de l’humanitaire à tout le gouvernorat de Saada, afin de s’assurer que les enfants reçoivent l’assistance dont dépend leur survie, » a déclaré M. Cappelaere.
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