La sécheresse est chronique dans le sud de Madagascar, cette immense île de l’océan Indien où le Programme alimentaire mondial (PAM) apporte une aide alimentaire aux populations depuis 1968 ; ici, selon une enquête Démographie et santé nationale, réalisée en 2009, huit femmes meurent chaque jour des suites de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement.
« A Madagascar, le sud est la région la plus touchée par l’insécurité alimentaire », a dit à IRIN Flora Bertizzolo, responsable du programme santé et nutrition du PAM à Madagascar. « C’est également une région qui affiche des indicateurs de santé reproductive très faibles ; bien en deçà de la moyenne nationale », a-t-elle ajouté.
Selon les statistiques 2008, plus de 80 pour cent des femmes accouchent chez elles dans des conditions extrêmement risquées, le taux d’anémie est élevé chez les femmes enceintes, et lié à la malnutrition, et le taux d’utilisation des contraceptifs est extrêmement faible – à peine 5,23 pour cent.
« Il est important de bien se nourrir, mais la nourriture ne suffit pas pour être en bonne santé », a commenté Mme Bertizzolo. Or, les longues distances et les frais de déplacement prohibitifs empêchent de nombreuses femmes de se rendre aux centres de santé ; l’aide alimentaire est donc « un facteur déclencheur puissant, permettant d’augmenter l’accès des personnes les plus vulnérables aux services de santé ».
De nombreuses difficultés
Jocelyne Rasoanirina, responsable du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) dans le sud de Madagascar, a pu observer les nombreuses difficultés rencontrées par les Malgaches dans le sud au cours d’une mission conjointe menée avec le PAM, en 2008 ; cette mission a abouti à la proposition d’une double approche visant à briser un cycle de malnutrition transmis de génération en génération – les mères atteintes de malnutrition donnent naissance à des bébés atteints de malnutrition qui deviennent à leur tour des mères atteintes de malnutrition.
Un projet conjoint a été mis au point en vue d’augmenter l’accès à des services de santé reproductive gratuits et de qualité, et d’améliorer la résistance des personnes les plus vulnérables à la malnutrition.
L’initiative a été lancée en 2009 – grâce à des financements accordés par Monaco et Andorre - dans cinq municipalités du sud de l’île, et en janvier 2010, quelque 3 300 bénéficiaires en avaient profité.
« Les résultats sont très encourageants », s’est félicitée Mme Rasoanirina. Le nombre de femmes qui choisissent de donner naissance dans un centre de santé a fait un bond, passant de 18 pour cent en moyenne à 82 pour cent, et 98 pour cent des bénéficiaires ciblées choisissent d’avoir recours aux services de planification familiale.
Mme Rasoanirina a souligné l’importance de la planification familiale, des recherches ayant montré que les familles nombreuses contribuaient grandement à la pauvreté des ménages. La famille malgache moyenne compte cinq enfants, mais ce chiffre augmente sensiblement en milieu rural, où il n’est pas rare que des femmes d’environ 35 ans aient déjà 10 enfants.
« Parfois, les femmes ont honte de se rendre aux centres de santé », a noté Mme Bertizzolo du PAM, car elles n’ont pas les moyens d’acheter des vêtements convenables, ni pour elles-mêmes, ni pour leurs nouveau-nés, et sont gênées en présence du personnel de santé.
« C’est pourquoi ... toutes les femmes reçoivent un "kit de dignité" contenant des articles de WASH [hygiène et assainissement], et des vêtements pour leur faciliter l’accès aux services de santé », et le service a été amélioré à l’échelle des centres de santé.
Le créneau
Les statistiques recueillies par les organisations non gouvernementales (ONG) partenaires du projet dans 11 municipalités sélectionnées de la division administrative d’Ampanihy, à la suite d’interventions menées entre octobre 2009 et janvier 2010 (la période de soudure), reflètent une diminution de la malnutrition, évaluée en fonction de l’Indice de masse corporelle (IMC) des femmes enceintes.
Le pourcentage de femmes dont l’IMC est inférieur à 18,5 – seuil entre le poids normal et un poids insuffisant, défini par l’Organisation mondiale de la santé - est passé de 20,8 pour cent au début de la première distribution, en octobre 2009, à 11,4 pour cent, à la fin du mois de janvier 2010.
« Il s’agit de fournir les vivres qu’il faut au bon moment », a résumé Mme Bertizzolo. Le projet repose sur la distribution de « CSB plus » - un mélange de maïs et de soja enrichi en huile - aux femmes enceintes et allaitantes, et d’une version spécialement réservée aux enfants âgés de six à 24 mois.
Exploiter ce « créneau » est crucial, a-t-elle indiqué. Si les enfants ne reçoivent pas la nourriture qu’il leur faut pendant les deux premières années de leur vie, les dégâts sont irréversibles. « N’attendez pas que l’enfant souffre de malnutrition ... la prévention est la seule façon d’en finir avec la malnutrition chronique ».
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