« Pendant la période du Ramadan, j’avais l’habitude de me rendre à une distribution gratuite de riz cuit avec de la viande tous les jours pour l’Iftar [repas de rupture du jeûne], dans une grande maison près de chez moi », a dit Zahida Bibi, une veuve de 50 ans qui travaille en tant que laveuse pour élever ses quatre filles.
« C’était les meilleurs repas qu’on avait pendant des mois. D’habitude, on se nourrit de “rotis” [pain plat] et de conserves deux fois par jour, car nous n’avons pas les moyens d’acheter autre chose ». Elle a expliqué qu’il n’y avait pas eu de distribution de nourriture cette année, car les propriétaires de la maison avaient décidé de faire des dons aux victimes des inondations.
« Dans cette situation, que font les gens comme nous ? » s’est demandé Zahida, qui gagne 5 000 roupies (58 dollars) par mois. Elle a dit qu’elle ne pouvait pas acheter les aliments qu’elle et ses filles mangeaient d’habitude en raison de l’augmentation des prix pendant le Ramadan. « Nous avons souvent faim – et cela n’a rien à voir avec le jeûne », a-t-elle indiqué.
D’autres personnes évoquent des problèmes identiques. « Nous attendons le Ramadan avec impatience, car nous mangeons mieux pendant cette période. Les gens riches donnent des aliments, comme du lait sucré avec des amandes», a expliqué Faisel Hamid, 15 ans, étudiant au séminaire de Lahore. « Mais cette année, peu de gens ont envoyé de quoi nourrir les quelque cent enfants de notre école. C’est peut-être parce que les temps sont durs ou parce que l’argent est donné aux victimes des inondations ».
Faisel, comme beaucoup d’autres étudiants de ce séminaire, y a été inscrit car ses parents étaient trop pauvres pour l’élever lui et ses deux frères.
Paradoxe
De manière paradoxale, la consommation est en hausse pendant le Ramadan.
Uzma Hamid, 40 ans, est une femme au foyer de Lahore dont le mari gagne 20 000 roupies [233 dollars] par mois. Elle a dit à IRIN : « Avec un budget de 5 000 roupies [58 dollars] pour faire les courses pour un mois, je n’arrive généralement pas à mettre beaucoup d’argent de côté. Pour le Ramadan, je dépense au moins 6 000 roupies [environ 70 dollars] ».
Pendant le Ramadan, les familles souhaitent manger des mets raffinés. Ainsi, les commerçants, qui espèrent faire davantage de profits, augmentent les prix de produits comme la farine de pois chiche, le sucre, les fruits et d’autres aliments utilisés dans les recettes des plats traditionnels les plus appréciés.
« Nous ne souhaitons pas mettre les gens dans l’embarras, mais nous devons nous aussi trouver le moyen de nourrir nos familles », a dit à IRIN Muhammad Hussain, propriétaire d’un magasin d’alimentation générale.
Système de subvention inefficace
Généralement, le gouvernement propose des stocks de produits alimentaires subventionnés pendant le Ramadan, mais cela ne semble pas être systématique dans plusieurs grandes villes cette année.
Ainsi, les médias locaux ont signalé qu’il n’y avait pas de farine, de sucre et de viande sur les marchés de Lahore mis en place par le gouvernement pour vendre des produits alimentaires à des prix contrôlés pendant le Ramadan.
Cependant, Sajjad Bhutta, responsable de la coordination du district de Lahore, a dit à IRIN : « Nous garantissons la disponibilité des oignons, des pommes de terre et d’autres produits alimentaires très demandés pendant le Ramadan ».
Selon le Bureau fédéral des statistiques, l’inflation annuelle des prix des produits alimentaires était de 12,34 pour cent en juillet, mais les inondations pourraient alimenter l’inflation, et l’augmentation de la demande pendant le Ramadan pourrait aggraver le problème.
« En raison des inondations, nous ne recevons pas de légumes de certaines régions. Les routes sont en mauvais état. L’offre a baissé et les prix ont augmenté en conséquence, et le fait que cela arrive pendant la période du Ramadan implique une hausse de la demande », a expliqué Muhammad Baksh, un vendeur de primeurs. « Il y a quelques jours, j’ai vendu des oignons à 30 roupies [0,34 dollars] le kilogramme. Aujourd’hui, leur prix est monté à 40 roupies [0,46 dollars] ; le prix des tomates a été multiplié par deux en l’espace d’une semaine et elles sont désormais vendues à 80 roupies [0,93 dollars] le kilogramme », a-t-il indiqué.
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