« Si la désertification n’est pas contrôlée, cela menace la terre et notre héritage », a dit Abdulla Tahir Bin Yehia, le responsable de la FAO en Syrie. « La situation est terrible en Syrie et elle s’est aggravée durant ces dernières années à cause de faibles chutes de pluie ».
Selon les Nations Unies, 80 pour cent de la Syrie sont exposés au risque de désertification, définie par la FAO comme « la somme de facteurs géologiques, climatiques, biologiques qui ont conduit à la dégradation du potentiel physique, chimique et biologique des terres dans les zones arides et semi-arides, et mis en danger la biodiversité et la survie des communautés humaines ».
Trois années de sécheresse ont détruit les récoltes et le bétail, ruinant les moyens de subsistance de milliers de fermiers et déplaçant 300 000 familles rurales vers les villes.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a dit le 13 juin qu’il avait commencé à distribuer des rations de nourriture à 190 000 personnes dans les provinces orientales de Hasakah, Deir al-Zor et Raqqa, mais que 110 000 autres personnes avaient aussi besoin d’aide alimentaire d’urgence. Le PAM a dit qu’un manque de fonds l’empêchait de distribuer des rations de riz, d’huile, de farine, de pois chiches et de sel.
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La sécheresse en Syrie durant les trois dernières années et l’avancée de la désertification sont dues à une combinaison de facteurs causés par l’homme et de facteurs naturels, selon des experts.
« Il y a des causes naturelles qui ne sont contrôlables par personne, ainsi que des causes crées par l’homme », a dit Douglas Johnson, un expert en désertification de l’université Clark aux Etats-Unis. « Au Moyen-Orient, la cause est presque entièrement l’activité humaine. Mais c’est une affirmation simpliste parce qu’il y a presque toujours une interaction avec l’environnement naturel. Il est normal que l’environnement fluctue ; certaines zones du désert peuvent ne pas connaître de pluies pendant des années », a-t-il dit.
Cela a été le cas en Syrie, mais a été aggravé par une mauvaise planification et gestion de l’eau, par des systèmes d’irrigation défectueux, du surpâturage, la culture du blé et du coton, qui consomme énormément d’eau, et une croissance démographique rapide.
L’agriculture représente presque 90 pour cent de la consommation d’eau du pays, selon le gouvernement et le secteur privé, les politiques la concernant sont donc cruciales pour la préservation de la terre et un usage efficace de l’eau.
« Traditionnellement, les communautés ont des méthodes pour éviter la désertification, comme la rotation ou le fait de laisser une zone en jachère. Cela permet à la végétation de repousser », a dit M. Bin Yehia. « Mais la modernisation et la centralisation leur enlèvent tout pouvoir de décision ».
Photo: IFRC |
Les provinces affectées par la sécheresse en Syrie, le 3 août 2009 |
“Le cheptel syrien est évalué à 14-16 millions [de têtes]. Mais ce nombre est faible parce que beaucoup de bêtes sont mortes pendant la sécheresse. Avant cela, le cheptel du pays s’élevait à environ 21 millions [de têtes]. Nous devons étudier le nombre de têtes de bétail que les terres peuvent supporter », a dit M. Bin Yehia.
La désertification peut être irréversible, comme lorsqu’un aquifère s’assèche et que la terre se rétracte, détruisant la structure. La flore et la faune qui perdent leur habitat naturel sont en danger d’extinction.
M. Bin Yehia est optimiste quant au fait que la désertification de la Syrie est en grande partie peut être réversible – mais seulement si des actions sont entreprises dès maintenant.
« Il est possible de récupérer des pâturages et sur une large échelle. Mais c’est un projet à long terme qui prendra de cinq à 10 ans », a-t-il dit, ajoutant qu’il fallait davantage de financement, d’études et de sensibilisation.
Etapes entreprises
Les experts suggèrent, qu’en plus de reconquérir des pâturages, les communautés locales devraient être plus impliquées dans les décisions concernant l’usage des terres et la taille des troupeaux. Un projet expérimental d’irrigation ‘goutte à goutte’ dans le district central de Salamieh s’est étendu à 52 villages quand les fermiers ont réalisé qu’ils pourraient utiliser 30 pour cent d’eau en moins pour produire 60 pour cent de production supplémentaire.
La Syrie, signataire de la Convention-cadre de 1994 des Nations Unies sur le changement climatique, a établi un Plan National de lutte contre la désertification avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Le pays a classé ses terres en cinq zones, la zone cinq étant la plus aride. Depuis le début des années 90, la culture des terres a été interdite en zone cinq.
Avec le soutien de la FAO, des zones protégées ont été créées autour du territoire oriental de Palmyra, mais le projet pilote n’a pas été développé sur une large échelle. Un plan futur, pour lequel la FAO recherche des financements, a pour objectif de reconquérir des pâturages dans le gouvernorat de Homs.
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