Les soldats des deux entités se sont affrontés dans le passé pour le contrôle des régions frontalières. Il existe également un désaccord sur la question de la souveraineté : le Somaliland a unilatéralement proclamé son indépendance en 1991, et le Puntland, tout en s’octroyant un certain degré d’autonomie, reconnaît Mogadiscio à la fois comme sa propre capitale et comme celle du Somaliland.
« On ne choisit pas ses voisins, qu’il s’agisse d’une région ou d’un Etat ; c’est pourquoi nous allons désormais coopérer avec l’Etat somalien du Puntland sur les questions de sécurité de la région [de la Corne de l’Afrique] », a dit Mohamed Abdi Gabose, ministre de l’Intérieur du Somaliland, le 26 septembre à Hargeisa, capitale du Somaliland.
« Bien entendu, cela ne signifie pas que nous nous unissions au Puntland, ni aux autres zones de conflit. Nous aborderons plus tard les problèmes [de sécurité] », a-t-il ajouté.
« Nous [le Somaliland] souhaitons dorénavant collaborer sur les questions de sécurité car il semble que certains groupes hostiles à la paix aient l’intention de menacer notre paix », a-t-il dit.
Ce rapprochement fait suite à une reprise des affrontements en juillet, à Galgala, une région située du côté Puntland de la frontière, entre les forces de sécurité du Puntland et les soldats fidèles à Sheikh Mohamed Said Atom, chef rebelle accusé d’entretenir des liens avec Al-Shabab, principal groupe islamiste opposé au Gouvernement fédéral de transition (GFT) somalien. M. Atom et Al-Shabab ont tous deux nié l’existence de tels liens.
« Bien sûr, le gouvernement [du Somaliland] est préoccupé par la guerre à Galgala car, que ces groupes gagnent ou perdent, ce ne sera pas bon pour le Somaliland : s’ils l’emportent, ils chercheront peut-être à étendre leur présence plus loin, au Somaliland », a prévenu M. Gabose.
En attendant, Hargeisa est confrontée à un autre problème de sécurité : un groupe armé qui prétend combattre pour libérer les régions frontalières de Sool, Sanag et Cayn (et qui porte leur nom) au Somaliland. Ce groupe, qui juge illégitimes le gouvernement et la souveraineté du Somaliland, dit avoir formé son propre gouvernement.
Un engagement plus ferme
« Nous nous réjouissons de l’ouverture du nouveau gouvernement du Somaliland et de son intention de résoudre les problèmes dans la paix et par le biais de négociations », a dit Abdihakim Ahmed Guled, ministre de l’Information du Puntland, au sujet des déclarations de M. Gabose.
Photo: Wikimedia Commons |
Le Puntland et le Somaliland ont convenu de collaborer pour faire face à des menaces de sécurité communes |
En attendant, certains membres de la communauté internationale se sont engagés plus fermement en faveur à la fois du Somaliland et du Puntland, notamment les Etats-Unis, qui prévoient de dépêcher sur place davantage de diplomates et de travailleurs humanitaires.
« Nous pensons que ces deux parties de la Somalie sont des zones de relative stabilité politique et civile, et qu’elles seront même un rempart contre l’extrémisme et le radicalisme qui pourraient émerger du sud », a dit Johnny Carson, secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines, le 24 septembre.
Les Etats-Unis ont toutefois souligné que cette initiative ne marquait pas le début d’un processus de reconnaissance de l’indépendance du Somaliland.
En commentaire à l’initiative américaine, Sally Healy, chercheuse associée du programme Afrique de la Chatham House, a dit à IRIN : « Les deux territoires sont assez efficacement administrés par des autorités hostiles à Al-Shabab et à la montée de l’extrémisme en Somalie. Leur position stratégique est importante face aux menaces de sécurité qui émanent du Golfe d’Aden ».
« Ils ont des diasporas importantes et influentes en Occident. Alors il est tout à fait logique que les Etats-Unis fassent affaire avec eux, au lieu de mettre tous leurs œufs dans le panier du GFT, qui reste extrêmement fragile ».
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