1. Accueil
  2. East Africa
  3. Kenya

Risque de viol dans les blocs sanitaires du bidonville

Mathare Valley slum in Nairobi, Kenya. Mathare is one of the biggest slums in Africa. 20 July 2007. Julius Mwelu/IRIN
Vue aérienne du bidonville de Mathare (photo d’archives) : Des infrastructures sanitaires inadaptées exposent les femmes à la violence sexuelle dans les bidonvilles
Judy Wanjiku, 26 ans, a perdu une dent lors d’une tentative de viol dans le bidonville de Mathare, dans la capitale kényane Nairobi, alors qu’elle se rendait à pied un soir vers l’un des blocs sanitaires situé non loin de son habitation.

« Il était environ 20h et j’avais besoin d’utiliser les toilettes. Alors que je marchais vers l’une [des installations sanitaires], j’ai vu un groupe d’hommes, parmi lesquels j’en ai reconnu un que je connaissais, donc je savais qu’ils ne me feraient rien », a dit Mme Wanjiku.

« J’ai appelé le nom de l’homme que je connaissais et j’ai été surprise que ce soit lui qui me tienne pendant que les autres essayaient de me déshabiller. Ils m’ont frappée parce que je criais et l’un d’entre eux m’a donné un coup de poing dans les dents. Mes cris m’ont sauvée parce que des gens sont venus à mon secours au moment où l’un des hommes était en train de baisser son pantalon ».

Les personnes qui se sont portées au secours de Mme Wanjiku l’ont aidée à se rendre à l’hôpital pour y recevoir des soins médicaux.

« Quelques jours plus tard, je suis rentrée de l’hôpital, le gang est venu me chercher, ils voulaient me frapper. J’ai dû promettre que je ne les [dénoncerais] pas et que je ne dirais rien, parce que je considère que même si je portais plainte à la police, elle ne serait pas toujours là pour me protéger », a dit à IRIN Mme Wanjiku.

Des épreuves comme celle que Mme Wanjiku a eu à affronter sont quotidiennes pour de nombreuses femmes dans les sites d’implantation informels, et font l’objet de toutes les attentions d’un rapport d’Amnesty international, « Insecurity and Indignity: Women's Experiences in the Slums of Nairobi », lancé le 7 juillet à Nairobi.

Le rapport condamne la menace permanente de violence sexuelle et le manque de présence policière dans les bidonvilles, dont la conséquence est que de nombreuses femmes ont trop peur de sortir de chez elles pour se rendre dans les toilettes et les douches publics.

En dépit des efforts déployés par le gouvernement pour améliorer l’habitat et les infrastructures des sites informels, il faut faire davantage pour répondre aux besoins et aux problèmes spécifiques aux femmes, a dit Godfrey Odongo, chercheur d’Amnesty international pour l’Afrique de l’Est, lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion du lancement du rapport.

L’organisation de défense des droits humains a appelé le gouvernement à obliger les propriétaires de logements dans le bidonville à fournir des installations sanitaires décentes, ou à les aider à le faire s’ils n’en sont pas capables. Le gouvernement devrait aussi améliorer la sécurité, l’éclairage et la présence policière dans les bidonvilles, selon le rapport.

Manque de mise en application

« Il y a un énorme fossé entre ce que le gouvernement s’est engagé à faire et ce qu’il se passe dans les bidonvilles chaque jour », a dit M. Odongo. « Les politiques nationales du Kenya reconnaissent le droit à des installations sanitaires, et des lois et des normes sont en place. Cependant, en raison de plusieurs décennies d’échec à reconnaître les bidonvilles et les sites d’implantation informels, les lois et règlements prévus ne sont pas mis en application dans ces zones ».

En conséquence, a dit M. Odongo, les femmes de ces zones de Nairobi « sont devenues prisonnières de leurs propres logements à la nuit tombée, et parfois bien avant la pénombre. Elles ont besoin de davantage d’intimité que les hommes lorsqu’elles vont aux toilettes ou se laver, et l’inaccessibilité des structures rend les femmes vulnérables face au viol, les piégeant dans leurs propres habitations ».

Même dans la journée, a dit M. Odongo, les structures sanitaires publiques sont peu nombreuses et éloignées les unes des autres dans les bidonvilles, et s’y rendre implique souvent de parcourir de longues distances à pied.

Citant des « chiffres officiels », Amnesty international a dit que seulement 24 pour cent des résidents des zones d’implantation informelles de Nairobi avaient accès à des installations sanitaires à domicile.

Justus Nyang’aya, directeur du bureau d’Amnesty international au Kenya, a dit que son organisme avait partagé le rapport avec les autorités gouvernementales concernées, telles que le département de la santé publique, le ministère de l’Eau et la municipalité de Nairobi, et qu’il avait reçu des réponses positives.

js/cb/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join