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Des perspectives pour l’avenir de l’agriculture

Jean-Paul Remanoby is widely regarded as the best farmer in Anjanavelo, a small community in southern Madagascar - his peers selected him to be the first recipient in a programme offering new farming techniques and inputs - like improved seeds and alterna Tomas de Mul/IRIN
Jean-Paul Remanoby is widely regarded as the best farmer in Anjanavelo, a small community in southern Madagascar
Après 20 ans de relative indifférence, l’agriculture africaine devient soudain un sujet brûlant, avec une croissance substantielle de la production et un intérêt nouveau de la part des bailleurs de fonds pour financer ce secteur. C’est le message qui émerge d’une série de séminaires organisés actuellement à Londres et qui s’intéressent aux contraintes et aux opportunités des cultivateurs africains.

Les données présentées sont impressionnantes et – d’après Steve Wiggins, qui dirige le programme agriculture du Britain’s overseas development Institute – elles confondent les pessimistes qui préjugent que la situation est pire qu’elle ne l’est en réalité.

« J’entends souvent dire que l’Afrique est à court de nourriture pour ses habitants », a dit M. Wiggins à un séminaire. « Maintenant, à moins que ces statistiques soient de la foutaise totale, ce n’est tout simplement pas vrai. Les indices montrent que 16, 17, 18 pour cent de nourriture supplémentaire, par rapport au début des années 80, sont produits par tête d’habitant ».

Deux régions en particulier – l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique du Nord – émergent du lot, a-t-il dit, bien qu’il y ait des signes que la production en Afrique de l’Est puisse elle aussi être en train de croître.

« Pour ceux d’entre nous qui travaillent en Afrique, les gens utilisent l’Asie comme un bâton pour nous taper dessus », a dit M. Wiggins. « Et bien, d’après ce que je peux voir, il y a deux morceaux d’Afrique qui ont fait aussi bien que l’Asie au cours du dernier quart de siècle ».

L’un des autres orateurs de la session d’ouverture était Ousman Badiane, directeur pour l’Afrique de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (International food policy research Institute, IFPRI) à Washington. Il a désigné le milieu des années 90 comme étant le moment où l’Afrique a réellement changé de cap.

Sans aucun autre changement majeur pouvant expliquer ce redressement, M. Badiane l’a attribué aux programmes d’ajustement structurel que tant de pays avaient été persuadés de mettre en œuvre. « Je pense que cela est le résultat de ces programmes de réforme profonds et compliqués des années 80. Je me souviens des souffrances [pour les mettre en place], mais cela a complètement modifié l’environnement pour l’agriculture ».

Défis et opportunités

Les deux orateurs ont convenu que l’explosion des prix alimentaires en 2008 et la crise économique mondiale présentaient à la fois des défis et des opportunités pour les agriculteurs africains. Ils se sont inquiétés du protectionnisme croissant observé en Asie – un marché potentiel majeur pour les produits de l’agriculture africaine – et du fait que la rapidité de développement de l’Asie pourrait avoir fermé une fenêtre d’opportunité pour la propre industrialisation de l’Afrique. M. Wiggins a souligné que « le meilleur stimulant pour la plupart des cultivateurs est une ville florissante ».

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Par-dessus tout, ils se sont inquiétés de ce que les gains des 20 dernières années puissent être anéantis. M. Badiane a mentionné une nouvelle loi adoptée au Kenya pour réinstaurer le contrôle des prix des produits de l’agriculture. « C’est là où le Kenya se situait il y a 25 ans », a-t-il dit. « Le danger est que la génération de dirigeants ayant subi les souffrances de ces réformes ne sont plus en activité. Donc les dirigeants d’aujourd’hui peuvent faire les mêmes erreurs que ceux d’il y a 25 ans ».

Il a ajouté : « Il est tout simplement pour moi inimaginable qu’un agriculteur se lève tous les jours, produise de la nourriture, et que quelqu’un prétende qu’il s’agit d’un bien commun – ‘C’est notre riz, c’est notre maïs’. C’est incroyable. Personne ne va dans les champs avec eux, mais une fois qu’ils ont fait pousser leurs produits, tout le monde les revendique comme étant les leurs. Ceci doit changer. Il s’agit de produits privés, ils appartiennent aux agriculteurs. Et ils doivent pouvoir les vendre aux prix que le marché peut offrir ».

CAADEP

M. Badiane a dit voir le projet CAADEP (Comprehensive African agricultural development programme, Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine) de l’Union africaine comme une influence contre ce genre de retournement des politiques, en tout cas tant que ce projet donnera la parole aux cultivateurs.

Les deux premiers séminaires ont tous deux été à l’origine de discussions sur le CAADEP, qui oblige les gouvernements membres à allouer 10 pour cent de leur budget national à l’agriculture et les encourage à élaborer un plan cohérent auquel les bailleurs de fonds puissent souscrire.

Mais il existe un niveau considérable de scepticisme sur le CAADEP. Un participant, travaillant actuellement au Malawi, a décrit la course frénétique pour élaborer un programme qui puisse être présenté aux bailleurs, et a dit qu’il n’avait rien vu depuis qui prouve que l’argent ait été mis à disposition.

Christie Peacock, responsable de l’ONG Farm Africa, lui a fait écho. « Il y a si peu de vision », a-t-elle dit. « Je suis très sceptique quant au processus CAADEP. C’est censé être dirigé par l’Afrique, mais il s’agit en fait souvent d’un processus du sommet vers la base ».

Elle a également fait écho aux réserves exprimées par plusieurs participants selon lesquels même si des fonds étaient désormais consacrés au développement de l’agriculture, à la fois à travers le CAADEP et le Programme ‘Feed the future’ du gouvernement américain, il n’y avait aucun plan bien conçu établissant la manière dont il devrait être utilisé. « Je pense que nous manquons vraiment de vision en ce moment », a dit Mme Peacock. « Après 20 ans de manque d’intérêt, le danger est de réinventer la roue encore et encore ».

Mais l’un des principaux orateurs du deuxième séminaire, le professeur Sir Gordon Conway, auteur de ‘The Doubly green revolution’, s’est montré plus optimiste sur les financements : « Je pense réellement qu’il y aura de l’argent – environ un milliard de dollars de l’USAID [Agence américaine pour le développement international] cette année, et un milliard de plus ensuite. Peut-être pas les 3,5 milliards qui ont été évoqués, mais autour de 2,7 milliards seront disponibles ».

« Il y a 20 ans [circulait] une idée selon laquelle l’Afrique n’avait pas besoin de développement agricole, que le secteur privé ferait tout, et cette vision est toujours présente chez certaines agences donatrices. Mais l’une des conséquences de la crise des prix alimentaires est que nous avons des choses comme le Programme Feed the future, qui s’intéresse aux propres plans des pays. Il reconnaît que les pays sont différents, leur demande ce qu’ils ont l’intention de faire et agit en conséquence, et je pense qu’il s’agit d’une approche plutôt bonne ».

La série de séminaires africains est organisée par le Future agricultures Consortium et le Overseas development Institute. D’autres sessions, sur les marchés, les questions foncières et le développement fondé sur l’agriculture dans un monde urbanisé seront organisées jusqu’à début septembre.

eb/cb/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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