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Difficile accès des enfants aux programmes de nutrition

Mariama Adao and her last-born child Anne Isabelle Leclercq/IRIN
Un manque de moyens de transports, le mode de vie pastoral et la pression sur les femmes pour préparer les champs pour les récoltes implique que des enfants souffrant de malnutrition sévère sont retirés des programmes thérapeutiques de nutrition avant que le traitement ne soit achevé, selon des agences humanitaires.

Dans certaines régions rurales isolées, les centres de santé, où les traitements sont dispensés, sont trop éloignés pour que les familles s’y rendent.

Un enfant souffrant de malnutrition sévère sur cinq, enregistré dans les programmes de nutrition de Médecins sans frontières (MSF) dans les provinces de Zinder et Maradi, dans le sud du Niger, a quitté le programme car ils venaient du Nigeria, a dit Patrick Barbier, chef de mission de MSF-Suisse au Niger.

Traiter la malnutrition sévère prend en moyenne huit semaines de nutrition intensive, selon Save the Children.

En dépit des abandons, le nombre d’enfants souffrant de malnutrition sévère enregistrés dans les programmes thérapeutiques de nutrition est en hausse d’une semaine sur l’autre, avec un bond de 8 000 cas la semaine dernière, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

Les agences d’aide ont pris en charge 84 000 enfants souffrant de malnutrition sévère depuis le début de l’année, a dit Flora Sibanda-Mulder, coordinatrice du groupe de responsabilité sectorielle nutrition à l’UNICEF dans la capitale, Niamey.

Séverine Courtiol, responsable des programmes de Save the Children au Niger, a averti que dans la province éloignée de Diffa, dans le sud-est du pays, où l’organisation travaille : « Nous voyons la situation empirer de plus en plus. Les gens n’ont plus de mécanismes d’adaptation, ils ont épuisé la plus grande partie de leurs stocks de nourriture. Même si nous [Save the Children] réussissons à faire face, la situation va probablement se détériorer au cours de ce mois et du suivant ».

L’organisation envisage d’étendre son soutien nutritionnel à tous les centres de santé des districts de Diffa dans lesquels elle travaille.

Pourquoi les départs et la non-présence

A Zinder et Maradi : « Cela prend trop de temps pour les enfants et leurs mères de faire les allers-retours jusqu’au centre. Les maris ne veulent pas que leurs femmes et leurs enfants restent là, dans les centres, sans être accompagnés pendant longtemps; et c’est le début de la saison des [plantations] – les femmes préparent les champs – donc, on les rappelle chez elles », a expliqué M. Barbier.

Dans certaines zones à Diffa, de nombreuses familles rencontrent des difficultés pour accéder aux centres de santé. Dans certains endroits, 70 pour cent des villages sont à plus de 15 km des centres de santé, avec des villages situés à 50 km, a dit Mme Courtiol.

« Cela peut prendre trois jours de marche [jusqu’au centre] et trois jours pour revenir, donc [à peine arrivés], ils doivent repartir à nouveau », a-t-elle dit.

Dans la province de Diffa, les taux de malnutrition aigüe globale étaient les plus élevés du pays, à 17,4 pour cent, selon la dernière étude de juin 2009. De nouvelles études sont en cours et les chiffres seront disponibles dans les prochaines semaines.

De nombreuses familles d’éleveurs pastoraux dans le nord de Diffa ne restent pas au même endroit, et ne peuvent donc être jointes, a-t-elle dit. « Nous pouvons revenir à un endroit un mois plus tard pour découvrir que le village a disparu… Cela rend le suivi des cas de malnutrition aigüe sévère [SAM] très compliqué ».

Dans l’idéal, les enfants suivant un programme de nutrition intensive doivent être surveillés chaque semaine pour s’assurer qu’ils prennent du poids, ne souffrent pas d’autres complications médicales, et que l’alimentation riche en calories qu’on leur donne n’est pas détournée au bénéfice d’autres membres de la famille.

Save the Children essaye d’améliorer l’orientation des cas sévères entre les centres de santé et les hôpitaux, mais à Diffa le réseau téléphonique est médiocre, faisant de la communication un réel défi.

Les ONG comblent le manque de personnel de santé et de médicaments dans certains hôpitaux. Les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes reçoivent en principe des soins de santé gratuits au Niger, « mais même quand c’est gratuit, il faut toujours [avoir] suffisamment de médicaments pour être capable d’en fournir », selon M. Barbier.

Chercher des solutions

Dans certains cas, Save the Children donne un mois de traitement aux mères qui ne peuvent pas venir chaque semaine. « Nous étudions différentes alternatives pour nous adapter à des contraintes géographiques, de façon à pouvoir atteindre autant d’enfants que possible », a dit Mme Courtiol à IRIN.

L’ONG envisage aussi de mettre en place des systèmes de référence entre les centres de santé et les postes de santé au niveau du village, pour que les familles qui se déplacent aient accès aux rations et à un bilan médical, où qu’elles se trouvent dans la région.

La programmation dans un environnement aussi difficile est coûteuse – l’ONG a besoin d’un budget bien plus élevé à Diffa que dans d’autres régions. « Nous étudions toutes ces options. Nous apprenons. Le programme représente beaucoup de travail pour une population limitée, mais même si c’est compliqué, nous devons travailler ici car chaque enfant a droit à de la nourriture et à la santé », a dit Mme Courtiol.

aj/mw/sk/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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