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Cultiver des céréales sur des terres africaines

An Indian worker transplants rice on a major commercial agricultural scheme in the Gambella region of Ethiopia. The "land-grab" phenomenon of foreign agricultural investment in Africa has grown since the 2008 food crisis Ben Parker/IRIN
An Indian worker transplants rice on a major commercial agricultural scheme in the Gambella region of Ethiopia
Le gouvernement égyptien espère pouvoir cultiver du blé et d’autres céréales sur des terres fertiles dans des pays africains, afin de nourrir une population croissante qui atteint déjà plus de 80 millions.

Début septembre, il a signé avec le gouvernement soudanais un accord qui permet aux entreprises égyptiennes d’avoir accès aux terres agricoles du Soudan.

« La possibilité de cultiver des plantes essentielles comme le blé dans d’autres pays africains riches en eau et disposant d’une abondance de terres fertiles est une solution sérieuse » a dit Ayman Farid Abu Hadid, le président du Centre de recherche agricole géré par l’Etat, qui a signé l’accord au nom du gouvernement égyptien. « Cultiver du blé dans d’autres pays africains réduira les coûts des importations ».

Selon certaines estimations, l’Egypte consomme environ 14 millions de tonnes de blé par an, dont elle ne produit que 60 pour cent. Le système de subventions du blé égyptien a connu récemment des difficultés et l’Egypte a en outre été affectée par l’interdiction de la Russie d’exporter du blé. L’Egypte était en effet un des principaux importateurs de blé russe.

Le gouvernement a déclaré en août qu’il avait l’intention d’atteindre 70 pour cent d’autosuffisance en blé d’ici 2017. Le ministre de l’Agriculture Amin Abaza a affirmé que pour produire suffisamment de blé pour nourrir sa population, l’Egypte devait augmenter la surface cultivée de 1,26 million d’hectares actuellement à environ 2,1 millions d’hectares.

L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a déjà exprimé ses inquiétudes quant aux conséquences que pouvait avoir l’augmentation des prix du blé sur les budgets des pays d’Afrique du Nord.

Selon Abdolreza Abbassian, économiste à la FAO, dans les pays où les gouvernements dépendent des subventions sur le pain pour empêcher les troubles sociaux, un déclin de la production et une augmentation des prix pourraient avoir de sévères répercussions.

« Certains de ces pays sont politiquement instables et ne peuvent tout simplement pas se permettre de déclencher des troubles sociaux en laissant le pain devenir plus cher », a dit M. Abbassian. « Le blé est une part essentielle de l’alimentation [de ces pays]. Les pauvres urbains seraient durement touchés et les gouvernements seront donc très prudents », a-t-il dit aux médias en août.

Le secteur privé

Le secteur privé égyptien, qui, dans le cas du Soudan, aura l’autorisation de cultiver 420 000 hectares, va être le premier à favoriser l’expansion de la culture des céréales dans d’autres pays africains.

Saad Nassar, conseiller auprès du ministre égyptien de l’Agriculture, a dit que l’accord permettrait aux entreprises égyptiennes de faire pousser au Soudan plusieurs types de cultures dans la région bien irriguée d’Al-Gezira au sud de Khartoum et que le rôle du gouvernement égyptien se limiterait à fournir l’assistance technique nécessaire.

Selon les autorités égyptiennes, les pays africains et ceux du bassin du Nil, comme l’Ouganda, le Rwanda, le Kenya et l’Ethiopie, se trouvent en haut de la liste établie par le gouvernement des endroits les plus à même d’accueillir des investissements agricoles.

Rareté de l’eau

Elles ont ajouté que non seulement cette évolution renforcerait les liens avec ces pays africains, mais qu’elle éviterait à l’Egypte de dépendre de ses ressources en eau si limitées.

« La rareté de l’eau est le principal obstacle qui empêche l’Egypte ne serait-ce que de se rapprocher de l’autosuffisance alimentaire », a dit Abdel Salam Gomaa, un des principaux experts agricoles. « Cette réalité étouffe toute tentative destinée à atteindre l’autosuffisance ».

Une étude de marché récente a noté que l’Egypte aurait besoin de 86 milliards de mètres cubes d’eau par an d’ici 2017 (le Nil lui en fournit actuellement 55 milliards), mais selon cette étude, commanditée par l’Etat, l’Egypte ne pourra alors disposer que de 70 milliards de mètres cubes.

Quoiqu’ils soutiennent l’initiative gouvernementale avec enthousiasme, M. Gomaa et d’autres experts qui partagent son avis ont déconseillé de compter trop largement sur la générosité des autres pays africains dans le domaine de l’eau.

Pour eux, n’importe quel geste pourrait bien venir confirmer les pires craintes des décideurs politiques des pays du bassin du Nil pour qui l’Egypte a une idée en tête : accaparer pour elle seule autant d’eau que possible. « C’est un véritable dilemme », a déclaré M. Gomaa. « Ces pays sont extrêmement susceptibles dès qu’on parle de la part des eaux du Nil qui leur revient, surtout quand il s’agit de l’Egypte ».

Plusieurs pays en amont ont commencé récemment à faire pression pour une redistribution de l’eau du Nil. Ces pays disent que deux accords datant de l’ère coloniale – et signés en 1929 et en 1959 – accordent de façon injuste trop d’eau à l’Egypte et au Soudan, laissant leurs propres populations à sec.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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