Les pêcheurs du lac Manchar, le plus grand lac d’eau douce du Pakistan, situé dans la région de Dadu (province du Sind), espèrent que l’afflux des eaux de l’Indus permettra d’atténuer la contamination causée, ces dernières années, par les déversements d’effluents industriels.
« Cette eau douce nous amènera du poisson. Nous avons vraiment de bonnes raisons de nous réjouir ; bien qu’évidemment, ces crues soient un drame pour les populations du Sind, et cela, aucun d’entre nous ne peut l’oublier », a déclaré Abdullah Deenu, un pêcheur de 50 ans.
Le débordement des eaux du lac Manchar a provoqué des inondations dans 250 villages des environs, selon les médias locaux, et représente une menace pour tous dans la région.
La majorité des 100 000 habitants de Bhan Saeedabad ont quitté la ville pour s’installer dans des zones plus sûres. Environ 35 000 habitants du sous-district de Sehwan camperaient à la belle étoile le long des routes, et 15 000 personnes se trouvent coincées dans les villages.
Le niveau dangereusement élevé des eaux du lac menace les 15 000 à 20 000 pêcheurs qui y travaillent, selon Sami Memon, porte-parole du Forum des familles de pêcheurs du Pakistan, un organisme sis à Karachi, qui représente les communautés de pêcheurs.
« Les populations ne sont pas en sécurité à Manchar, en ce moment ; les villages de pêcheurs sont inondés », a rapporté M. Memon à IRIN. Ce dernier pense toutefois que l’afflux de l’eau douce de l’Indus dans le lac apportera de nouveaux stocks de poissons.
Photo: Naseer Memon/IRIN |
Les pêcheurs peinent de plus en plus à gagner leur vie à Manchar |
Espèces disparues
A Manchar, la détérioration de l’environnement et la perte de poisson qui en résulte sont une source de vives préoccupations depuis plusieurs années : de nombreuses espèces que l’on trouvait autrefois dans le lac ont disparu en raison de la pollution.
Des milliers de pêcheurs ont quitté Manchar car ils ne parvenaient plus à y gagner leur vie.
« Je suis triste d’avoir quitté Manchar, mais nous n’avions pas le choix », a dit à IRIN Ghulam Mallah, un pêcheur de 40 ans ; parti il y a trois ans, M. Mallah exerce désormais sa profession de pêcheur sur la côte, à Karachi. Malgré les difficultés causées par les inondations, a-t-il dit, l’afflux d’eau douce dans le lac sera accueilli « à bras ouverts » par bon nombre d’habitants qui pêchent encore à Manchar.
« La crue actuelle permettra de rajeunir l’écosystème du lac et de réduire la contamination, du moins pour quelque temps », a dit Naseer Memon, environnementaliste et directeur de l’organisation non gouvernementale (ONG) Strengthening Participatory Organization.
Les pêcheurs des villages des environs de Manchar espèrent qu’à leur retour, dès le retrait des eaux de crue, ils trouveront de nouvelles espèces de poissons et un lac moins pollué. « Même si cela ne dure pas longtemps, au moins, cela nous donnerait de l’espoir », a dit le pêcheur M. Deenu.
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