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Un rôle vital pour les produits alimentaires locaux

Young men in the Burkina Faso capital Ouagadougou loading Plumpy Nut onto a truck for transport to health centres throughout the country. April 2010 Nancy Palus/IRIN
Les denrées alimentaires locales – telles que le sésame, le tamarin et certaines feuilles – constituent des outils vitaux dans la lutte contre la malnutrition, selon des travailleurs humanitaires qui sensibilisent des familles dans le nord du Burkina Faso.

Les communautés qui connaissent la valeur nutritionnelle de ces produits locaux, et ont les moyens de les conserver et de les utiliser, sont beaucoup moins vulnérables, ont noté l’organisation non gouvernementale (ONG) Eau Vive et des travailleurs sanitaires locaux.

« Les éléments de nutrition se trouvent autour de nous, ici même », a dit Léopold Balima, un travailleur sanitaire à Dori, une localité du nord du Burkina Faso, qui a travaillé avec Eau Vive pour montrer aux villageois comment incorporer des ingrédients disponibles localement dans les repas. « Par exemple, on a la vitamine A dans les plantes, dans les feuilles… et on peut faire une bonne sauce pour les enfants ».

Des travailleurs sanitaires forment des femmes de la région à préparer une bouillie fortifiée à base de produits tels que le tamarin, le soumbala (un haricot local), le poisson et le fruit du baobab, a dit à IRIN Blandine Koné, sage-femme et éducatrice nutritionnelle dans la localité voisine de Gorom-Gorom. Ces femmes forment à leur tour leurs pairs au village. Eau Vive montre aussi aux populations comment tirer le meilleur du lait de leur bétail, en termes de valeur nutritionnelle.

« On produit beaucoup de lait dans la région du Sahel [où de nombreuse familles élèvent du bétail] de juillet à septembre », a dit à IRIN Juste Hermann Nansi, directeur pays d’Eau Vive. « Mais la majorité des gens jettent les surplus [de lait] faute de moyens pour les conserver ». Dans le cadre d’un projet de « sécurité alimentaire durable » financé pour trois ans par l’Union européenne, l’ONG apprend aux habitants à fabriquer un fromage qui se conserve plus longtemps que le lait et apporte un complément nutritionnel aux repas.

Des produits locaux conservés correctement peuvent contribuer à améliorer la valeur nutritionnelle des repas en particulier pendant la saison sèche, a dit Maïmouna Sanon Traoré, de l’Union européenne au Burkina Faso. « Les produits locaux sont recommandés au Sahel parce qu'ils sont disponibles sur place, s'adaptent aux habitudes alimentaires des populations et sont plus accessibles pour ces populations pauvres et vulnérables… le but ultime étant de prévenir la malnutrition et de lutter contre. »

Dépendance à l’aide alimentaire

Pour M. Nansi d’Eau Vive et des travailleurs sanitaires dans le nord du Burkina Faso, la promotion des produits locaux est aussi un moyen de combattre la dépendance. « Le fait que la région Sahel [soit] très sensible – sécheresse, manque d’eau, malnutrition – il y a une assistance perpétuelle. La zone est le plus souvent submergée [par] l’aide [extérieure]. Cela cultive quelque chose dans l’esprit des gens. », a dit M. Nansi. « Si notre approche marche et des gens arrivent à réduire le taux de malnutrition, on aura moins besoin de l’aide [extérieure] pour lutter contre la malnutrition ».

Eau Vive et les travailleurs sanitaires ont dit qu’il avait été difficile au départ de susciter l’intérêt des villageois concernant leur approche.

« Nous leur avons demandé de venir assister à nos démonstrations avec des ingrédients locaux », a dit à IRIN Mme Koné, la formatrice en nutrition. « Au début ils étaient déçus que nous ne venions pas avec des sacs de nourriture mais ensuite ils ont vu qu’ils avaient de bons aliments nutritifs à portée de main ».

Women attach containers of water to a donkey to transport to their home, several kilometres from a pump. Dori, northeastern Burkina Faso. April 2010
Photo: Nancy Palus/IRIN
Des femmes transportent de l’eau depuis la pompe de leur village à environ 15 kilomètres de Dori, dans le nord du Burkina Faso. Les travailleurs humanitaires disent que le manque d’eau provoque des problèmes sanitaires et nutritionnels
M. Balima, le travailleur sanitaire, a dit : « la sensibilisation est le seul moyen de faire comprendre à notre population actuelle qu’il ne faut pas compter sur l’aide extérieure ».

Un régime alimentaire monotone

Malgré tout, les experts en nutrition disent que les régimes alimentaires locaux sont souvent déficitaires en nutriments essentiels, et que les projets de promotion des produits locaux doivent encore être mis en œuvre sur une échelle suffisamment grande pour réduire la malnutrition de manière significative.

« De nombreuses communautés dans cette région tendent à avoir un régime alimentaire très simple et monotone, et nous travaillons en permanence pour élargir la variété d’aliments qu’elles consomment », a dit Robert Johnston, spécialiste en nutrition du bureau régional du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Afrique de l’Ouest et centrale.

Les produits fortifiés – qu’ils soient fabriqués localement ou à l’extérieur – continueront à constituer un outil important dans la réduction de la malnutrition infantile dans la région, a-t-il dit. « On trouve [des pâtes et des céréales fortifiées] dans toute l’Afrique de l’Ouest », a-t-il dit, ajoutant qu’une tâche importante pour l’UNICEF, l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, était de s’assurer que de tels produits étaient sûrs. « Je pense que la plupart d’entre nous ne peut voir comment ces produits pourraient satisfaire les besoins en micronutriments et nutriments des jeunes enfants dans la région ».

Il a dit que promouvoir une diversification des aliments dans les régimes alimentaires des jeunes enfants était nécessaire et bénéfique, mais a souligné que ces produits devaient être disponibles et faire déjà partie des habitudes alimentaires des personnes en charge des enfants.

Eau Vive effectue actuellement un travail nutritionnel dans 104 villages du nord du Burkina Faso ; la surveillance de la croissance des jeunes enfants et l’éducation sur les causes et les traitements de la malnutrition font partie de ses activités.

Une étude menée par l’ONG dans la région en 2007 a montré que les familles comprenaient mal les besoins nutritionnels des enfants, a dit M. Nansi. « Beaucoup d’entre elles ne font pas le lien entre ce que mangent les gens et leur état de santé ». Il a noté que l’hygiène et l’accès à l’eau jouaient un rôle considérable dans une alimentation appropriée et le bien-être. « Résoudre le problème de l’accessibilité de la nourriture ne suffit pas ».

np/cb/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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